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>> autels, ou nous faisons des serments au nom de votre Divi» nité, reconnaissant ainsi qu'on n'a jamais rien vu, et qu'on » ne verra jamais rien qui vous égale. »

Præsenti tibi maturos largimur honores,

Jurandasque tuum per nomen ponimus aras;

Nil oriturum alias, nihil ortum tale fatentes (v. 15).

Après cet exode, Horace se jette adroitement dans la littérature, reproche aux Romains de son temps de trop se passionner pour les auteurs anciens, et passe en revue les divers auteurs pour prouver qu'il ne faut pas les préférer aux modernes, C'est à l'époque de la conquête de la Grèce que les Romains se sont soumis à imiter les Grecs.

» La Grèce esclave enchaîna son féroce vainqueur et apporta » les arts à l'agreste Latium. »>

Græcia capta ferum victorem cepit, et artes

Intulit agresti Latio (v. 156).

Puis il termine en recommandant à Auguste de favoriser les poètes; mais de faire un bon choix parmi eux; car il y en a beaucoup de médiocres, et ce sont ceux qui ont les plus grandes prétentions.

Pour lui, il voudrait bien chanter tous les exploits d'Au- ́ guste, les peuples soumis, la paix accordée à tout l'univers, le temple de Janus fermé, mais il ne s'en trouve pas la force. Il finit en conseillant de nouveau à Auguste de ne pas se laisser louer par de mauvais vers.

>> Je ne désire point être loué sottement par de mauvais » vers, de peur d'avoir à rougir de ce présent graisseux, et » que, étendu tout au long dans un écrit avec mon flatteur, » je ne sois porté dans le quartier où l'on vend l'encens, les >> parfums et le poivre, et tout ce qu'on enveloppe dans les » écrits ineptes. >>

Nec prave factis decorari versibus opto,

Ne rubeam pingui donatus munere, et una
Cum scriptore meo capsa porrectus aperta,
Deferar in vicum vendentem thus, et odores,

Et piper, et quidquid chartis amicitur ineptis (v. 266).

Quant à la grande sécurité de l'empire, Senèque dit avec plus de vérité :

» Tandis qu'Auguste pacifie les Alpes, qu'il dompte les en

> nemis confondus avec les sujets de l'empire et entouré de » peuples en paix, tandis qu'il porte nos limites au delà du » Rhin, de l'Euphrate et du Danube, dans Rome même, les » Muréna, les Cépion, les Lépidus, les Egnatius, aiguisent >> contre lui leurs poignards. »

Dum Alpes pacat, immixtosque media paci et imperio hostes perdomat, dum ultra Rhenum, Euphratem, et Danubium terminos movet, in ipsa urbe, Murenæ, Cæpionis, Lepidi, Egnatiorum in eum mucrones acuebantur (Senec., De brevitate vitæ, c. 5.)

A cette époque, Horace publie ses 4 livres de poésies lyriques. Le se livre, ou les Épodes, ne furent publiées qu'après sa mort.

A. BONNETTY.

Philosophie catholique.

ENSEIGNEMENT DU PANTHÉISME

Par quelques auteurs réputés très-orthodoxes.

Nous avons reçu il y a quelque temps un volume in-12, portant pour titre :

Traité de métaphysique à l'usage des communautés religieuses, de toutes les institutions, et des personnes du monde voulant approfondir la divinité de la religion catholique, par M. l'abbé Ollivier, aumônier de l'école normale de Rennes 1.

La qualité de prêtre de l'auteur, son influence comme aumônier d'une école normale, nous ont décidé à examiner son œuvre avec attention, et nous en avions commencé la lecture, quand un compte-rendu a été publié par l'Univers, accusant ce livre de Panthéisme. Ce compte rendu a été suivi d'une lettre où l'auteur explique et excuse les expressions panthéistes renfermées dans son livre.

Le Panthéisme est une des erreurs les plus funestes et les plus répandues dans notre société actuelle. Elle est au fond de toutes les questions philosophiques; aussi nous nous proposons d'en montrer l'origine et l'extention, dans les divers pays, comme nous l'avons fait pour l'Ontologisme 2. En ce moment, nous croyons devoir donner comme préliminaire les diverses pièces qui ont été publiées à cette occasion, et que nous ferons suivre de quelques observations. Voici d'abord l'article de l'Univers (17 déc.) signé de Fligny, lequel nom couvre un ecclésiastique distingué.

I

« Un traité de Métaphysique ! Voilà bien de quoi mettre en fuite «<les personnes du monde, » à qui M. Ollivier prétend s'adresser! Mais que l'on se rassure, il y a beaucoup de choses dans ce livre, mais de métaphysique point.

>> Voilà qui paraît surprenant, n'est-ce pas ? Le tout est de

1 Vol. in-12 de 244 pages; à Paris, chez André-Guédon, libraire.

2 Voir l'article qui se trouve dans les Annales, t. xvii, p. 261 (5a série).

s'entendre. M. Ollivier nous offre simplement un traité des prolégomènes de la théologie, suivi d'un traité de la Révélation et d'un traité de l'Église, le tout découpé en quinze chapitres. Il lui a pris fantaisie d'inscrire en titre de ce petit volume: Traité de métaphysique. Il en sait la raison, apparemment. Pour nous, nous l'ignorons.

» Et maintenant, que dire de ce petit volume?

» Ce que l'on dit, à peu près du moins, de tous les cours de religion à l'usage des pensionnats, des lycées, des réunions de persévérance, etc., etc. «Dans ce livre, dit l'auteur, j'ai » condensé les raisons et les preuves démonstratives qui éta» blissent rigoureusement l'existence de Dieu, la spiritualité, » l'immortalité de l'âme, la religion naturelle, la révélation, » la divinité de la foi chrétienne, l'Eglise et sa divine autorité. »

>> Nous pourrions relever, çà et là, quelques propositions qui ne nous paraissent point assez rigoureuses. Ainsi, l'on déclare a évidemment coupables ceux qui, pouvant approfondir » les motifs de leur foi, négligent de le faire. »> On déclare l'étude de la métaphysique « une obligation et un devoir rigoureux pour le chrétien auquel les nécessités de la vie laissent » du temps et des loisirs. » Voilà, certes, une casuistique propre à faire trembler! Ailleurs, on déclare que «la créa>>tion est un fait qui doit être admis de foi et n'est pas sus» ceptible de preuve (p. 6). » Nous demandons la permission de parler un peu différemment.

» Mais, quoi qu'il en soit de ce point particulier, nous ne pouvons admettre l'explication que nous donne l'auteur de la création: «..... Puisque, en créant, Dieu donne l'être, et » puisqu'il est tout l'être, cet être qu'il donne, évidemment il » le donne de soi, puisqu'il ne peut exister aucune portion » d'être qui ne soit en lui (p. 8). » Ailleurs on dit des Êtres finis que « que Dieu les tire de soi (p. 9). » Et pour expliquer que la création n'ajoute rien à Dieu, on déclare « qu'il n'en » résulte aucune production d'être (p. 9). » Enfin, l'on écrit cette incroyable phrase: «Il reste à concevoir comment » l'Être infini, la même substance infinie peut subsister simul» tanément à deux états divers, l'un fini, l'autre infini (ibid.). »

>> Tout cela, nous regrettons d'avoir à le dire, est du Pan

théisme, et du plus pur. Il sert peu de s'autoriser d'un passage, moins rigoureux qu'il ne conviendrait, de M. Olier sur cette matière. Il faut avant tout savoir se conformer à la doctrine de l'Eglise catholique quand on veut enseigner ses enfants. Nous avons cherché inutilement, au commencement de ce volume, une approbation épiscopale.

>> C'est égalemeut en vain que, dans la question de l'autorité doctrinale de l'Église, nous avons cherché une ligne, un mot des promesses faites à Pierre, et, dans sa personne, aux Pontifes romains. Le lecteur chrétien qui apprendrait la constitution de l'Eglise uniquement dans ce livre, n'y verrait qu'un corps sans tête. Nous voilà loin de Bossuet! »

II

DE FLIGNY.

On voit combien l'accusation est grave. M. l'abbé Ollivier en fut à juste titre ému et chercha à se justifier par une lettre adressée à l'Univers. Avant de la publier, et pour première excuse, et aussi pour prouver combien les doctrines Panthéistes ont été professées imprudemment par des auteurs catholiques, nous allons citer le texte de M. l'abbé Olier, invoqué par M. l'abbé Ollivier, et que M. de Fligny qualifie, avec raison, de moins rigoureux qu'il ne conviendrait.

» La vérité apprend à l'homme qu'il est néant, et qu'il est » par lui-même ce qu'il était il y a cent ans, et ce qu'il serait » si Dieu lui avait retiré l'être qui environne son néant. Cet » Éire est la participation de l'Être même de Dieu; c'est son » Être, en quelque sorte rendu sensible à l'homme. Car toutes » les créatures ne sont autre chose, s'il faut ainsi parler, que » Dieu même rendu visible; elles sont comme des sacrements, » ou comme des écorces visibles de l'être invisible de Dieu >> caché sous elles; elles sont des notions de Dieu, qui expri» mer diversement ce qu'il est en lui-même; en un mot, » tout ui est au monde est une dilatation et une expression » de Dieu, qui sont hors de Dieu même : c'est un écoulement » de Dieu, qui exprime en sa sortie ce que Dieu est en lui» même 1. »

Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes, par M. Olier, p. 85. Paris, 1684.

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