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APPARENCES TROMPEUSES (les), ou LES MARIS INFIDÈLES, comédie en trois actes, en vers, par Hauteroche, 1673.

Pour corriger un mari peu fidèle, et l'obliger à marier sa sœur, son épouse cherche à lui inspirer de la jalousie. C'est le même sujet que Campistron a depuis traité dans le Jaloux Désabusé. Il a encore beaucoup de rapport avec le Cocu Imaginaire de Molière, et surtout avec le Gentilhomme Guespin de Visé. Ce dernier avait employé le même moyen, pour ramener un époux à son devoir, et marier une fille qu'on retenait dans le célibat. Des quatre comédies que je viens de citer, celle de Visé est la plus faible; mais on condamne l'action languissante, les scènes décousues, et la liberté indécente de celle d'Hauteroche.

APPARENCE TROMPEUSE (l'), comédie en un acte, en prose, de Guyot de Merville, au ThéâtreItalien, 1744·

C'est la meilleuré pièce, que cet auteur ait donnée au public. Elle l'emporte sur son Consentement Forcé, qui reçut un accueil défavorable au Théâtre-Français. Rien n'est plus naturel et plus heureux que le sujet de cette petite comédie, dont le dialogue est partout vif et agréable, et le plan, aussi bien tracé que rempli. Il est vrai que le dénouement s'annonce de lui-même ; mais, selon la judicieuse remarque de Fontenelle, dénouement, prévu par les spectateurs, n'est pas défectueux, quand il ne l'est point par les acteurs de la pièce.

un

APPELLES, acteur tragique, florissait sous le règne

de Caligula, auquel il plut tant, qu'il le mit au nombre de ses conseillers, tout comédien qu'il était. Un jour cet empereur, voulant éprouver son attachement pour sa personne lui montra une statue de Jupiter , en lui demandant qui était le plus grand de ce dieu ou de lui Caligula; Appelles ayant hésité, l'empereur le fit fouetter cruellement, et le fit tourner pendant deux heures sur

une roue.

APPLAUDISSEMENS. On a souvent élevé la question de savoir, s'il ne serait pas utile de supprimer, dans nos spectacles, les applaudissemens et les acclamations. Le spectateur, livré tout entier au prestige de l'illusion, voit avec déplaisir qu'un bruit finattendu l'arrache du milieu d'Athènes ou de Rome, et le remette froidement à sa place. Quelle sensation pénible n'éprouve-t-il pas d'ailleurs, lorsque le sentiment, que des vers tendres ou énergiques commençaient à lui inspirer, se trouve suspendu, repoussé et refroidi par un tumulte indécent, qui coupe une tirade dans l'endroit le plus intéressant, interrompt le rôle de l'acteur, et le laisse la bouche béante, jusqu'à ce qu'il ait plû au public de se taire, pour qu'il reprenne ses son 'ton et son attitude! Mais il faut dire aussi que, supprimer les applaudissemens, ce serait enlever, à l'auteur et au comédien, le prix le plus flatteur qu'ils aient à recueillir, quoique par fois ce soit pour eux un revenu indivis. Il faudrait donc au moins que le public daignât s'occuper de cet objet, et réglât les acclamations et les applaudissemens au théâtre.

vers,

Chez les Romains , pour qui rien, de ce qui intéressait les besoins et les plaisirs du peuple n'était indifférent, il y avait des lois pour les applau

,

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dissemens, aux spectacles de la scène et du cirque. Mais ils avaient imaginé un singulier moyen d'empêcher le tumulte à cet égard; c'était de donner à une compagnie particulière le privilége exclusif d'applaudir, suivant des règles fixees. Néron, prince, histrion et acteur trop funestement tragique, avait établi plusieurs troupes de jeunes gens forts et vigoureux, qui s'acquittaient avec art des applaudissemens. On les appelait Juvenes, et ils avaient pour chefs des directeurs, qualifiés des titres de Curatores, Magistri lusús juvenum ou juventutis, auxquels ce singulier emploi valait 40,000 sesterces, ou environ 5,000 livres de notre monnaie. (Suétone, Vie de Néron, C. 20. Tacit. Annal. Dion Cassius, etc.) Il en est souvent fait mention dans les inscriptions (Gudius, Inscript. p. 49, num. 9). Mais, d'après cet usage bi-, Zarre les entrepreneurs d'applaudissemens étaient donc les interprètes-nés du goût du public? Il lui fallait donc entendre applaudir en son nom ce que souvent sans doute il sifflait tout bas? et puis, les petites intrigues ne pouvaient-elles pas faire mouvoir les mains de la compagnie, qui applaudissait par privilége? C'était donc àpeu-près comme de nos jours. Il paraît aussi que cette institution n'empêchait pas toujours le tumulte; car, c'est sans doute pour y mettre ordre, que fut portée cette loi, que les interprètes n'ont pas trop entendue.

,

Certains particuliers, qui prennent vulgairement le nom de jeunes gens, ont continué, dans quelques villes, à se livrer aux acclamations turbulentes de la multitude. S'ils ne font rien de plus, et s'ils n'ont pas encore été repris par le gouverneur, on les renverra, après les avoir bàtonnés, ou même on leur interdira les spectacles. Loi 28, paragraphe 3, au Digeste, de pænis.

Voici

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Voici des vers, qui doivent naturellement trouver ici

leur place:

Jamais les applaudissemens

N'auront, je crois, d'effet funeste;
Ces sons flatteurs, ces sons charmans
Ont une origine céleste :

Car, lorsque le grand Jupiter
Eut fait, par un souffle suprême,
L'onde, le feu, la terre et l'air,
Il s'applaudit lui-même.

Nos vers survivront à l'airain,
» Disaient Virgile, Ovide, Horace :
» Applaudissons-nous; c'est en vain
» Que la faulx du tems nous menace. »
Et, tout en chantant ce refrein,
Ils claquaient de si bonne grâce,
Que le bruit de leurs coups de main
Dure encore an Parnasse.

Et Térence, on sait par quels mots
Il finit la dernière scène
D'Héauton - Timoruménos,
De l'Eunuque et de l'Andrienne:
« Oui, dit-il, peuple citoyen,
Je suis jaloux de ton suffrage;
Bonjour, bonsoir, porte-toi bien;
» Mais claque mon ouvrage. »

Le Mierre aux loges se portait,
Pour applaudir sa propre pièce;
Et, si quelqu'un l'en plaisantait,
Il répondait avec rudesse :

« Si je me claque à tour de bras,
» C'est qu'il n'est point d'ami fidèle,

Qui m'applaudisse, en pareil cas,
» Avec autant de zèle. »

D'après ces exemples divers,
Amis, faisons tous la partie,
Lorsque nous publìrons des vers,
De mettre à part la modestie.
Loin de résister à l'orgueil,
Livrons-nous à sa douce attaque :
L'humilité, qui baisse l'œil,
Ne vaut pas une claque.

Auteurs, acteurs sont peu flattés,
Chez Melpomene et chez Thalie,
De cet petits bravos flûtés,

Qui nous sont venus d'Italie :

Il faut, si l'on veut, tous les soirs,
Que leur oreille se régale,

Par des mains, comme des battoirs,

Faire trembler la salle.

Pour moi, qui ne suis point gonflé
Du venin de la noire envie,
Et qui, Dieu merci, n'ai sifflé
Aucun poëte de ma vie;

Je vais vous faire, en ce moment,
Part de ma remarque sincère;
« Applaudissez-moi librement;
» Je vous le reuds, mes frères.

APRÈS-SOUPER DES AUBERGES (l'), comédie en un acte, en vers, par Raymond Poisson, 1665.

Cette pièce n'est qu'une suite de conversations bizarres, dans laquelle on ne trouve d'autre action que le jeu des marionnettes, dont un Gascon régale la compagnie. Ceux qui aiment le jargon normand, gascon, flamand, et les efforts que fait une vicomtesse provinciale, pour grasséyer avec grâce, peuvent s'amuser de cette bagatelle.

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