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PANÉGYRIQUES.

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communication de sa gloire, la société de son trône. Ces grandes et nobles idées ayant effacé de son cœur les idées du monde, la cour ne l'a point corrompu par ses faveurs, ni engagé par ses attraits, ni trompé par ses espérances; et il nous enseigne, par ses saints exemples, à nous défaire entièrement de l'esprit du monde, pour recevoir l'esprit du christianisme. Venez donc apprendre aujourd'hui, [de ce grand serviteur de Dieu, le mépris que vous devez faire du monde, de ses plaisirs et de toutes ses vanités.]

Jésus-Christ, ce glorieux conquérant, a eu à combattre le ciel, la terre et les enfers; je veux dire, la justice de Dieu, la rage et la furie des démons, des persécutions inouïes de la part du monde toujours grand, toujours invincible, il a triomphé dans tous ces combats; tout l'univers publie ses victoires. Mais celle dont il se glorifie avec plus de magnificence, c'est celle qu'il a gagnée sur le monde; et je ne lis rien dans son Evangile, qu'il ait dit avec plus de force, que cette belle parole: « Prenez courage, j'ai vaincu le monde: » Confidite, ego vici mundum '.

Chaque compagnie a ses lois, ses coutumes, ses maximes et son esprit; et lorsque nos emplois ou nos dignités nous donnent place dans quelque corps, aussitôt on nous avertit de prendre l'esprit de la compagnie dans laquelle nous sommes entrés. Cette grande société, que l'ÉcriIl l'a vaincu en effet, lorsque, crucifié sur le ture appelle le monde, a son esprit qui lui est Calvaire, il a couvert, pour ainsi dire, la face du propre ; et c'est ce que l'apôtre saint Paul ap-monde de toute l'horreur de sa croix, de toute pelle, dans notre texte, l'esprit du monde. Mais comme la grace du christianisme est répandue en nos cœurs, pour nous séparer du monde et nous dépouiller de son esprit; un autre esprit nous est donné, d'autres maximes nous sont proposées : et c'est pourquoi le même saint Paul, parlant de la société des enfants de Dieu, a dit ces belles paroles : « Nous n'avons pas reçu l'es» prit de ce monde; mais un esprit qui est de » Dieu, pour connoître les dons de sa grace: Ut sciamus quæ à Deo donata sunt nobis.

Si le saint que nous honorons, et dont je dois prononcer l'éloge, avoit eu l'esprit de ce monde, il auroit été rempli des idées du monde, et il auroit marché comme les autres, dans la grande voie, courant après les délices et les vanités: mais étant plein au contraire de l'Esprit de Dieu, il a connu parfaitement les biens qu'il nous donne; un trésor qui ne se perd pas, une vie qui ne finit pas, l'héritage de Jésus-Christ, la

l'ignominie de son supplice. Non content de l'avoir vaincu par lui-même, il le surmonte tous les jours par ses serviteurs. Il est sorti de ses plaies un esprit victorieux du monde, qui, animant le corps de l'Église, la rend saintement féconde, pour engendrer tous les jours une race spirituelle, née pour triompher glorieusement de la pompe, des vanités et des délices mondaines.

Cette grace victorieuse des attraits du monde n'agit pas de la même sorte dans tous les fidèles. Il y a de saints solitaires qui se sont toutà-fait retirés du monde; il y en a d'autres, non moins illustres, lesquels y vivant sans en être, l'ont, pour ainsi dire, vaincu dans son propre champ de bataille. Ceux-là, entièrement détachés, semblent désormais n'user plus du monde; ceux-ci, non moins généreux, en usent comme n'en usant pas, selon le précepte de l'a

Joan. XVI. 35.

pôtre ceux-là, s'en arrachant tout-à-coup, n'ont plus rien à démêler avec lui; ceux-ci sont toujours aux mains, et gagnent de jour en jour, par un long combat, ce que les autres emportent tout à une fois par la seule fuite: car ici la fuite même est une victoire; parcequ'elle ne vient ni de surprise ni de lâcheté, mais d'une ardeur de courage qui rompt ses liens, force sa prison, et assure sa liberté par une retraite glo

rieuse.

Ce n'est pas assez, chrétiens, et il y a dans l'Église une grace plus excellente ; je veux dire, une force céleste et divine, qui nous fait non seulement surmonter le monde, par la fuite ou par le combat, mais qui en doit inspirer le mépris aux autres. C'est la grace de l'ordre ecclésiastique car, comme on voit dans le monde une efficace d'erreur, qui fait passer de l'un à l'autre, par une espèce de contagion, l'amour des vanités de la terre; il a plu au Saint-Esprit de mettre dans ses ministres une efficace de sa vérité, pour détacher tous les cœurs de l'esprit du monde, pour prévenir la contagion qui empoisonne les ames, et rompre les enchantements par lesquels il les tient captives.

les uns composent le monde, et les autres la société des enfants de Dieu. Cette solennelle division est venue, dit saint Augustin', de ce que l'homme n'a que deux parties principales; la partie animale, et la raisonnable; et c'est par-là que nous distinguons deux espèces d'hommes, parceque les uns suivent la chair, et les autres sont gouvernés par l'esprit. Ces deux races d'hommes ont paru d'abord en figure, dès l'origine des siècles, en la personne et dans la famille de Caïn et de Seth; les enfants de celui-ci étant toujours appelés les enfants de Dieu, et au contraire ceux de Caïn étant nommés constamment les enfants des hommes; afin que nous distinguions qu'il y en a qui vivent comme nés de Dieu, selon les mouvements de l'esprit ; et les autres comme nés des hommes, selon les inclinations de la nature.

De là ces deux cités renommées, dont il est parlé si souvent dans les saintes Lettres; Babylone charnelle et terrestre ; Jérusalem divine et spirituelle, dont l'une est posée sur les fleuves, c'est-à-dire, dans une éternelle agitation; Super aquas multas, dit l'Apocalypse2: ce qui a fait dire au Psalmiste: «Assis sur les fleuves de Ba»bylone ; » et l'autre est bâtie sur une montagne, c'est-à-dire, dans une consistance immuable. C'est pourquoi le même a chanté : « Celui » qui se confie en Dieu est comme la montagne » de Sion; celui qui habite en Jérusalem ne » sera jamais ébranlé : » Qui confidunt in Do

cités soient mêlées de corps, elles sont, dit saint Augustin 3, infiniment éloignées d'esprit et de mœurs : ce qui nous est encore représenté dès le commencement des choses, en ce que les enfants de Dieu s'étant alliés, par les mariages, avec la race des hommes; ayant trouvé, dit l'Écriture, leurs filles belles, ayant aimé leurs plaisirs et leurs vanités; Dieu, irrité de cette al

Voilà donc trois graces qui sont dans l'Église, pour surmonter le monde et ses vanités; la première, de s'en séparer tout-à-fait, et de s'éloigner de son commerce; la seconde, de s'y conserver sans corruption, et de résister à ses attraits; la troisième, plus éminente, est d'en imprimer le dégoût aux autres, et d'en empê-mino sicut mons Sion1. Or, encore que ces deux cher la contagion. Ces trois graces sont dans l'Église; mais il est rare de les voir unies dans une même personne, et c'est ce qui me fait admirer la vie du grand saint Sulpice. Il l'a commencée à la cour, il l'a finie dans la solitude le milieu en a été occupé dans les fonctions ecclésiastiques. Courtisan, il a vécu dans le monde sans être pris de ses charmes évêque, il en a détaché ses frères : solitaire, il a desiréliance, résolut, en sa juste indignation, d'ensede finir ses jours dans une entière retraite. Ainsi successivement, dans les trois états de sa vie, nous lui verrons surmonter le monde, de toutes les manières dont on le peut vaincre : car il s'est opposé généreusement à ses faveurs dans la cour, au cours de sa malignité dans l'épiscopat, à la douceur de son commerce dans la solitude trois points de ce discours.

PREMIER POINT.

Quoique les hommes soient partagés en tant de conditions différentes; toutefois, selon l'Écriture, il n'y a que deux genres d'hommes, dont

II. Cor. VII. 31.

velir tout le monde dans le déluge: afin que nous entendions que les véritables enfants de Dieu doivent fuir entièrement le commerce et l'alliance du monde; de peur de communiquer, comme dit l'apôtre, à ses œuvres infructueuses.

C'est pourquoi le sauveur Jésus, «l'Illumina>>teur des antiquités,» Illuminator antiquitatums, parlant de ses véritables disciples, dont les noms sont écrits au ciel : « Ils ne sont pas du » monde, dit-il, comme je ne suis pas du

De civ. Dei, lib. XIV, c. IV; tom. VII, col. 355. —2 Apoc. xvI. 4. — 3 Ps. CXXXVI. 4. - Ps. CXXIV. 1. De catech. rud. cap. XIX. n. 51. tom. vi, col. 285. - Genes. VI. 2. 7 Ephes. v. 11.— Tertul. adv. Marc. lib. IV, n. 40. — " Joan, | xvii. 16.

» monde ; » et quiconque veut être du monde, il s'exclut volontairement de la société de ses prières, et de la communion de son sacrifice, Jésus-Christ ayant dit décisivement: Je ne prie pas pour le monde'. »

J'ai dit ces choses, mes Frères, afin que vous connoissiez que ce n'est pas une obligation particulière des religieux de mépriser le monde; mais que la nécessité de s'en séparer est la première, la plus générale, la plus ancienne obligation de tous les enfants de Dieu.

Si nous en croyons l'Évangile, rien de plus opposé que Jésus-Christ et le monde; et de ce monde, messieurs, la partie la plus éclatante, et par conséquent la plus dangereuse, chacun sait assez que c'est la cour. Comme elle est le principe et le centre de toutes les affaires du monde, l'ennemi du genre humain y jette tous ses appâts, y étale toute sa pompe.

Saint Sulpice, nourri à la cour dès sa jeunesse, [triompha, par un miracle singulier de la grace, de ses artifices et de sa séduction. Il sut vivre sans ambition au milieu des honneurs qui l'environnoient; sans volupté parmi tous les plaisirs qui le sollicitoient; sans partialité, malgré tous les intérêts qui divisent d'ordinaire les courtisans; sans avarice, quoiqu'il ne vît que des hommes occupés à tout attirer à eux, soigneux de tout ménager, pour parvenir au terme de leurs espérances. Tant de périls ne servirent qu'à faire mieux éclater l'innocence de Sulpice: la candeur de ses mœurs, sa simplicité, sa modestie, sa douceur, forcèrent de le respecter dans un lieu où ces vertus trouvent si peu d'accès, et où tous les vices opposés règnent souverainement. Un si bel exemple fit impression; et l'on vit, par les conversions extraordinaires qu'il produisit, combien la vertu pure et sincère a d'empire sur les cœurs les moins disposés à l'embrasser.]

Sulpice, chaste dans un âge [où la pureté fait les plus tristes naufrages, après avoir résisté à toutes les caresses du monde, voulut, pour affermir davantage sa vertu contre les écueils qu'elle avoit à craindre, sceller ses résolutions par des engagements, qui ne pussent lui permettre d'écouter aucune espèce de proposition. Il fit done vœu de virginité; et déja irréprochable dans toute sa conduite, il se montra encore plus sévère, et porta les précautions jusqu'à la dernière délicatesse.]

O sainte chasteté! fleur de la vertu, ornement immortel des corps mortels, marque assurée d'une ame bienfaite, protectrice de la sainteté et de la foi mutuelle dans les mariages, fidèle dépositaire de la pureté du sang des races, et qui seul en sais

▲ Joan, XVII. 9.

conserver la trace! quoique tu sois si nécessaire au genre humain, où te trouve-t-on sur la terre? Ogrand opprobre de nos mœurs! l'un des sexes a honte de te conserver; et celui auquel il pourroit sembler que tu es échue en partage, ne se pique guère moins de te perdre dans les autres, que de te conserver en soi-même. Confessez-vous à Dieu devant ces autels, vaines et superbes beautés, dont la chasteté n'est qu'orgueil ou affectation et grimace: quel est votre sentiment, lorsque vous vous étalez avec tant de pompe, pour attirer les regards? dites-moi seulement ce mot? Quels regards desirez-vous attirer? sont-ce des regards indifférents? Ah! quel miracle, que saint Sulpice, jeune et agréable, n'ait jamais été pris dans ces piéges: sachant qu'il ne devoit l'amour qu'à son Dieu, jamais il n'a souillé dans son cœur la source de l'amour. Ange visible, [tandis que son cœur brûloit du feu céleste de la charité, son corps, embrasé de cette divine flamme, se consumoit tout entier au service de son Dieu, dans les exercices de la piété chrétienne et les austérités de la pénitence]. Ses autres vertus n'étoient pas de ces vertus du monde et de commerce, ajustées non point à la règle, elle seroit trop austère; mais à l'opinion et à l'humeur des hommes: ce sont là les vertus des sages mondains, ou plutôt c'est le masque spécieux sous lequel ils cachent leurs vices.

[Que la vertu de Sulpice avoit des caractères bien différents! Parcequ'elle étoit chrétienne et véritable, elle étoit sévère et constante, fermement attachée aux règles, incapable de s'en détourner pour quelque prétexte que ce pût être]. Sa bonne foi [dans les affaires ne reçut jamais la moindre atteinte]; sa probité, [supérieure à toutes les vues d'intérêt, demeura toujours inaltérable]; sa justice [ne connut aucune de ces préférences, que suggèrent la cupidité ou le respect humain]; sa candeur [ne permettoit pas même de suspecter sa sincérité]; et son innocence, [qui s'affermissoit de plus en plus, par tous les moyens qui auroient pu l'affoiblir, embellissoit toutes ses autres vertus. Le plus beau et le plus grand encore, c'est qu'au milieu de tant de faveurs et de considérations que lui procuroit son mérite, il savoit toujours conserver une] admirable modération. Mais peut-être ne durera-t-elle que jusqu'à ce qu'elle ait gagné le dessus : car le génie de l'ambition, c'est d'être tremblante et souple lorsqu'elle a des prétentions; et quand elle est parvenue à ses fins, la faveur la rend audacieuse et insupportable: Pavida cùm quærit, audax cùm pervenerit'. Un habile courtisan disoit autrefois, qu'il ne pouvoit souffrir à la cour l'insolence et ↑ S. Greg. M. Past, part. 1, cap. IX; tom. II, col. 9.

les outrages des favoris, et encore moins, disoit- | nos têtes; Dieu verse, à pleines mains, dans les

il, leurs civilités superbes et dédaigneuses, leurs graces trop engageantes, leur amitié tyrannique, qui demande, d'un homme libre, une dépendance servile: Contumeliosam humanitatem '.

ames la plénitude de son Saint-Esprit. C'est ce qui fait dire à un saint pape : « La plénitude de » l'Esprit saint opère dans l'ordination sacrée : » Plenitudo Spiritûs in sacris ordinationibus operatur 1. Le Saint-Esprit, dans le baptême, nous dépouille de l'esprit du monde : Non enim spiritum hujus mundi accepimus. La plénitude du Saint-Esprit doit faire dans l'ordination quelque chose de beaucoup plus fort: elle doit se répandre bien loin au-dehors, pour détruire, dans tous les cœurs, l'esprit et l'amour du monde. Animonsnous, mes Frères; c'est assez pour nous d'être chrétiens, trop d'honneur de porter ce beau ca

donc nous sommes ecclésiastiques, c'est sans doute pour le bien des autres.

Sulpice, toujours modéré, sut se tenir dans les bornes que l'humilité chrétienne lui prescrivoit. Pour se détromper du monde, il alloit se rassasier de la vue des opprobres de Jésus-Christ dans les hôpitaux et dans les prisons. [Il voyoit une] image de la grandeur de Dieu dans le prince, [et il trouvoit une] image de la bassesse de Jésus-Christ et de ses humiliations, dans les pauvres. Le favori de Clotaire, aux pieds d'un pauvre ulcéré, adorant Jésus-Christ sous des haillons, et expiant la contaractère: Propter nos nihil sufficientius est. Si gion des grandeurs du monde; quel beau spectacle! Mais il évitoit, le plus qu'il étoit possible, les regards des hommes, et ne cherchoit qu'à leur cacher [ses bonnes œuvres; bien éloigné d'imiter] ces vertus trompeuses, qui se rendent elles-mêmes captives des yeux qu'elles veulent captiver. C'est ainsi que Sulpice a su se conserver pur et sans tache, au milieu de toutes les faveurs les plus capables d'amollir un cœur tendre, et de lui inspirer l'amour du monde. Il a vaincu | le monde dans sa partie la plus séduisante et la plus redoutable: voyons comment, après en avoir triomphé lui-même, il va travailler à détruire son empire dans les autres.]

SECOND POINT.

La grace du baptême porte une efficace, pour nous détacher du monde; la grace de l'ordination porte une efficace divine, pour imprimer ce détachement dans tous les cœurs.

Le royaume de Jésus-Christ n'est pas de ce monde. Il y a guerre déclarée entre Jésus-Christ et le monde, une inimitié immortelle : le monde le veut détruire, et il veut détruire le monde. Ceux qu'il établit ses ministres doivent donc entrer dans ses intérêts: s'il y a en eux quelque puissance, c'est pour détruire la puissance, qui lui est contraire. Ainsi, toute la puissance ecclésiastique est destinée à abattre les hauteurs du monde: Ad deprimendam altitudinem sæculi hujus.

On reçoit le Saint-Esprit dans le baptême, dans une certaine mesure; mais on en reçoit la plénitude dans l'ordination sacrée; et c'est ce que signifie l'imposition des mains de l'évêque: car, comme dit un ancien écrivain 2, ce que fait le pontife mu de Dieu, animé de Dieu, c'est l'image de ce que Dieu fait d'une manière plus forte et plus pénétrante. L'évêque ouvre les mains sur

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Que n'a pas entrepris le grand saint Sulpice, pour détruire le règne du monde? Mais c'est peu de dire qu'il a entrepris : ses soins paternels opéroient sans cesse de nouvelles conversions. Il y avoit dans ces paroles et dans sa conduite une certaine vertu occulte, mais toute puissante, qui inspiroit le dégoût du monde. Nous lisons dans l'histoire de sa vie, que, durant son épiscopat, tous les déserts à l'entour de Bourges étoient peuplés de saints solitaires. Il consacroit tous les jours à Dieu des vierges sacrées; [il apprenoit aux familles à user de ce monde, comme n'en usant pas; et partout il répandoit un esprit de détachement, qui portoit les cœurs à ne soupirer qu'après les biens célestes.]

D'où lui venoit ce bonheur, cette bénédiction, cette grace, d'inspirer si puissamment le mépris du monde ? Qu'y avoit-il dans sa vie et dans sa personne, qui fût capable d'opérer de si merveilleux changements? C'est ce qu'il faut tâcher d'expliquer en faveur de tant de saints ecclésiastiques, qui remplissent ce séminaire et cette audience. Deux choses produisoient un si grand effet; la simplicité ecclésiastique, qui condamnoit souverainement la somptuosité, les délices, les superfluités du monde ; un gémissement paternel sur les ames, qui étoient captives de ses vanités.

La simplicité ecclésiastique, c'est un dépouillement intérieur, qui, par une sainte circoncision, opère au-dehors un retranchement effectif de toutes superfluités. En quoi le monde paroît-il grand? Dans ses superfluités: de grands palais, de riches habits, une longue suite de domestiques. L'homme si petit par lui-même, si resserré en lui-même, s'imagine qu'il s'agrandit, et qu'il se dilate, en amassant autour de soi des choses qui lui sont étrangères. Le vulgaire est étonné de cette pompe, 'Innocent. 1. ad Alex. Ep. xxiv, pag. 853. Epist. Rom. Pont.

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