Je sais que vos appas vous suivent en tous lieux; Ont-ils de vous toucher su trouver le secret? Qu'injustement de lui vous prenez de l'ombrage! Et que, ALCEST E. Perdez votre procès, madame, avec constance, Mais de tout l'univers vous devenez jaloux! ALCESTE. C'est que tout l'univers est bien reçu de vous. C'est ce qui doit rasseoir votre ame effarouchée, Puisque ma complaisance est sur tous épanchée; ALCESTE. Mais moi, que vous blåmez de trop de jalousie, Le bonheur de savoir que vous êtes aimé. ALCESTE. Et quel lieu de le eroire a mon cœur enflammé? Je pense qu'ayant pris le soin de vous le dire, ALCESTE. Mais qui m'assurera que, dans le même instant, Certes, pour un amant la fleurette est mignonne, Hé bien! pour vous ôter d'un semblable souci, Et rien ne sauroit plus vous tromper que vous-même: ALCESTE. Morbleu! faut-il que je vous aime! Ah! que si de vos mains je rattrape mon cœur, Je ne le cele pas, je fais tout mon possible A rompre de ce cœur l'attachement terrible; Il est vrai, votre ardeur est pour moi sans seconde. ALCESTE. Oui, je puis là-dessus défier tout le monde. Personne n'a, madame, aimé comme je fais. En effet, la méthode en est toute nouvelle, ALCESTE. Mais il ne tient qu'à vous que son chagrin ne passe. A tous nos démêlés coupons chemin, de grace; Parlons à cœur ouvert, et voyons d'arrêter... Quoi! l'on ne peut jamais vous parler tête à tête! A recevoir le monde on vous voit toujours prête! Et vous ne pouvez pas, un seul moment de tous, Vous résoudre à souffrir de n'être pas chez vous! GÉLIMENE. Voulez-vous qu'avec lui je me fasse une affaire? ALCESTE. Vous avez des égards qui ne sauroient me plaire. C'est un homme à jamais ne me le pardonner, S'il savoit que sa vue eût pu m'importuner. ALCESTE. Et que vous fait cela, pour vous gêner de sorte... Mon dieu! de ses pareils la bienveillance importe; ALCESTE. Enfin, quoi qu'il en soit, et sur quoi qu'on se fonde, Vous trouvez des raisons pour souffrir tout le monde; Et les précautions de votre jugement... CÉLIMENE. ALCESTE. Point d'affaire : Ces conversations ne font que m'ennuyer, CÉLIMENE. Je le veux, je le veux. ALCESTE. Non, il m'est impossible. Hé bien! allez, sortez, il vous est tout loisible. SCENE V. ÉLIANTE, PHILINTE, ACASTE, CLITANDRE ALCESTE, CÉLIMENE, BASQUE. ÉLIANTE, à Célimene. Voici les deux marquis qui montent avec nous. CÉLIMENE. (à Basque.) Oui. Des sieges pour tous. (Basque donne des sieges, et sort.) (à Alceste.) Vous n'êtes pas sorti? ALCESTE. Non; mais je veux, madame, Ou pour eux, ou pour moi, faire expliquer votre ame. |