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Marguerite de Valois était la fille de Charles d'Orléans, duc d'Angoulême. Elle naquit en 1492. Elle fût mariée deux fois, d'abord au duc d'Alençon, et ensuite à Henri d'Albret, roi de Navarre. Son petit-fils, par ce dernier mariage, fut Henri IV, ce roi vaillant, qui occupe une si grande place dans l'histoire de France.

Elle honora le rang suprême, non-seulement par les lumières de son esprit, mais surtout par ses libéralités, son indépendance et sa foi dans les idées nouvelles. A la cour de Navarre, elle reçut et protégea Calvin, Marot, Érasme (1) et plusieurs autres, qui étaient persécutés pour leurs opinions religieuses. Il est toujours beau de voir la main d'une femme couvrir le génie opprimé par l'intolérance, et menacé par les puissances du jour.

Les poésies de la reine de Navarre lui valurent les surnoms de dixième Muse et de quatrième Grâce. Ce dernier s'adressait surtout à la femme. Son frère, François Ier; qu'elle aimait profondément, lui donna, de son côté, le nom de Margarita Margaritarum (la Marguerite des Marguerites).

Marguerite mourut à Orthez, en 1549.

Elle a laissé quelques pièces légères, mais je ne signalerai que son principal ouvrage : les Nouvelles de la reine

(1) Erasme naquit à Rotterdam, en 1467. Il vint terminer ses études à Paris et fut reçu docteur à Bologne. Il voyagea en Italie avec le fils de Jacques IV, roi d'Écosse. Il se rendit fort célèbre par ses écrits. Léon X voulut en vain le retenir à Rome. Il vint en Angleterre, fut bien reçu par Henri VIII et devint l'ami de Thomas Morus. Il professa à Oxfort et à Cambridge. François ler voulut l'attirer en France et lui offrit en vain de le mettre à la tête du collège de France. Il mourut à Bâle, en 1556. Érasme était le plus célèbre de son temps par sa science, par l'élégance et la pureté de ses écrits et surtout par sa sagesse. Il fut d'abord partisan de Luther, mais il se sépara de lui quand il le vit commettre des actes d'intolérance et des violences. « La vérité séditieuse, »> ne lui plaisait pas. Il était, en littérature, zélé partisan de l'antiquité, et, par ses ouvrages, il contribua surtout à la renaissance des lettres. Parmi ses écrits on distingue les Adages, les Colloques, l'Eloge de la Folie, la traduction en grec du Nouveau Testament, etc.

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de Navarre, qu'on a souvent comparées à l'Heptameron de Bocace, mais qui se rapprochent plutôt des Contes de Canterbury, écrits par le vieux poëte anglais Chaucer. La Nouvelle était alors à la mode. Celles de Marguerite de Navarre se distinguent par l'esprit, l'engouement et la naïveté un peu graveleuse. Elles ont amusé tout un siècle; mais là se bornent leur mérite. Je dois pourtant ajouter que La Fontaine ne dédaigna point d'en rajeunir et d'en immortaliser quelques fragments. Après une telle autorité, il est inutile d'en dire du bien, et il serait présomptueux d'en penser trop de mal.

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JOACHIM DU BELLAY.

Ses ancêtres. Sa qualité de cadet de famille. Son éducation personnelle. - Ses débuts littéraires. Patronage de Marguerite de Valois. Titre qu'il avait à la cour. - Son voyage en Italie en comgagnie de Rabelais. Ce qu'il apprit dans ce pays. Influence de la littérature italienne sur ses écrits. - Du Bellay et Pétrarque, l'olive et le laurier. — Admiration du poëte anglais, Spenser, pour du Bellay. - Eustache du Bellay, évêque de Paris. Joachim obtient son canonicat.

sait alors l'Église pour les poëtes.

Mort de du Bellay.

Son influence.

Ce que faiSes œuvres.

Ce poëte du XVIe siècle sortait d'une des maisons les plus illustres de l'Anjou. I naquit en 1524, au village de Liré, à quelques lieues de la ville d'Angers. En sa

qualité de cadet de famille, il fut négligé, dans sa jeunesse sous le rapport de l'éducation. Ce qui semblait être un mal, tourna en faveur de Joachim, Il acquit, plus tard, par lui-même des connaissances que les maîtres auraient pu lui donner, et cette éducation personnelle devait être bien supérieure à celle du collége.

Il commença, très-jeune, à écrire des vers français.Ses dispositions poétiques lui gagnèrent bientôt les faveurs et le patronage de Marguerite de Valois. Ce fut surtout au cardinal du Bellay (4), son parent, qu'il demanda aide et assistance pour ses débuts littéraires. Ce dernier poussa l'esprit de famille jusqu'à amener avec lui le jeune poëte en Italie, dans une mission diplomatique, dont fut également Rabelais. Quel beau champ d'observations pour une jeune tête touchée du rayon sacré̟! Joachim du Bellay se montra, dit-on, fort scandalisé par la corruption des mœurs qui régnait alors dans les cours de la Péninsule; il n'en tira pas moins un grand avantage au point de vue de l'art. Là fleurissait la renaissance dans toutes ses pompes; les écoles de peinture étalaient à ses yeux toutes les formes du beau, et la littérature italienne, sœur aînée de la littérature française, touchait à la maturité. Ce fut en partie sur les écrivains de ce pays aimé par le soleil, que Joachim du Bellay fixa son goût, et que, d'après eux, il cultiva ses talents poétiques. Cette influence est surtout sensible dans l'Olive, composée de plus de cent sonnets, et où l'auteur français célèbre des sujets et des personnages Italiens. Il avait, d'ailleurs, pris pour modèle de ses sonnets le genre de Pétrarque. L'olive est l'emblême des

(1) Jean du Bellay, cardinal et homme d'État, jouissait de la faveur et de la confiance de François 1er. Il fut ambassadeur près de Henri VIII et de Paul III, et lieutenant général du royaume pendant que le roi combattait contre Charles-Quint. Il favorisa et cultiva lui-même les lettres. C'est sur sa proposition que fut fondé le collège de France,

amours du poëte français, comme le laurier avait été le signe des amours du poëte italien.

Ce reflet de l'imagination qui brillait au delà des Alpes, est un fait que l'historien ne doit point négliger. Notre littérature s'est réchauffée, dans sa jeunesse, aux rayons du même astre qui avait coloré Dante, l'Arioste, Bocace, et Pétrarque-qui allait inspirer le Tasse.

Comme tous les poëtes, encouragés de leur temps par le succès, Joachim du Bellay s'était promis l'immortalité. Cette déclaration hardie eut du moins l'honneur de passer le détroit et de trouver un écho en Angleterre. Le vieux poële anglais, Spenser, dans une pièce adressée au poëte français, s'écrie:

Bellay! first garland of free poësy,

That France brought forth, though fruitful of brave wits,
Well worthy thou of immortality!

<< Bellay! première guirlande de la poésie libre que produisit la France, quoique déjà fertile en beaux esprits, tu mérites bien l'immortalité. »

Le même Spenser traduisit en anglais quelques passages des Visions de Joachim du Bellay, un entre autres sur les beautés de la nature.

Un parent de du Bellay qui occupait un rang élevé dans le monde, Eustache du Bellay, évêque de Paris, obtint pour le rimeur français un canonicat, en 1550. L'Église payait alors volontiers les dettes de la poésie; ce n'est point cette libéralité ni ce noble usage des richesses mondaines, dont elle était alors surchargée, que je blâmerai jamais. Par malheur, le poëte ne jouit pas longtemps des loisirs que lui avait procurés la maison. de Dieu, Deus nobis hæc otia fecit. A l'âge de trente-trois ans, il fut enlevé par une attaque d'apoplexie. Il fut enterré dans l'église de Notre-Dame.

Joachim du Bellay a publié, outre l'Olive et les Visions,

Les Vœux rustiques, et différentes autres pièces de poésie, La défense et illustration de la langue française, en prose. Son influence se rattache, d'ailleurs, à celle de la Pléiade, que nous caractériserons en parlant de Ronsard.

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RONSARD.

Des vers de Boileau sur ce poëte.
rature. Sa famille. Son éducation.

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Ce

Place qui lui convient dans la littéSon séjour en Écosse et en Angleterre. Ses missions diplomatiques. — Ses relations avec Antoine du Baïf. Comment il vint à s'occuper de littérature. Sa passion pour les auteurs grecs et latins. Ses études. Ses traductions. — Son entrevue avec Joachim du Bellay. Leur amitié. -Leur but commun en littérature. Qualités de Ronsard comme chef d'école. que dit son biographe. Le manifeste de la nouvelle école. - OEuvres de Ronsard. La Franciade. - Influence de cet écrivain sur son siècle. - Ses succès. — Hommages que lui rendirent les hommes illustres de son temps. Honneurs qu'il reçoit des tètes couronnées. pour lui la fille de Jacques V. Ses vers à Marie Stuart. Elisabeth. Ronsard favori de Charles IX.

Ce que fit Ses chants à

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Sa mort. Titres que lui

vers. - Retraite de Ronsard à Saint-Côme. donnèrent les hommes de son temps. - - Valeur réelle de cet écrivain. Réaction littéraire contre l'école de Ronsard. Quelles en furent les

causes.

1.

Pierre de Ronsard a été une des victimes de Nicolas Boileau. Tout le monde connaît les vers par lesquels le législateur du Parnasse (et ce titre lui appartenait bien au XVIIe siècle) a immolé au ridicule le vieux poëte trébuché de si haut:

Ronsard, qui le (1) suivit par une autre méthode,
Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode,

(1) Clément Marot.

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