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le gain de sa cause? Tout s'arrange pour le mieux, et le procès se termine par le mariage des deux amans.

Cette comédie est bien écrite, et renferme des scènes très-comiques. La musique, est l'essai de M. Gresnick dans le genre dramatique.

ALPHRÈDE, comédie en cinq actes, en vers, de Rotrou, 1634.

C'est un roman peu vraisemblable, une pièce contre les règles du théâtre, un sujet rempli d'intrigues et un chef-d'œuvre de sentiment. Avant que de voir Alphrède triompher, par ses charmes et par son adresse, des infidélités du parjure Rodolphe, il faut la suivre: dans trois combats, où elle paraît en chevalier de Roman; dans sa prison chez les Maures, où elle retrouve sa famille; et aux portes de Londres, où elle fait épouser à Acaste son frère Isabelle, qui lui a ravi le cœur de Rodolphe. Tout le reste est un labyrinthe d'incidens, où l'on se perd sou❤ vent, et dans lequel on s'égare quelquefois avec plaisir.

ALPINUS (Cornelius), mauvais poëte latin, qui a fait une tragédie intitulée Memno, à l'imitation de celle d'Eschyle; mais elle était d'un style si enflé, si dur et si barbare, qu'Horace dit que Memnon mourait par les mains du poëte, sans attendre le coup d'Achille.

Turgidus Alpinus jugulat dùm Memnona....

ALZAÏDE, tragédie de Linant, 1745.

On avait fort vanté cette tragédie, lorsqu'elle fut lue dans une de ces sociétés de beaux-esprits, dont Paris était rempli, et où une femme présidait toujours. Elle n'eut cependant point de succès; ce qui affligea beaucoup le tribunal, où elle avait été jugée si favorablement. On

était le lendemain tristement assemblé, sans dire mot; mais la femme, qui la première avait donné son suffrage rompit le silence, et dit : Cette pièce n'a cependant pas été sifflée... Parbleu ! répondit brusquement Piron qui se trouvait-là par hasard, comment voulez-vous qu'on siffle, quand on bâille?

ALZIRE ou LES AMÉRICAINS, tragédie de Voltaire, 1736.

Cette tragédie, d'un genre neuf, offre un contraste frappant des mœurs de l'Europe, mises en opposition avec celles de l'Amérique ces sortes de parallèles produisent toujours un grand effet sur la scène. De toutes les tragédies de l'Autcur, Alzire est une de celles qui devaient le plus tourner au profit de l'humanité; mérite qui caructérise presque tous les ouvrages de Voltaire.

Le caractère d'Alzire est un des plus parfaits qui soient au théâtre. La recette des vingt représentations monta à 53,640 livres. Elle ne fut interrompue qu'à la clôture. Le calcul de ses nombreuses reprises paraîtrait incroyable, si l'on en donnait ici l'état depuis 1736 jusqu'à ce jour.

Quelques personnes faisaient courir le bruit, qu'Alzire n'était pas l'ouvrage de Voltaire. Je le souhaiterais, dit un homme d'esprit. Et pourquoi, lui demanda quelqu'un? C'est, reprit-il, que nous aurions deux bons poëtes au

lieu d'un.

Le Franc se plaignit, très-hautement et très-amèrement, que Voltaire lui avait dérobé le sujet d'Alzire, disant qu'il le lui avait confié, pour qu'il lui en dît son sentiment. D'autres ajoutent même que Le Franc avait remis la tragédie entièrement faite entre les mains de Voltaire ; que celui-ci abusa du dépôt, pilla Le Franc, et donna Alzire

Alzire au théâtre. Sans prononcer sur un fait si peu vraisemblable, nous citerons ce que Voltaire écrivait dans le même tems.

J'avais composé une tragédie, dans laquelle j'essayais de faire un tableau des mœurs européennes et des mœurs américaines. Le contraste régnait dans toute la pièce, et je l'avais travaillée avec beaucoup de soin. Mais j'avais peur d'y avoir mis plus de travail que de génie. Je craignais la haine opiniâtre de mes ennemis, et l'indisposition du public. Je me tenais tranquille, loin de toute espèce de théâtre, attendant un tems plus favorable. Une personne, instruite du sujet de ma pièce, en ayant parlé à Lefranc, il s'est hâté de bâtir sur mon fonds, et je ne doute pas qu'il n'ait mieux réussi que moi. Il est plus jeune et plus heureux. Il est vrai que, si j'avais eu un sujet à traiter, je ne lui aurais pas pris le sien. J’aurais eu pour lui cette déférence, que la seule politesse exige. Tout ce que je peux faire à présent, c'est de lui applaudir, si sa pièce est bonne, et d'oublier son mauvais procédé, à proportion du plaisir que me feront ses vers. Je ne veux point de guerre d'auteurs.

On fit, dans le tems, la critique de la tragédie d'Alzire en un couplet, sur l'air du menuet d'exaudet. Le voici :

Pour Montez

Alvarez

Est en peine :

Car son fils fier et brutal

Traite horriblement mal

La race américaine.

Vers pompeux,

Deux à deux,

Il débite:

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Voici des vers qu'adressa Voltaire à Mlle. GAUSSIN, qui venait de jouer le rôle d'Alzire.

Ce n'est pas moi qu'on applaudit;
C'est vous qu'on aime et qu'on admire;
Et vous damnez, charmante Alzire,
Tous ceux que Gusman convertit.

ALZIRETTE, parodie en un acte et en vaudevilles de la tragédie d'Alzire, par Ponteau et Parmentier, à la Foire Saint-Germain, 1736..

Les auteurs ont parodié la tragédie presque scène par scène, et ont travesti seulement les noms et les qualités des principaux personnages.

AMADIS DE GAULE, tragédie-opéra de Quinault,

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Amadis, fils de Périon, roi des Gaules, aime Oriane, -fille d'un roi de la Grande-Bretagne. Florestan, frère naturel d'Amadis, aime Corisande, Souveraine de Gravesande. Ces amours principales et épisodiques, traversées par des jalousies et des enchautemens, fout le sujet de ce poëme. Ce fut Louis XIV qui le donna à Quinault. Le bruit courut que ce poëte était embarrassé, pour satisfaire aux ordres du monarque; et peu de gens ignorent le madrigal qui existe à ce sujet. Le voici :

Ce n'est pas l'opéra, que je fais pour le roi,
Qui m'empêche d'être tranquille :

Tout ce qu'on fait pour lui parait toujours facile;
La grande peine où je me voi,

C'est d'avoir cinq filles chez moi,

Dont la moins âgée est nubile.

Je dois les établir, et voudrais le pouvoir.
Mais, à suivre Apollon, on ne s'enrichit guère;
C'est avec peu de bien un terrible devoir.

De se sentir pressé d'être cinq fois beau-père :
Quoi! cinq actes devant notaire,

Pour cinq filles qu'il faut pourvoir !
O ciel! peut-on jamais avoir

Opéra plus fâcheux à faire?

Trois de ces filles ont pris le parti du couvent; les deux autres ont été mariées.

L'Acteur, qui faisait le rôle d'Amadis, à l'une des reprises de l'opéra d'Amadis de Gaule, ayant reçu des coups de bâton d'un homme de qualité, dont il osait être le rival, fut nommé pendant long-tems, dans le monde, Amadis

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