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l'opéra commence. Le tout ne dure pas douze minutes. Il est bon d'observer que le musicien, représenté par Thomassin, jouait seul les rôles de son grand petit-opéra, et qu'il n'a pas manqué d'y mettre toute la charge dont il était capable, et dont chaque rôle était susceptible.

ACTE PREMIER.

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Peuples, chantez, dansez, montrez votre allégresse!

CHEU R.

Chantons, dansons, montrons notre allégresse!
Fin du premier Acte.

Amour!

ACTE DEUXIÈME.

LA PRINCESSE.

Bruit de guerre qui effraie la princesse ; elle va s'évanouir dans la coulisse. Le prince revient, poursuivi par les ennemis, il combat et est tué : La princesse arrive.

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LE PRINCE.

J'expire!

LA PRINCESS E.

O malheur !

Peoples, chantez, dansez, montrez votre douleur!

CHEUR.

Chantons, dansons, montrons notre douleur !

Une marche finit le second acte.

ACTE TROISIÈME.

Il commence par un compliment, que le musicien adresse à l'orchestre. Faisant un bouclier avec son cha¬ peau, et prenant une canne pour lui servir de lance, monte sur un fauteuil, et chante :

Pallas te rend le jour.

it

Vite, il descend et revient auprès du fauteuil, où devait être la princesse.

Ah! quel moment!

LE PRINC E.

Où suis-je ?

Peuples, chantez, dansez, célébrez ce prodige !

CHEUR.

Chantons, dansons, célébrons ce prodige !

Fin du troisième Acte.

AUX SPECTATEURS.

Vous êtes enchantés! je le lis dans vos yeux,

Et n'en suis point surpris, mais, Mesdames, de grâce,
L'éloge, quoique dû, nie gêne et m'embarrasse :
Attendez que je sois éloigné de ces lieux.

Cette plaisanterie, qui porte sur toutes les parties du grand opéra, a beaucoup réjoui les personnes,qui cherchent encore la gaieté à nos spectacles; mais il fallait un acteur comme Thomassin pour la faire valoir.

ADIEUX DU GOUT (les), comédie en un acte, en vers libres, par Patu et Portelance, au Théâtre Français, 1754.

Le Goût, en faisant la revue de ses États, arrive à Paris, et rencontre Momus qui, sous la figure d'un petit-maître, le raille sur sa forme antique. Les Sciences et les Arts se présentent tour-à-tour devant eux; et ils font, chacun à sa manière, la critique des ouvrages des auteurs et des artistes, ou plutôt du mauvais goût, répandu sur tout ce qui se fait actuellement. Le Goût s'enfuit, et proteste qu'il ne peut demeurer dans un pays, où il est si maltraité.

Le fond de cette pièce épisodique n'était pas neuf: il avait déjà été traité sur deux théâtres; mais les détails en sont agréables, et renferment une critique légère et judicieuse.' Elle eut douze représentations.

Quelque tems après que les Adieux du Goût furent imprimés, Patu fit avec Palissot un voyage à Ferney, pour y voir l'auteur de Zaïre. Une des particularités de ce voyage fut, que les deux jeunes auteurs, pour répandre plus d'agrémens sur leur route, firent, en chansons, le caractère et le portrait de tous les acteurs et actrices,qui jouoient alors la comédie.

ADMETE ET ALCESTE, tragédie en cinq actes, de Boissy.

Boissy débuta dans la carrière dramatique par cette tragédie, qui fut sifflée.

ADMIRATION. Cet enthousiasme momentané, qui élève et transporte l'âme, à la vue d'une belle action ou d'un beau sentiment, est devenu parmi nous un des premiers ressorts de la tragédie. Il n'a pas été tout-à-fait inconnu aux anciens on peut s'en convaincre par quelques traits du Philoctète de Sophocle. Mais ils paraissent en avoir fait peu d'usage, et lui ont préféré, avec raison, les deux grands ressorts de la tragédie, la terreur et la pitié. C'est Corneille qui a créé, parmi nous, ce moyen tragique. Nourri de la lecture de Lucain, de Sénèque et des poètes Espagnols, dans lesquels on trouve toujours de la grandeur, il a fait de ce sentiment l'âme de son théâtre. Il entre dans le Cid, qui préfère son honneur à sa maîtresse; dans Cinna, où fine amante expose son amant pour venger son père, où un Empereur pardonne à son assassin, qu'il avait comblé de bienfaits : dans Polyeucte, où une femme se sert du pouvoir qu'elle a sur son amant pour sauver son mari; dans Héraclius, où deux amis se disputent l'honneur d'être fils de Maurice, non pour régner, mais pour mourir. Il a même soutenu des pièces entières avec ce seul ressort : tels sont Sertorius, et surtout Nicomède, où l'on voit un jeune prince opposer une âme inébranlable et calme à l'orgueil despotique des Romains, à la perfidie d'une marâtre, et à la faiblesse d'un père qui le craint, et qui est prêt à le haïr. Le caractère de Nicomède, dit M. de Voltaire, combiné avec une intrigue terrible, comme celle de Rodogune, aurait été

un chef-d'œuvre. Il paraît que l'exemple de Corneille est trop dangereux, pour pouvoir être imité. L'admiration est un sentiment qui s'épuise, et qui demande à finir. Corneille lui-même, malgré son génie, n'a pu éviter la longueur dans les pièces, où il a fait de l'admiration la base du tragique. L'adresse consiste à combiner le ressort de l'admiration, avec ceux de la terreur et de la pitié. Quand ces trois moyens sont réunis ensemble, l'art est porté à son comble. Racine semble avoir, à l'exemple des Grecs, négligé d'exciter le sentiment de l'admiration, excepté dans Alexandre, où il imitait encore Corneille.

Quoique Bajazet se montre généreux, quoiqu'Iphigénie s'apprête à recevoir la mort avec courage, cette générosité, indispensable dans un héros de tragédie, ne fait le fond d'aucune pièce de Racine. Voltaire paraît un de ceux qui ont le mieux connu la puissance du sentiment de l'admiration; mais il l'a toujours combiné avec un intérêt plus théâtral. Voyez au cinquième acte d'Alzire le retour, de Gusman, qui pardonne à son rival et à son meurtrier, C'est une beauté du genre admiratif; mais elle serait beaucoup moins dramatique, si le fonds était moins. intéressant. La scène, où Mahomet révèle à Zopire tous ses grands projets, est une beauté à-peu-près du même genre, comme l'entrevue de Pompée et de Sertorius dans la tragédie de Corneille; mais celle-ci est bien moins théâtrale; c'est qu'elle n'excite que l'admiration sans intérêt, et que ce sentiment cesse avec la surprise qui l'a produit.

ADNET (N.), acteur de province, 1808. Il a joué long-tems les premiers rôles, les Amoureux et les Pères nobles, aux théâtres de l'Odéon et de la Porte-St.-Martin. On a de lui plusieurs essais dramatiques.

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