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former; et, pendant vingt-neuf ans, elle a joui d'un succès constant au théâtre. La reine, à son mariage, lui fit présent d'une tabatière d'or, avec le portrait de S. M. Elle quitta le théâtre en 1741, avec une pension de 1500 liv. de l'Opéra, et mourut quelques années après.

La première fois que le maréchal de Villars vint à l'Opéra, après l'affaire de Dénain, en 1712, la demoiselle Antier, faisant le rôle de la Gloire dans le prologue d'Armide, lui présenta, dans les balcons du théâtre, une couronne de laurier; et le lendemain le maréchal lui envoya une tabatière d'or. La même chose est arrivée pour le maréchal de Saxe, après la bataille de Fontenoy; ce général étant dans les balcons de l'Opéra,la demoiselle de Metz,nièce de la demoiselle Antier, représentant la Gloire dans le prologue du même opéra, lui offrit aussi la couronne de laurier, que sa modestie ne lui permit d'accepter qu'avec beaucoup de peine; et ce maréchal envoya le lendemain à cette demoiselle, pour dix mille francs de pierreries, qu'il lui fit gagner, dit-on, hors du spectacle.

ANTIGONA, tragédie-opéra, paroles et musique de Coltellini, représentée à Pétersbourg, en 1772.

Cette pièce est imitée de l'Antigone de Sophocle; le dénouement nous a paru des mieux amenés : aux plus vives alarmes, il fait succéder, par une gradation presque insensible, les plus doux transports de joie; Coltellini a su s'approprier les plus beaux morceaux du poëte Grec. Son péra lui a mérité les suffrages, et même une récompense, de l'impératrice de Russie; le grand Frédéric n'a pas dédaigné de lui écrire une lettre, dans laquelle, aux éloges les plus flatteurs, ce grand prince réunit les plus sages

conseils.

ANTIGONE, tragédie de Rotrou, 1638.

Cette pièce passe pour un des meilleurs ouvrages de Rotrou. En prenant deux grands maîtres pour guides, il a réuni deux actions, dont l'une est le fonds de la Thébaïde de Sophocle, et l'autre, des Phéniciennes d'Euripide. Il fait mourir les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice, enfans de Jocaste, dès les premières scènes du troisième acte : le reste est en quelque sorte, le commencement d'une autre tragédie, et l'on entre dans des intérêts tout nouveaux. Malgré ce défaut et plusieurs autres moins essentiels, Antigone renferme de grandes beautés. Quelle force, quelle majesté, quelle expression de douleur dans Jocaste, aux prises avec ses fils qu'elle veut réunir! La haîne de Polynice, toujours soutenue par la fureur, contraste heureusement avec celle d'Étéocle, modérée par son respect pour Jocaste. Que la tendresse d'Antigone est éloquente, dans le discours qu'elle adresse à Polynice qu'elle est naturelle avec Hémon! qu'elleest généreuse, lorsqu'elle brave la mort et la politique impie de Créon! qu'elle est intéressante, au milieu du désastre de toute sa famille !

Lorsque Racine fit sa Thébaïde, dont Molière lui avait donné le sujet, il n'avait presque rien changé à deux récits admirables, qui sont dans l'Antigone de Rotrou; soit qu'il crut ne pouvoir mieux faire, soit que, Molière ne lui ayant donné que six semaines, pour achever sa tragédie, il ne lui fut pas possible de faire autrement. Mais, lorsqu'il la fit imprimer, il la mit dans l'état où elle est aujourd'hui.

ANTIGONE, tragédie de Pader d'Assézan, 1686.
Cette pièce est assez bien conduite, et les caractères

ne

ne sont pas mal rendus. Celui d'Antigone est un peu pleureur ; mais il ne pouvait guère être autrement, en lui donnant cette piété, que les anciens avaient pour la sépulture des morts. L'épisode d'Ismène sert à préparer le dénouement, qui néanmoins est trop précipité.

ANTIGONE, opéra-lyrique en trois actes, de Marmontel, musique de Zingarelli, 1790.

Le sujet de cet ouvrage est la piété fraternelle pour un cadavre, privé de sépulture: ce sujet, qui avait de l'intérêt pour les anciens, en a bien peu pour les modernes. Antigone ne réussit point; on applaudit seulement quelques beaux endroits de la musique.

ANTIGONE, tragédie en cinq actes, en vers, au Théâtre-Français, 1787.

Cette pièce est imitée de l'Antigone de Sophocle, et fait suite aux Frères Ennemis de Racine. A l'instant où Antigone se flatte de voir ses fières réunis, elle apprend de Créon, et leur combat et leur mort. Créon, devenu roi de Thèbes, pour obéir aux lois du pays, et pour venger la mort de son fils tué par Polynice, le condamne à être privé de la sépulture. Antigone l'apprend : réduite au désespoir, elle n'a plus d'autre moyen que de chercher à séduire ses gardes; elle y parvient. Alors elle met le corps de son frère sur le bûcher, et en rapporte les cendres dans une urne. Créon, informé qu'on a enfreint ses ordres, condamne le coupable à la mort. Hémon, amant d'Antigone et fils de Créon, se déclare coupable: mais Antigone prouve qu'elle seule a rendu les derniers devoirs à son frère. Hémon fait d'inutiles efforts pour attendrir son père, et va jusqu'à cer. Alors Créon le fait arrêter. Déjà le supplice

le menacer.

T

d'Antigone est prêt: mais à l'instant, où elle va recevoir la mort, Hémon, tiré de sa prison par ses amis, arrive et sauve la princesse. Il veut l'entraîner loin de Thèbes ; mais les soldats s'y opposent. Dans cette conjoncture, la princesse s'arrache de ses bras, et s'engloutit vivante dans la tombe. Hémon au même instant se perce de son glaive. Créon vient apporter le pardon d'Antigone: soins tardifs! Il voit son fils et la princesse privés de la vie, et tombe accablé de douleur.

L'on trouve de beaux détails dans le premier acte; mais il est odieux que Créon fasse apporter le corps d'Étéocle, et le laisse aussi long-tems exposé aux yeux des spectateurs. Les deuxième et troisième actes sont assez forts: ce qui nous fait croire que l'auteur aurait bien fait de s'en tenir-là.

ANTILLY (N. Bertin d'), auteur de plusieurs pièces de théâtre, parmi lesquelles on distingue l'Ecole de l'Adolescence.

Ses ouvrages offrent presque toujours un plan bien conçu, et souvent un style comique.

ANTIOCHUS, tragédie de Thomas Corneille, 1666. Cette pièce, quoiqu'assez bien composée pour le plan et la marche dramatique, est une des plus froides de cet auteur qui, au lieu du sentiment, y a mis du galimathias. Le dénouement se fait par une boîte à portrait, trouvée par Arsinoé, et qu'elle présente à Séleucus, déjà résolu à céder à son fils Antiochus la princesse Stratonice.

ANTIOCHUS ÉPIPHANE, tragédie en cinq actes au Théâtre-Français, 1806.

et en vers, par M.....

Cette pièce, Sifflée à la première représentation, fut traitée avec moins de justice que de rigueur.

ANTIOCHUS ET CLEOPATRE, tragédie de Deschamps, 1717.

Le premier et le second actes de cette pièce ne sont pas sans mérite; mais les trois derniers n'y répondent pas, surtout le cinquième, qui est le plus défectueux. Le sujet paraît simple par lui-même ; mais l'auteur l'a embrouillé, et fort mal dénoué. Les caractères sont tous hors de la nature, excepté celui de Cléopâtre, qui est encore cette fameuse Cléopâtre de la tragédie de Rodogune.

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ANTIPATER, tragédie de Portelance, 1751.

Hérode, roi de Syrie, avait deux fils; Alexandre, fils › de Marianne, et Antipater, fils de Doris. Ce roi cruel avait fait mourir ses deux épouses; et Alexandre était celui de ses deux fils qui devait lui succéder: c'était un prince vertueux. Antipater, au contraire, joignait à la cruauté de son père une ambition démesurée. Il forme le dessein de monter sur le trône; et, pour y réussir, il accuse son frère de trahison. Hérode ajoute foi à la calomnie; il fait mourir son fils Alexandre; et Antipater n'a plus qu'un obstacle à vaincre, pour régner. Il ne balance pas sur le parti qu'il doit prendre. Il prétend porter le poignard dans le sein de son père. La mort de sa mère en est le prétexte; mais son ambition excessive en est la véritable cause. Il se présente donc, pour achever le parricide qu'il médite. Il avait fait part de son projet à son confident, et celui-ci en avait témoigné de l'horreur. Antipater vit bien qu'il lui en

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