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parade, tirant toujours de lui le pouvoir sans l'exercer jamais, faisant éternellement illusion aux peuples sur la nécessité de sa paresse éternelle, et n'occupant la première place par lui et par ses descendants que pour fermer à une trop haute espérance le cœur des ambitieux. Comment imaginer qu'un roi se puisse contenter de ce rôle imbécile? Et s'il était un être assez vil pour s'en contenter, comment se préserverait-il du mépris?

La royauté doit être ou une force ou un symbole. Si, en Angleterre, la royauté n'a pas besoin, pour vivre, d'agir et de gouverner, c'est qu'elle n'y est que la tête d'une aristocratie qui agit et qui gouverne; c'est qu'elle y représente une association politique qui a, comme elle, l'hérédité pour essence; c'est, en un mot, qu'il y a identité de nature entre elle et la classe dominante. Mais, en France, qui l'ignore? l'aristocratie a été détruite de fond en comble; les priviléges du moyen-âge ont été abolis à jamais; partout, si ce n'est sur le trône, la transmission du pouvoir politique a été condamnée, et la supériorité des droits du mérite sur ceux de la naissance est devenue le principe constitutif de la classe dominante. Donc, en France, la royauté est une exception au lieu d'être un symbole; elle représente ce qu'on a cru devoir détruire, au lieu d'exprimer ce qui existe; elle personnifie l'idée du repos, en présence d'une bourgeoisie qui n'a pris possession de la puissance qu'à force d'activité; elle s'élève immobile sur un piédestal autour duquel s'agite en frémissant la société la plus mobile de l'Europe. Il faut, par conséquent, dans notre pays, que la royauté soit tout, sous peine de périr; il

faut qu'elle anéantisse le principe électif, arme de la bourgeoisie, ou qu'elle tombe écrasée sous les ruines de l'hérédité abattue. La Cour l'avait bien compris. De là son ardeur à mettre le trône hors de page; de là les ténébreuses menées dont on vient de lire le récit. Mais ce n'était pas assez de semer la division entre les chefs de la majorité, et de livrer la majorité elle-même en proie à des rivalités dévorantes on ne pouvait espérer de la soumettre qu'en la corrompant, qu'en la rendant semblable à un maître que son premier esclave enivrerait et endormirait, pour commander à sa place. Voilà le triste tableau que nous aurons à dérouler. Tableau bien triste, en effet! car, de la Chambre, la corruption devait tomber goutte à goutte sur toutes les parties de la société, en pénétrer les profondeurs, et la réduire à un état de dégradation qui n'a d'exemple que dans l'histoire du Bas-Empire.

FIN DU TOME QUATRIÈME.

DOCUMENTS HISTORIQUES.

VISITE.

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CONSULTATION SUR LA SANTÉ DE Mme LA DUCHESSE de berri. RAPPORT SUR LA
SALUBRITÉ DE LA CITADELLE DE BLAYE. RAPPORT SUR LA SANTÉ DE Mme LA
DUCHESSE DE BERRI. — PROCES-VERBAL DE L'ACCOUCHEMENT DE LA DUCHESSE
DE BERRI. — TRAITÉ D'UNKIAR-SKÉLESSI. TRAITÉ CONCERNANT LE DROIT DE
RÈGLEMENT DU MUTUELLISME. TRAITÉ DE LA QUADRUPLE-ALLIANCE.
- ARRÊT DE MISE EN ACCUSATION DES ACCUSÉS D'AVRIL. LISTE DES PAIRS QUI
ONT VOTÉ LA MISE EN ACCUSATION. - LISTE DES DÉFENSEURS CHOISIS PAR LES
ACCUSES D'AVRIL. -LISTE DES PAIRS QUI RÉPONDENT A L'APPEL; LISTE DES
PAIRS QUI NE RÉPONDENT PAS.— LISTE DES ACCUSÉS. -
- LETTRE DES DÉFENSEURS
AUX ACCUSÉS D'AVRIL. ARRÊT DU 15 JUILLET 1835.

N° 1.
CONSULTATION

SUR L'ETAT DE LA SANTÉ DE MADAME LA DUCHESSE de berri.

Madame la duchesse de Berri est née de parents phtysiques; son père était en outre sujet à la goutte, Son tempérament est éminemment nerveux, et les maladies qu'elle a antérieurement éprouvées démontrent qu'elle est disposée aux affections inflammatoires; ainsi, à plusieurs reprises, elle a été atteinte de catarrhes pulmonaires, dont quelques-uns assez graves pour avoir inspiré aux médecins qui la soignaient des craintes assez sérieuses. Plusieurs fois aussi elle a ressenti des douleurs articulaires avec gonflement, présentant tantôt le caractère rhumatismal, tantôt les apparences de la goutte.

Depuis son séjour à Blaye, M. le docteur Gintrac a été appelé quatre fois. Le 11 décembre 1832, il observa les symptômes suivants : douleurs rhumatismales aux épaules; petite toux sèche portant un caractère nerveux; suppression des règles qui datait de deux mois, et qui, d'après le rapport de la princesse, avaient été suppléées par un flux hémorrhoÏdal; du reste, il n'y avait point de fièvre, et les organes digestifs étaient en assez bon état.

Le 18 du même mois, à sa seconde visite, le docteur Gintrac, appelé à l'occasion d'une forte douleur de tête, avec pesanteur et étourdissement, remarqua une diminution notable des douleurs rhumastismales et de la toux dont nous venons de parler.

La troisième visite du docteur Gintrac eut lieu le 9 janvier 1833. Alors de nouvelles douleurs s'étaient manifestées aux articulations des han

ches, et un nouveau flux hémorrhoïdal avait en quelque sorte remplacé les règles, qui n'avaient point paru. Un examen attentif de l'abdomen, dans la position assise, il est vrai, fit reconnaître qu'il était assez volumineux, et que l'augmentation de ce volume dépendait surtout du gonflement de la rate.

Des suffocations s'étant manifestées dans la nuit du 16 au 17 de ce mois, M. le docteur Gintrac se rendit auprès de madame la duchesse de Berry, et crut pouvoir attribuer cette indisposition à l'ingestion d'un aliment excitant et indigeste. Déjà le calme avait reparu, et même les douleurs articulaires, dont elle se plaignait, avaient cessé. Du reste, point de changements, quant à la suppression des règles.

Depuis cette époque jusqu'à ce jour, la santé de madame la duchesse de Berri a été assez bonne; toutefois, avant-hier, dans sa promenade sur les remparts, elle éprouva, par suite de l'impression d'un air vif et froid, un accès de toux sèche et intense qui l'obligea de chercher un abri, et qui bientôt s'apaisa.

Aujourd'hui 25 janvier, vers 9 heures, nous nous sommes rendus auprès de S. A. R. Nous l'avons trouvée levée : elle l'était depuis une heure. Elle a paru à celui d'entre nous qui avait eu l'honneur de lui donner des soins les années précédentes, un peu amaigrie ; sa coloration s'éloignait peu de l'état ordinaire; une toux sèche assez fréquente se faisait entendre; une légère oppression existait; les mouvements de la respiration, observés avec soin, ne paraissaient point aussi faciles que dans l'état normal; l'oreille, appliquée sur le thorax, faisait reconnaître que l'air ne pénétrait qu'imparfaitement dans les poumons, les inspirations même profondes n'opérant qu'une dilatation incomplète de la poitrine; le pouls, manifestement accéléré par l'émotion qu'éprouvait S. A. R., nait environ quatre-vingt-huit à quatre-vingt-neuf battements par minute: il était d'ailleurs naturel sous le rapport de la plénitude et de la régularité; une douleur assez forte existait dans la partie moyenne du thorax, suivant la direction de l'œsophage et se terminant à l'épigastre.

don

Les fonctions digestives s'accomplissent avec facilité; la langue est légèrement saburrhale, et les gencives, qui avaient jadis été malades, sont en assez bon état.

L'abdomen a paru un peu développé relativement à son état ordinaire. Il ne nous a pas été permis de l'explorer. Madame ne se plaint plus de la région hypocondriaque gauche, qui, quelques jours auparavant, était douloureuse.

L'urine, qui parfois avait été chargée d'acide urique, est maintenant presque naturelle.

Au rapport de la princesse, les règles ont paru il y a cinq jours, et ont coulé jusqu'à hier. Cette apparition se serait manifestée à l'époque mensuelle où ce flux avait ordinairement lieu.

Des faits qui précèdent il suit :

Que madame la duchesse de Berri a éprouvé quelques-uns des maux auxquels elle avait été sujette antérieurement;

Que cet état s'était compliqué d'une suppression des règles, laquelle, il est vrai, n'avait point produit d'accidents graves, probablement à cause de la déviation qui s'était effectuée vers les vaisseaux hémorrhoïdaux;

Fnin, qu'il existe dans les organes respiratoires une susceptibilité naturelle, peut-être héréditaire, bien propre à éveiller toute la sollicitude des hommes de l'art chargés de diriger la santé de S. A. R.

Le traitement, dáns l'état actuel, doit se borner à l'emploi des moyens suivants :

1o Madame usera de bains et de demi-bains à une douce température, rendus émolliens par l'addition de décoctions 'e plantes mucilagineuses, pris dans la chambre à coucher, et suivis immédiatement du séjour au lit pendant une demi-heure ou une heure;

2o Des boissons tempérantes, gommées, émulsionnées, seront employées toutes les fois que la toux l'exigera; le looch blanc conviendra lorsque, la nuit, ce symptôme sera plus intense;

3o Le lait de chèvre, déjà plusieurs fois mis en usage avec un succès constant, est particul èrement ecommandé;

4 Si quelque état de spasme l'exigeait, des infusions de tilleul, de coquelicot ou de stechas, se aient indiquées;

5' Les eaux de seltz trouveraient un emploi convenable si les fonctions digestives languissaient;

6o Le régime sera en général doux, composé de potages avec des fécules, tels que le tapioka, le salep, le sagou, l'averwroot; de poissons blancs, de volailles bouillies ou rôties, de mouton grillé, de fruits cuits, etc. Une eau légèrement gommée et mêlée d'un peu de vin léger, servira de boisson au repas;

7° 11 est extrêmement utile d'entretenir, à la surface du corps, et prin cipalement vers la poitrine et les membres inférieu s, une douce chaleur. Des vétements immédiats de laine rempliront cette importante indication. Et, en général, toutes les précautions propres à prévenir le refroidissement des pieds doivent être prises avec soin;

8 Enfin, il est d'une grande importance d'éviter l'impression d'un air froid, sur toute l'habitude du corps. Ainsi, les promenades doivent se faire dans le milieu de la journée, lorsque le temps est beau, et de préférence dans les lieux abrités. Cette recommandation est surtout utile, à cause de la situation élevée de la citadelle, de son voisinage d'un grand fleuve fréquemment convert de brouillards épais, et de son exposition à dés vents plus ou moins violents.

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Nous avons l'honneur de vous adresser un rapport circonstancié sur la

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