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cette faible tragédie, dont Diane et Pales forment le prologue.

Cet opéra fut d'abord donné sans succès à Paris; mais, ayant eu la plus grande réussite dans quelques villes de province, on se hasarda de le rejouer sur le théâtre de la Capitale, où il fut reçu avec les plus grands applaudissemens. Ce n'est pas l'unique fois que la Province a fait revenir Paris de son premier jugement.

ALAIN (Robert) était de Paris, et fils d'un sellier ; il avait fait de bonnes études, et se destinait à l'état ecclésiastique; mais il changea d'idée, et se fit recevoir sellier, sans cesser d'aimer les Lettres : une complexion délicate et beaucoup d'amour du plaisir abrégèrent sa carrière. Il mourut en 1720, âgé de 40 ans. Il fit, en société avec Legrand, la comédie de l'Epreuve Réciproque, qui n'avait pas toute l'étendue dont elle paraissait susceptible.

Lamotte, qui se trouva à l'une des représentations de cette pièce, égaya le parterre par ce bon mot: Alain, lui dit-il, tu n'as pas assez allongé la courroie.

ALBERGATI (François Capacelli), né à Venise, en 1741, successeur de Goldoni.

Ce poëte comique a composé plusieurs ouvrages, dont le succès chez l'Étranger a égalé celui qu'ils avaient obtenu en Italie. On remarque dans ses pièces, écrites d'un style pur et élégant, de la décence, du naturel, de l'intrigue et de la force comique.

ALBERT (N. Bonnet), acteur de l'Opéra, 1808.

Cet acteur élève du Conservatoire débuta au Vaudeville, où son talent demeura long-tems dans l'obscurité. Reçu à l'Opéra, il y fut accueilli pour la beauté

de sa voix; mais son chant et son jeu manquent d'expression. Il est jeune encore, et peut acquérir plus de célébrité.

ALBERT Ier, ou ADELINE, comédie héroïque, e trois actes, en vers de dix syllabes, par Leblanc, aux Français, 1775, eut douze représentations. Restée au théâtre, elle n'a pas encore été reprise.

Un trait de bienfaisance et de justice annoncé dans les papiers publics, et qui pénétra tous les cœurs d'admiration pour l'un des plus jeunes Souverains de l'Europe, a donné l'idée de ce drame d'une espèce assez singulière.

ALBERT et EMILIE, tragédie en cinq actes, par Dubuisson, au Théâtre Français, 1785.

on

Cette pièce est tirée d'un drame allemand. Elle se ressent un peu de son origine; et, malgré le costume, entrevoit le caractère national. A quelques détails près, cet ouvrage est au-dessous du médiocre.

ALBOIN, ou LA VENGEANCE TRAHIE, tragédie de Nicolas Chrétien, 1608. Billard de Courgenay fit jouer, en 1609, une tragédie d'Alboin.

Dans la précédente, la veuve d'Alboin, forcée à épouser le meurtrier de son mari, empoisonne la coupe nuptiale, et la présente au tyran. Celui-ci, après avoir avalé le poison, dit à la reine :

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C'est le mal qui sitôt pour votre bien se change.

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Il faut boire pourtant!

Çă, çà, méchante louve, ouvre la bouche,

Malheureux est celui qui se fie à sa femme!

infâme!

ALCESTE, tragédie de la Grange-Chancel, 1703. La Grange a tout-à-fait défiguré le sujet d'Euripide, su jet extrêmement touchant, mais qu'il est difficile d'accommoder à notre théâtre : il manqne un cinquième acte à ce sujet. Celui de la Grange n'est pas supportable: Hercule ramène Alceste des enfers; cela n'est bon qu'à l'Opéra. Ajoutez que cette pièce est dépourvue de chaleur, d'intérêt, de caractère, et faiblement écrite.

ALCESTE, tragédie de Boissy, 1727.

L'Auteur introduit un grand-prêtre scélérat, qui se donne pour tel, et qui fait horreur, sans exciter les grands mouvemens tragiques. C'est lui qui a corrompu l'oracle; parlà, tout l'intérêt qui règne dans la tragédie grecque est détruit; on ne retrouve. plus ces tableaux si simples, si touchans, cette Alceste si fidelle, si tendre, prête à périr pour son mari, embrassant ses enfans qui lui tendent les bras, et pleurent avec elle. La tragédie de Boissy n'est qu'une parodie grossière du poëte Grec. On ne doit donc pas être surpris de sa chute rapide, et de l'oubli profond où elle est ensevelie; elle mérite d'y rester à jamais. Nul intérêt, nulle chaleur, mulle, action, nul dialogue, des crimes inutiles, une poésie à la glace, quelques impiétés énoncées en mauvais vers, telles qu'on en souffre dans nos tragédies modernes, une copie défigurée du Mathan de Racine, des prédictions menaçantes, mal imitées de celles du grandprêtre d'Edipe; tel est le tableau fidèle de cette tragédie.

Après la seconde représentation de cette pièce, donnée d'abord sous le titre d'Admète, il vint un ordre de cesser de la jouer l'auteur y fit des changemens et des corrections, ôta l'ancien titre, pour lui donner celui de la Mort d'Alceste; et elle fut ainsi remise, mais sans succès.

ALCESTE ou LE TRIOMPHE D'ALCIDE, tragé die-opéra de Quinault et Lully, 1674.

On trouve dans cet ouvrage, qui est le second opéra de Quinault, non du burlesque, mais quelques scènes un peu trop comiques. La rivalité de Straton et de Lychas, est la parodie de celle de Lycomède et d'Admète. Il en est ainsi de quelques autres épisodes qui nuisent au sujet principal, sujet le plus intéressant que l'auteur ait pu choisir, et qu'à ces défauts près, il a supérieurement traité. Ses personnages soutiennent leur caractère; et la tendresse courageuse d'Alceste ne peut être comparée qu'à la générosité d'Alcide.

C'est le premier opéra qui ait été joué sur le Théâtre du Palais-Royal, que le Roi, après la mort de Molière, accorda à l'Académie Royale de musique. On le reprit, du tems du systéme. Caron, qui y joue un grand rôle, demandait à une âme le tribut du passage: comme elle n'avait point d'argent, quelqu'un du parterre cria: jetezlui des billets de banque !

L'auteur de cette pièce prétend que, depuis Andromaque, Racine ne fit représenter aucune pièce, qu'il n'eût envie de la faire suivre par Alceste. Des amis de Racine ont assuré qu'il leur en avait souvent récité des morceaux; mais qu'il l'avait jetée au feu quelque tems avant sa mort. La difficulté de rendre vraisemblable l'événement qui devait amener la catastrophe, le déter

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