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Eft un amusement, eft un métier bien doux.
Je m'en accommode à merveille,
D'un Cavalier bien fait, l'hommage nous réveille,
Et fon langage féducteur

En même tems flatte l'oreille,
Charme l'efprit, intéreffe le cœur.

LA COMTESSE.

Mon frere, ce jargon ne plaît qu'à des Coquettes, Telle que vous feriez de l'humeur dont vous êtes, Si vous étiez vraiment du fexe dont je fuis

Mais une femme raifonnable

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Eft au-deffus d'une attaque femblable,
Et n'y répond que par un froid mépris.
DAMO N.

Je vous plains en ce cas, votre état eft terrible.
Je viens de l'éprouver moi-même en cet inftant:
Mes Dames, quel rôle penible

De réfifter, pour peu qu'on ait le cœur fenfible; Aux fleurettes d'un homme aimable, vif, pressant Le combat d'un feul jour me paroît étonnant, Et la victoire à la longue impoffible. Tout badinage à part, le Marquis eft charmant Par les qualités de fon, ame,

fa

Plus que par sa beauté

que par fon agrément: Il est rempli d'honneur, d'efprit, de sentiment, Il a tout ce qui peut rendre heureuse une femme,

LA COMTESSE.

L'apparence vous trompe,& je m'y connois mieux; Il s'eft contrefait à vos yeux;

Mais grace à mon heureuse étoile,

Ou plûtôt par l'effet de mon déguisement,
Il s'eft offert à moi d'abord fans aucun voile
Tel qu'il eft naturellement ;

Et je n'ai vû dans lui, mon rapport est fidéle,
Qu'un petit fat tout plein, tout occupé de foi.

DAMO N.

Non, il est né modefte, & fa pudeur est telle
Qu'en me baisant la main il a rougi pour moi.
LA COMTES SE.

Il a rougi d'orgueil, d'abbaiffer tous fes charmes,
Jufqu'à rendre des foins qu'il croit feul mériter.
Pour moi, je m'applaudis de mes fages allarmes
J'ai bien fait de les écouter.

Si pour ce que je fuis il m'avoit reconnue,
Il auroit devant moi déguifé fes défauts,

Comme il a fait à votre vûë,

4

Et m'auroit impofé par un mérite faux.

DAMON.

Mérite faux !

LA COMTESSE.

Très-faux vous dis-je 3

Son caractere, l'est aussi,

Son cœur, fes fentimens; oui, tout eft faux chez lui,
Puifqu'à le déclarer, votre difcours m'oblige.
DAMON.

Quelle preuve avez-vous de tant de fauffetés?
LA COMTESSE.

Quand à vos pieds je l'ai furpris tout transporté,
Qu'il y faifoit l'aveu d'une fi belle flâme, i
Etoit-ce là des vérités ?

Vous flattez-vous qu'il foit épris de vos beautés ?
Rendez-vous juftice, Madame;

Et jugez par ce trait qui révolte fi fort,
Jugez enfia fi c'est à tort
Que de fauffeté je le blâme.

SCENE

VII.

DAMON, LA COMTESSE, CRISPIN.

CRISPIN.

Es Dames, en ces lieux votre oncle eft de

MES

retour.

LA COMTESSE.

Il n'a pas fait long-tems fa Cour.

à part.

Il vient pour augmenter l'embarras de mon ame.

CRISPIN.

Il veut ici vous dire un mot à toutes deux.

DAMON.

Je fuis & ne veux pas me montrer à ses yeux
Dans cet équipage de femme.
Il fort avec Crifpin.

SCENE VIII.

LE COMMANDEUR, LA COMTESSE.

LE COMMANDEUR.

JE fuis parti fort gai, je reviens plus joyeux;

Dabord commence par m'apprendre
Si le Marquis eft arrivé.

LA COMTESSE,

Mon Oncle, il l'eft.

LE

COMMANDEUR.

Tant mieux, comment l'as-tu trouvé?

Charmant, fans doute.

LA COMTESSE.

Mais.....

LE COMMANDEUR.

Fort bien je dois t'entendre

Il t'a paru plus beau que les Amours.

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Il fuffit, va ton trouble

M'en dit plus que tous les difcours.
Mon contentement en redouble;
Ce nœud va prolonger le fil de mes vieux jours,
Jufqu'à demain je ne fçaurois remettre

Un lien fi parfait que je brûle de voir;
Je veux abfolument qu'il fe Faffe ce soir.

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Ne preffez rien, Monfieur, & daignez me permet

tre...

LE COMMANDEUR.

Difcours! Je fçai comment je dois l'interpréter. LA COMTESSE.

Vous vous trompez, mon Oncle, & la chose mé

rite...

LE COMMANDEUR

C'eft me dire tout bas que je la précipite.
LA COMTESSE.

Vous ne daignez pas m'écouter.

LE COMMANDEUR.

Tu voudrois, je le vois, qu'elle fût déja faite į Mais elle le fera dans peu;

Le Notaire eft mandé, tu feras fatisfaite,

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