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copie de la tragédie de Thémistocle par du Ryer; mais, après un examen sérieux de ces deux drames comparés ensemble, on n'a'trouvé qu'un seul trait dans Themistocle, dont l'auteur d'Alcibiade ait voulu profiter. Voici l'en droit imité: Xerxès accorde Palmis à Thémistocle, et l'invite à le servir contre la Grèce. Celui-ci oppose seulement à Xerxès, que ce serait travailler pour la gloire de la Grèce,

Que de faire paraître, aux yeux de l'univers,

Qu'on eût-besoin d'un Grec, pour la réduire aux fers;

Et que, pour triompher de son orgueil extrême,

Il vous fallût un bras, qui sortît d'elle-même.

Campistron a tourné cette même pensée de la manière

suivante :

Voulez-vous qu'on publie un jour dans l'avenir,

Qu'il vous fallût un Grec, Seigneur, pour la punir;
Et qu'elle aurait joui d'une gloire immortelle,

Si l'un de ses enfans n'eût conspiré contr'elle?

ALCIDE ou LE TRIOMPHE D'HERCULE, tragédie-opéra, avec un prologue, par Campistron, musique de Lully, fils, et de Marais, 1693.

La jalousie et les fureurs de Déjanire, la violence d'Hercule, les alarmes et la tendresse d'Yole, le déses poir de Philoctète, mettent beaucoup de diversité dans les caractères; mais, en général, le genre lyrique n'était pas celui de Campistron.

Après la chute de cet opéra, on fit ce quatrain:

A force de forger, on devient forgeron :
Il n'en ́est pas ainsi du pauvre Campistron:
Au lieu d'avancer, il recule :

Voyez Hercule.

ALCIDIANE ou LES QUATRE RIVAUX, tragi comédie de Desfontaines, 1642.

Alcidiane, nièce d'Anaxandre, roi de la Gaule-Narbonnaise, est aimée de Périmène, d'Hermodante et de Philistre, princes de la cour d'Anaxandre', et de Thersandre, prince étranger. Ce dernier, qui se voit méprisé d'Alcidiane, fait déguiser ses gens en Maures, qui seignent de vouloir enlever cette princesse ; il parait en ce moment, et lès met en fuite. Tandis qu'il les poursuit, ou qu'il feint de les poursuivre, arrive Périmène, à qui Alcidiane fait le récit du prétendu service de Thersandre. Périmène ne prend point le change, et se doute de la supercherie de son rival: en effet, lorsque ce dernier reparaît, il le traite fort mal, et veut l'obliger à mettro l'épée à la main. Thersandre refuse le combat, et s'enfuit honteusement. Ensuite il se travestit, et, en présence des trois autres amans d'Alcidiane, il veut poignarder cette Princesse. Ils se présentent devant Anaxandre, et plaident chacun leur cause. Le roi décide en faveur de Périmène, et console Hermodante, en l'unissant à sa sœur. Philistre épouse Ormonde, princesse des Volsques.

ALCIDIANE, ballet en trois parties, par Benserade, musique de Lully, 1658.

Le roi qui devait danser, et qui dansa en effet dans ce ballet, s'étant rendu au lieu où il devait être repré— senté, ne trouva rien de prêt. Il envoyait incessamment des valets-de-pied à Lully, pour savoir quand on commencerait, et pour le presser. Mais, voyant que rien n'avançait, le roi lui dépêcha un valet de garde-robe pour lui dire qu'il se lassait d'attendre, et qu'il voulait absolument que l'on commençât. Cet homme dit au

musicien, que S. M. était dans une grande colère, et qu'elle ne pouvait plus attendre; Lully, songeant moins aux ordres pressans qu'on lui apportait, qu'à ce qu'il avait encore à faire, répondit d'un grand sang-froid: le roi peut at

tendre.

ALCIDONIS ou la JOURNÉE LACÉDÉMONIENNE, drame en trois actes, en prose, avec des intermèdes, par un Anonyme, aux Français, 1773.

Glycérie, veuve et esclave d'un philosophe, est aimée d'Alcidonis; elle veut employer le peu de bien, qu'elle tient de son mari défunt, pour racheter son père de l'esclavage; mais on ne veut lui accorder sa liberté, qu'à condition qu'elle se rendra esclave à sa place. Glycérie ne balance pas à immoler son amour pour Alcidonis; elle veut sacrifier tout ce qu'elle possède, et sa liberté même, pour tirer son père de la servitude. Cette action généreuse touche la maîtresse de Glycérie, qui lui donne la liberté, et lui fait épouser son amant.

ALCINDOR, opéra-féerie en trois actes, par Rochon de Chabannes, musique de Dezède, à l'Opéra, 1787.

Le titre seul de cette pièce nous dispense d'en faire l'analyse. Ces Génies, qui, au moyen d'une baguette, enfantent des merveilles, transportent les spectateurs dans des palais enchantés, et font du bien et du mal sans raison, sont des personnages ridicules, ailleurs qu'à l'Opéra. Celui-ci, comme tous les autres, a l'avantage d'offrir un magnifique spectacle. Ballets, décorations, tout est digne du roi des Génies.

ALCINE, tragédie-opéra, avec un prologue, musique de Campra, 1705.

La Gloire et le Tems forment le prologue: dans la pièce, Alcine, fameuse magicienne, est amoureuse du paladin Astolphe, qui aime Mélanie. Cet opéra n'a point eu de succès.

ALCIONÉE ou COMBAT DE L'HONNEUR ET DE L'AMOUR, tragédie de du Ryer, 1639.

Alcionée, favori du roi de Lydie, devient amoureux de la fille de ce roi. Sur le refus que fait ce dernier de la lui accorder en mariage, Alcionée se révolte, et contraint ce Prince à lui promettre la main de son amante. Cette pièce ne se soutient, ni par l'intrigue, ni par les événemens, mais par les seuls sentimens du cœur. Le rôle d'Alcionée est beau et intéressant; on n'en peut pas dire autant de ceux du Roi et de la Princesse. Le premier n'a ni noblesse, ni fermeté. Le second est plutôt celui d'une Provinciale entêtée de ses titres, que d'une Princesse qui soutient la gloire de son rang. A l'égard des deux courtisans, ces caractères sont si méprisables, que c'est faire grâce à l'auteur que de les passer sous silence.

L'abbé d'Aubignac loue dans cette pièce la force du discours et la grandeur des sentimens. Ménage la croit un chef-d'œuvre; mais ce qui doit encore plus étonuer c'est que Christine, reine de Suède, se la fit lire jusqu'à trois fois dans un jour.

L'on trouve, dans plusieurs mémoires du tems de la minorité de Louis XIV, que l'amour du grand Condé pour la Duchesse de Châtillon contribua davantage à engager ce prince dans le parti de la Fronde, que ses griefs contre la Cour et contre le Cardinal Mazarin. Il s'est même conservé, sur ce fait, une tradition, que

l'on ne garantit cependant pas. On assure que, long-tems après les troubles appaisés, quelqu'un des favoris du Prince de Condé, lui demandant un jour familièrement le motif véritable, qui l'avait décidé à faire la guerre à son roi il répondit avec vivacité, que madame de Châtillon, dont il était amoureux à la fureur, l'avait seule déterminé ; et déclama, sur-le-champ, ces deux vers de l'Alcionée de du Ryer:

Pour obtenir un bien si grand, si précieux,

J'ai fait la guerre aux Rois; je l'eusse faite aux Dieux.

ALCYONE, tragédie-opéra, avec un prologue, par Lamotte et Marais, 1706.

Le prologue est composé d'Apollon, des Muses et du dieu Tmole. Le sujet de la pièce est tiré des fables X et XI des Métamorphoses. La tempête de cet opéra était un excellent morceau de musique.

Céyx, roi de Trachines, aime Alcyone, fille d'Éole, et en est aimé. Tout semble favoriser leurs vœux: mais Phorbas, magicien, emploie les charmes de son art pour arrêter cet hymen, et seconde la passion secrette de Pélée, ami de Céyx; Alcyone et Céyx se jurent une ardeur, éternelle: au même instant le tonnerre gronde, l'enfer est déchaîné, l'autel est renversé, et le palais, embrâsé. Ismène magicienne et Phorbas s'unissent pour persécuter Céyx. Ce Prince vient les consulter, et se livre à leur perfidie. Phorbas annonce à Céyx qu'il va périr. Cet amant infortuné implore le secours d'Apollon. Morphée peint à l'imagination d'Alcyone tous ses malheurs, et lui représente l'orage, dans lequel périt son époux. Pélée déclare son crime à Alcyone, et l'invite à se ven

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