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manuscrite sous ce titre; mais leur considération pour l'auteur ne leur a pas permis de la représenter.

AMANTE INGÉNUE (l'), comédie en un acte de Delricu, au Théâtre-Louvois, 1800.

Cette pièce fut mal accueillie du public; mais elle ne méritait pas tout-à-fait le sort qu'elle a éprouvé.

AMANTE ROMANESQUE (l'), ou LA CAPRICIEUSE, comédie en trois actes, en prose, avec un prologue, par Autreau, aux Italiens, 1718.

Mario, amant de Silvia, entre au service de sa maîtresse, en qualité de femme de chambre. Ce deguisement fait toute l'intrigue, et les caprices de Silvia amènent le dénouement- Ces deux caractères sont soutenus et varies. Un petit opéra bachique vient egayer le premier acte; le second est suivi d'une Pastorale, representée dans une foire de village. La pièce est terminee par la réception d'un chevalier dans l'ordre du Thyese, institue en l'honneur de l'Amour et de Bacchus.

AMANTE SANS LE SAVOIR (1'), opéra-comique en un acte, paroles de M...., musique de M. Solier, 1807. Aimer sans le savoir, c'est assez rare; mais qu'un père éclaire sa fille sur ce qu'elle apprendra toujours assez tôt, - qu'il s'efforce de rendre son cœur sensible à l'amour d'un jeune amant, c'est ce qui n'est pas moins extraordinaire. On chercherait long-tems aujourd'hui, pour trouver une fille aussi neuve et un père aussi complaisant.

Les paroles et la musique de cet ouvrage ne s'elèvent pas au-dessus du médiocre.

AMARYLLIS, pastorale en cinq actes, attribuée à du Ryer, 1650.

On trouve, dans cette pièce, ces vers assez agréables, qui sont une imitation d'Anacréon:

Vois, de tous les côtés, que la nature même
Nous enseigne à baiser les objets que l'on aime.
L'herbe baise la terre au bord de ces ruisseaux,
A dessein de baiser les Nymphes de ces eaux;
Les bois baisent les bois; et ces roches cornues
Ne semblent s'élever, que pour baiser les nues....

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Ce sont les doux baisers des rayons de l'été,
Qui disposent la terre à la fécondité.

Mais, si de ces baisers les preuves te déplaisent,
Cent fois à tout moment tes paupières se baisent;
Et tu ne peux parler, en voulant m'accuser,
Que tes lèvres alors ne semblent se baiser.

AMARYLLIS, pastorale en cinq actes, de Rotrou,

1652.

. Rotrou avait d'abord fait jouer cette pièce sous le titre de Célimène, en 1633. Tristan la retoucha, et l'augmenta de l'épisode des Satyres; et elle obtint, à la reprise, plus de succès que dans sa nouveauté. On verra aussi, dans l'article de Venceslas, ce que Rotrou gagne à être retouché.

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AMASIS, tragédie de la Grange-Chancel, 1701.

Après l'Héraclius du grand Corneille, nous n'avons point de pièce mieux intriguée; mais elle est fort au-dessous de la Mérope de Voltaire: c'est le même sujet sous des noms différens. La première est une production de l'art, et la seconde est celle de la nature. L'intérêt se détruit dans Amasis, à force d'être compliqué. Il y a beaucoup de situations invraisemblables; toutes cependant sont amenées avec une entente qui fait honneur au poëte. Cette tragédie a toujours

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excité de grands mouvemens au théâtre. Jusqu'à Mérope, elle avait joui d'une réputation brillante; mais Voltaire fait voir qu'une action simple, qui se développe par degrés et sans fatigue, doit l'emporter sur une intrigue de roman, où les faits sont entassés ainsi que les situations, pour amonceler les coups de théâtre, si l'on peut parler ainsi. Ces sortes de drames réussissent aux yeux de la multitude: mais le tems et les connaisseurs assignent leurs véritables rangs. Amasis est jugé en dernier ressort comme une tragédie pleine d'art et d'esprit, mais reléguée dans le second ordre.

L'abbé Desfontaines écrivait, au sortir d'une des représentations de cette tragédie: Je viens de voir un tableau dont le dessin est bizarre, et les couleurs horribles et mal assorties ; une maison, où il y a quelque architecture singulière, mais où toutes les pierres ne sont ni bien taillées, ni bien posées. C'est un édifice qui n'est passable que de très-loin. Si vous le regardez de près, tout y est gothique et sans goût.

On a prétendu que Voltaire avait fait usage, dans sa Henriade, de deux vers qu'il a pris, dit-on, dans la tragédie d'Amasis. Voici les vers de la tragédie: Pharès dit à Sésostris, que sa mère

Ne recouvra ses sens, que pour envisager

Cinq fils, que sur le marbre on venait d'égorger.

Henri IV dit dans la Henriade:

Et je n'ouvris les yeux, que pour envisager

Les miens, que sur le marbre on venait d'égorger.

Amasis, malgré sa médiocrité, n'a pas laissé de fournir

au marquis de Maffei, le sujet de sa Mérope, sous des personnages différens.

AMATEUR (l'), comédie en un acte, en vers, Barthe, 1764.

de

Damon, père de Constance, veut marier sa fille à Valère, jeune homme qui arrive d'Italie, où il a pris une passion violente pour les beaux-arts. La peinture, la sculpture, l'architecture l'occupent uniquement. Il jouit d'une fortune considérable, dont il use généreusement en faveur des artistes. Damon, qui sans doute n'a pas le même goût, prépare une leçon à son gendre futur. Il fait faire une statue qui représente les traits de sa fille, et la vend à Valère pour une statue antique. Valère, tout connaisseur qu'il se croit, donne dans le piége. Il place la statue dans son appartement; et, en voyant Constance, il s'aperçoit enfin du tour qu'on lui a joué. Il le pardonne à Damon, en faveur des charmes de Constance, qu'il demande et obtient en mariage. Cette pièce,.qui est le coup d'essai de Barthe, est versifiée d'une manière agréable et spirituelle.

AMAZONES MODERNES (les), comédie en trois actes, en prose, avec des divertissemens, par Legrand et Fuzelier, musique de Quinault, au Théâtre - Français, 1727.

Des amourettes trop multipliées font languir cette comédie. Une foule d'amans, qui cherchent leurs maîtresses jusques dans l'Isle des Amazones, et qui se rendent maîtres de l'Isle, en font le sujet. Les details sont froids;' et, malgré la multitude des rôles de femmes, on n'y trouve ni agrément, ni variété. Toutes les scènes se ressemblent, parce qu'elles roulent toutes sur le même pivot, et n'offrent presque jamais que la même idée..

Cette

Cette pièce fut sifflée avec une gaieté et des éclats de rire, qui durent amuser médiocrement celui qui en était l'objet. Il arriva même à Legrand la mortification la plus cruelle, que puisse éprouver un auteur. Il jouait, dans sa pièce, le rôle de Maître Robert. Dans un monologue, qu'il avait à débiter vers la fin du second acte,après sa déclaration d'amour à la Générale des Amazones, qui la rejette avec dédain, il se disait à lui-même : Eh! bien, Maitre Robert, vous le voyez, avec vos idées saugrennes, eh !... vous voyez que vous n'êtes qu'un sot.Legrand fut pris au mot parle public; et toute la salle retentit des applaudissemens ironiques qu'on lui donna: un rire fou gagna tout le monde. Il faut observer que, dès le premier acte, l'on avait commence à huer la pièce assez joyeusement. Cette comédie a éte reprise au mois d'août, 1790. Malgré la dépense que les comédiens ont faite, pour tâcher de lui rendre la vie, ils n'ont pu en venir à bout; car le public ne s'est pas même donné la peine de la siffler une seconde fois : il s'est contenté de ne pas aller la revoir.

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Cette pièce a donné lieu aux réflexions suivantes : Les dames françaises, et surtout celles de Paris, étrangement abusé de la galanterie nationale, de l'esprit romanesque des hommes, de leur excessive complaisance pour les caprices d'un sexe enchanteur: elles ont singulièrement interprêté ce respect, ces égards, ces deferences pour les femmes, qui font comme la base de la politesse française; elles se sont imaginé qu'elles étaient faites pour commander, puisqu'on leur obéissait; que les hommages qu'on leur rendait étaient un aveu de leur supériorité, et que l'empire de la société leur appartenait de droit, puisque de fait elles l'exerçaient sans aucune contestation. Un écrivain célèbre se récrie beaucoup contre

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