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vers, par Darcy, au Théâtre de la rue de Richelieu, 1779.

Cet ouvrage, plein d'incidens romanesques et d'invraisemblances, est dirigé contre le droit d'aînesse, dont l'abolition est un des bienfaits du nouveau régime. Un jeune homme ambitieux ne peut voir, sans frémir, toute la fortune paternelle passer dans les mains de son frère aîné; il n'est pas de crime qu'il ne commette, pour s'en rendre possesseur; et, lorsqu'il en reçoit la juste punition, son repentir amer prouve qu'il n'eût jamais été coupable, sans une loi barbare, qui avait étouffé en lui la nature et l'honneur.

ADÈLE DE PONTHIEU, tragédie de la Place, 1757.

Adèle est la fille de Roger de Ponthieu, et l'épouse chérie de Renaud de Bourbon qu'elle aime, comme les femmes aiment leurs maris, dans les vieux romans de chevalerie. Adèle a d'abord été enlevée par Montalban, qui avait recherché sa main. Le vaisseau, sur lequel on l'avait embarquée, ayant fait naufrage sur les côtes de Chypre, elle s'est dérobée à ses ravisseurs, mais pour tomber entre les mains du Soudan de Babylone, qui est venu ravager l'île. Elle a été mise auprès de Fatmé, femme du Soudan qui meurt, et laisse le trône à Mélédin son fils. Ce Prince, épris d'Adèle, avait résolu de l'épouser; mais le Grand-Visir, qui lui destine la fille du Soudan d'Égypte, a ménagé l'évasion d'Adèle. Elle se trouve à Jérusalem dans le moment que Mélédin, qui l'assiégeait, s'en rend maitre. Informé qu'Adèle est dans cette ville, il charge son confident de l'amener au palais. Adèle refuse sa main, et lui apprend qu'elle est chrétienne. Le Visir, qui l'a déjà soustraite une fois à la passion de Mélédin, consent à la

faire sauver encore avec un captif; et ce captif se trouve être son père. Elle retrouve aussi son mari; et la pièce est terminée par ces reconnaissances, et par la mort du ravisseur Montalban.

Cette tragédie fut présentée, lue, et reçue aux acclamations générales de messieurs les comédiens; et, cependant, soit par des tracasseries de coulisses, soit par les démarches secrètes d'un auteur très-connu, on en différa la représentation pendant plus de dix-huit mois. Il fallut, pour la faire jouer, employer l'autorité des premiers Gentils-hommes. Le maréchal de Richelieu, qui venait de prendre Mahon, était alors d'exercice. Il donna des ordres si précis, qu'Adèle fut apprise et représentée, mais mal jouée, parce qu'on y apporta beaucoup d'humeur. Elle fut cependant bien reçue du public; et, après la première représentation, l'auteur remercia le vainqueur de Minorque par cet impromptu :

Ton oncle conquit la Rochelle,
Combla les arts de bienfaits éclatans ;
Digue héritier de ses talens,

Tu pris Minorque, et fis jouer Adèle.

L'auteur de cette même tragédie, se trouvant dans une ville de province, quelque tems après qu'on l'eut donnée à Paris, fut présenté à une dame qui se disait de la maison de Ponthieu, et descendante de la fameuse Adèle, héroïne de la tragédie. Cette dame avait témoigné le plus grand désir de voir M. de la Place, qui, feignant de la croire réellement de la maison dont elle se vantait d'être issue, hui fit un compliment en vers, avec tout l'appareil d'un Ambassadeur.

ADELE DE PONTHIEU, tragédia-opéra, d'abord en trois actes, ensuite en cinq, par de Saint-Marc, musique de Delaborde et Berton, 1772.

Cet opéra avait été représenté en trois actes, pour la première fois, le premier décembre 772; mais l'auteur, ayant donné plus d'extension à sa pièce, la remit en cinq actes. En voici le sujet: Adèle aime Raimond, et doit épouser Alphonse à qui son père l'a promise; Raimond désespéré vient prendre congé d'elle. Alphonse le surprend aux pieds d'Adèle; et, ne mettant point de bornes à ses soupçons, il accuse celle-ci d'infidélité. Raimond prend la défense de sa maitresse, et combat Alphonse en champ-clos, en présence d'Adèle et de son père. Il est vainqueur, et Adèle est le prix de sa victoire.

Cette pièce, selon les auteurs du Journal des Savans a des ressemblances marquées avec le Tancrède de M. de Voltaire. Cependant, ajoutent les Journalistes, Raimond, ne doutant ni de l'amour, ni de l'innocence d'Adèle, est tout à la fois, et moins généreux, et moins malheureux que Tancrède. Par une suite de la différence de leur situation, la catastrophe de Tancrède est funeste, au lieu que le dénouement d'Adèle est heureux.

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Qu'exige-t-on ordinairement dans un opéra, demande M. Linguet? une musique agréable, des danses variées des paroles nobles et faciles, des décorations magnifiques: tout cela se trouve dans Adèle ; et il y règne de plus un intérêt national, la peinture de nos anciens usages, le tableau imposant de la fierté, de la valeur, de la loyauté des Paladins. On y trouve des vers dignes de plaire aux femmes, tels que ceux du portrait d'un chevalier, qui doit

Protéger la vertu, défendre avec courage

Le faible, la patric, et surtout la beauté.

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ADÈLE ET DORSAN, drame en trois actes, mêlé d'ariettes, paroles de M. Marsollier, musique de M. d'Aleyrac, à l'opéra-comique, 1795.

Adèle, jeune villageoise, a été séduite a été séduite par Dorsan, qui l'aime toujours. Le père du séducteur, pour le faire renoncer à une pareille union, a su persuader à son fils que sa maîtresse lui était infidelle; et, sans autre examen, Dorsan l'abandonne, et même est déjà prêt à en épouser une

autre.

C'est maintenant cette nouvelle union qu'il s'agit d'empêcher. Pour y parvenir, Adèle voit tour-à-tour sa rivale et le père de Dorsan. L'amant, instruit enfin de la supercherie de son père, rend toute sa tendresse à son intéressante et malheureuse amie: mais, toujours inflexible, le père s'oppose à leur union. Ce n'est qu'après une foule d'événemens invraisemblables, que le père, convaincu du mérite d'Adèle, consent à son mariage avec son fils.

On ne trouve d'intéressant, dans cette pièce, que le personnage d'Adèle.

ADELINE (Mlle.), actrice du Théâtre de l'Impératrice, 1808.

Elle remplit à ce théâtre les rôles d'ingénuités.

ADELPHES (les), ou l'École des Pères, comédie en cinq actes, en vers, par Baron, attribuée au Père De la Rue, Jésuite, 1705.

C'est le même fond que celui, sur lequel Molière avait déjà tissu le canevas de l'École des Maris. La différence est, que ce sont deux frères qui agissent dans Molière, et deux sœurs, dans Baron. Ses principaux acteurs sont Eraste et Léandre, tous deux fils d'Alcée; mais Eraste, adopté

par

par Télamon son oncle, est l'objet de ses complaisances: Léandre au contraire n'éprouve, de la part d'Alcée, qu'une dureté excessive. Il devient amoureux de Clarice, jeune inconnue, et la fait enlever. Eraste seconde cette entre→ prise, et fait conduire Clarice chez Telamon même qui, instruit de l'aventure, la reçoit avec bonté. Pamphile, maîtresse d'Eraste, le croit infidèle: ses plaintes parviennent jusqu'à Telamon, qui ignorait cette intrigue: Eraste la lui avait célée par respect. Telamon apprend que Pamphile est pauvre, mais vertueuse ; et dès-lors il se détermine de lui-même à lui faire épouser Eraste. C'est aussi par son entremise que Léandre épouse Clarice, qui, à la fin, se trouve avoir de la naissance et de la fortune. Les scènes de Télamon avec Alcée, et la persuasion, où est ce dernier, que Léandre n'aura point dérogé à l'éducation sévère qu'il lui a donnée, ressemblent beaucoup à celle de Sganarelle dans l'École des Maris: tous deux finissent par être détrompés. On trouve, dans cette comédie, des scènes bien faites et des caractères bien soutenus; mais elle n'est pas entièrement dans nos mœurs.

Quelques jours avant que Baron fit représenter cette comédie, le duc de Roquelaure lui dit: Baron, quand veux-tu me montrer ta pièce nouvelle? Tu sais que je m'y connais. J'en ai fait fête à trois femmes d'esprit, qui doivent dîner chez moi. Viens dîner avec nous! Apporte les Adelphes, et tu nous en feras la lecture ; je suis curieux de voir si tu es moins ennuyeux que Térence. Baron accepta la proposition, et se rendit le jour suivant à l'hôtel de Roquelaure, où il trouva deux comtesses et une marquise, qui lui témoignèrent une vive impatience d'entendre sa comédie. Cependant, quelque envie qu'elles parussent en avoir, elles ne laissèrent pas de se

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