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paffer avec beaucoup plus de facilité le Haut-Rhin.

A

l'Evénement juftifie auffi la fage Précaution de la Cour, lorsqu'elle à ordonné que l'on m'envoyât des Troupes de Renfort, jugeant comme moi, que le Roi d'Angleterre, ne vouloit que nous contenir d'un côté, pendant que Mr. le Prince Charles devoit faire tous fes efforts pour pouvoir agir de l'autre avec fuc

cès.

Vous pouvez vous rappeller auffi, fort bien, Monfieur qu'en dernier lieu je n'ai point imaginé que les Alliés puiffent avoir l'envie de fe porter fur la Sare & fur la Mofelle, après la conduite qu'ils avoient tenue devant le Spireback.

Si les Hollandois s'en retournent dans leur Païs, comme on le débite hautement, les Anglois dans la Flandre aux environs de Bruxelles, les Hanovriens avec les Heffois dans le Païs de Munfter, je ne fuis en peine que des Autrichiens; on m'affure qu'ils ont passé hier le Rhin à Manheim, quoique l'on ajoute qu'ils doivent fe porter en Baviere, il fe pourroit très bien faire qu'ils euffent ordre de remonter le Rhin pour se joindre aux Troupes de Mr. le Prince Charles je ne doute nullement que Mr. le MaréPart. III.

chal

chal de Noailles ny porte toute fon attention, de mon côté j'y appliquerai toute la mienne pour être informé de bonne heure de la Route qu'ils pourront prendre.

Au milieu de ces Mouvemens, Mr. le Prince Charles n'en fait faire aucun à fes Troupes, qui puiffe défigner la féparation de fon Armée, ses Poftes & fes Batteries font dans le même état, il n'a plus de Bateaux, à Kaetenherberg; mais j'ignore encore s'ils ont pris le Chemin de Fribourg, où s'ils font reftés au Pont de Neubourg, où on les a vu.

Je fuis dans la même incertitude pour le travail que l'on fait au Vieux-Brifack & l'on ne peut encore démêler fi la terre que l'on remue, eft à deffein de détruire cequi refte de Fortifications, où bien pour les mettre en état de pouvoir être réparées, je ne tarderai pas à le favoir plus pofitivement, par les précautions que je prends pour cela, & j'au rai l'honneur de vous en informer.

On ne peut être plus parfaitement, Monfieur, & avec autant d'Attachement que je ne le fuis, &c.

P. S. Plufieurs Perfonnes que j'avois yé à la Découverte, de ce que l'on

fait au Vieux-Brifack, m'affûrent toutes. que l'on a achevé de démolir entiérement toutes les Fortifications de cette Place.

Mr. le Cher. de la TOUCHE à Mr. d'ARGENSON, à Bafle le 13. Octobre 1743.

Si

MONSEIGNEUR,

i je ne me fuis pas acquité comme je l'aurois fouhaité, de la Miffion dont Mr. le Maréchal de Coigny m'a chargé dans cette Ville, j'ai au moins parfaitement réuffi pour déplaire fouverainement à Mr. le Marquis de Priés, Ambaffadeur de la Reine de Hongrie, comme vous pourrez, Monfeigneur, le juger par les difcours, que ce Miniftre a tenu à Mrs. les Députez de Balle, qui l'ont rapporté au Confeil, dont un membre m'en a informé par deffous main.

Vous Souvenez vous, Meffieurs, dit Mr. le Marquis de Priés, de cequi eft arrivé autrefois à Soleure, non répondirent les Députez, & il ne tiendra qu'à votre Excellence de nous l'expliquer, hé bien! réprit fon Excellence, dans le tems D 2

que

que Mr. le Marquis de Luc étoit Ambaffadeur du Roi en Suiffe, il a fait enlever un Capitaine de l'Empereur, qui a été conduit au Château de Pierre-en-Cife, la même Avanture pourroit arriver dans peu, à Mr. le Cher, de la Touche qui s'intrigue dans cette Ville, & qui y pratique des menées qui me déplaifent.

J'ai informé Mr. le Maréchal de Coigny, & Mr. de Courteil, des Menaces de Mr. le Marquis de Priés, & en attendant leurs ordres je me tiens fur mes Gardes, cette menace faite il y a trois jours ne m'a pas frappé, elle m'a genée feulement pour les vifites nocturnes, que je fuis obligé de faire indifpenfablement, fi je veux avoir des Nouvelles, car je fuis obfervé avec la derniere exactitude, & perfonne même ne peut venir chez moi, qu'il ne foit encore plutôt dénoncé à Mr. le Marquis de Priés.

La menace de Mr. le Marquis de Prié, a été répétée, hier, à un des Députez, & comme Mr. le Colonel Trenck, qui dans fon premier voyage a logé au Cabaret des trois Roys, eft venu defcendre au Cabaret où je loge, je rédouble d'attention pour n'être pas furpris, & pour mériter un peu plus de

con

confidération, j'ai préfenté hier, à Mef fieurs les Chefs de cette Ville, une Lettre de Créance de Mr. de Courteil, qui m'emploie dans ce Canton, en qualité de Gentil-homme de l'Ambaffade j'ay l'honneur, Monfeigneur, de vous en informer, & de vous en demander votre confentement.

Je ne fais, Monfeigneur, par où j'ai pu mériter la colere de ce Miniftre, fi ce n'eft pour l'avoir traversé dans des bagatelles, qui étoient contre les intérêts du Roi, dans les quels j'ai réuffi, comme par exemple, j'ai obte nu que l'Entrée & le Paffage par Baf le, feroit Libre à tous les Déferteurs parceque ceux de la Reine n'avoient abfolument aucune reffource pour pou voir fe mettre en fûreté, pendant que Entrée & le Paffage de cette Ville leur étoit intendit, au lieu que les Déferteurs François pouvoient en tournant la Ville fe mettre en fûreté dans ce Canton, où paffer dans les autres Cantons fans aucun empêchement.

J'ai été très menagé dans tous les dif cours qui étoient rélatifs avec Mr. le Marquis de Priés, & Mr. de Courte a été content jusqu'apréfent de mes petites Né gociations, de même que Mr. le MaD 3

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