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qu'ils veulent sortir de leur étroite sphère. Ce roi postiche parut; il fut sifflé effectivement; mais, sans se déconcer→ ter, il regarda fixement le parterre, et lui dit : Je ne vous conçois pas. Devez-vous imaginer que, pour six cents livres qu'on me paie par année, j'irai vous donner une voix de mille écus?

ARICIDIE, ou LE MARIAGE DE TITE, tragi-comédie de Levert, 1646.

Tite, destiné par l'empereur Vespasien, son père, à épouser Zaratte, fille de Vologèse, roi des Parthes, refuse de consentir à cet hymen, et souhaite d'être uni avec Aricidie, fille de Tèrtulle, capitaine des cohortes prétoriennes, qu'il aime et dont il est aimé. Vespasien, qui veut tenir sa parole au roi des Parthes, défend à Tite de songer à Aricidie, et lui ordonne de se préparer à donner la main à Zaratte. Aricidie, en généreuse amante, sacrifie son amour et son ambition au bien de l'empire, et consent que Tite se donne à Zaratte. Cette dernière, frappée des nobles sentimens de sa rivale, pour reconnaître ce grand effort, engage Vespasien à consentir que Tite épouse Aricidie; et elle est unie à Domitien, second fils de l'empereur.

On fut scandalisé, à la représentation de cette pièce, de quatre vers que voici :

Les faveurs, qu'on accorde aux princes comme lui,
Sont exemptes de blâme et de honte aujourd'hui.
Tout ce qu'on leur permet, n'ôte ríen à l'estime;
Et la condition en efface le crime.

ARICIE, ballet de cinq entrées, paroles de Pic, musique de la Coste, 1697.

A l'une des représentations de cet opéra, un fat chantait dans le parterre, en même tems que Thévenard, et si haut,

qu'il incommodait tous ses voisins. L'un d'eux, Gascon, moins endurant que les autres, disait à chaque instant : le fat! le maudit chanteur! le bourreau! le chien de chanteur! et d'autres termes même plus énergiques. Est-ce de moi que vous parlez, lui dit le chanteur fâcheux! Non, répliqua le Gascon, c'est de Thévenard, qui m'empêche de vous entendre.

ARIE ET PÉTUS, ou LES AMOURS DE NÉRON, tragédie de Gilbert, 1659.

C'est l'histoire de ces deux époux, qui se sont immolés eux-mêmes , pour se soustraire aux violences de Néron. Ce prince presse Arie d'accepter sa main, et ajoute qu'il . veut bien s'en remettre au jugement du premier arbitre, qu'elle voudra choisir. Arie accepte la proposition, et déclare qu'elle prend pour juge, celui qui est renfermé dans son cabinet. La porte s'ouvre, et l'on voit paraître Pétus, que l'empereur croyait alors loin de Rome, et sur la route de la Grande-Bretagne, dont il venait d'être nommé gouverneur. Ce coup de théâtre est assez frappant. A la dernière scène, Sénèque vient faire le récit de la mort de Pétus et d'Arie. Néron, agité par ses remords, chasse Pétrone et Tigillin, et s'abandonne à des fureurs, qui terminent la pièce.

ARIE ET PÉTUS, tragédie de mademoiselle Barbier,

1702.

Agrippine ouvre la scène, avec ce ton impérieux, qui annonce la fierté de son caractère, et elle presse Claude de ne plus différer à lui donner sa main. Ce prince trouve de nouveaux délais, dans la découverte d'une conspiration contre sa personne. Le vrai motif est son amour pour Arie,

fille de Silanus, que Claude a fait mourir injustement. Sa déclaration est rejetée, avec cette fierté qui convient, quand la main qu'on refuse est teinte du sang d'un père malheureux. Animée du désir de venger cette mort, Arie engage son amant Pétus à immoler l'empereur. Pétus n'écoute que la voix de la tendresse. Il conspire contre Claude, mais la conspiration est découverte. Arie épouse Pétus, et se rend avec lui vers le camp des conjurés. Ils sont arrêtés dans leur fuite. Claude avoue à Agrippine qu'Arie est sa rivale. La fureur, la jalousie, la politique se succèdent dans l'âme de cette princesse. L'empereur, toujours plus épris des charmes d'Arie, parle en maître qni veut être obéi. La triste Arie, obligée de consentir à l'exil de Pétus, ou de le voir périr, découvre le secret de son mariage, et demande la permission de voir son époux; c'est dans cette entrevue, qui fait le dénouement de la pièce, qu'à l'exemple d'Arie, Pétus se tue d'un coup de poignard.

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Il se répandit dans le monde que cette tragédie était de Pellegrin. Mlle. Barbier cria à l'injustice; et, pour détruire un soupçon si injurieux, elle fit représenter Cornélie, l'année suivante. Le public vit cette pièce avec plaisir mais c'était toujours à l'abbé Pellegrin qu'il en attribuait la gloire. En vain fit-elle depuis une comédie, deux tragédies, trois opéras ; plus elle donnait de preuves de fécondité, plus on s'opiniâtrait à la croire stérile. Il est vrai que l'abbé Pellegrin, à qui l'on faisait honneur de ces ouvrages, était pauvre; il avait plus besoin d'argent que de gloire; mais il reste à savoir, si Mlle. Barbier était, ou assez riche pour les acheter, ou assez belle pour les avoir sans être riche.

Les comédiens firent, au sujet de cette tragédie, un réglement par lequel ils délibérèrent de joindre une petite pièce aux grandes, dès leur première représentation; sans que cela pût tirer à conséquence pour les tragédies nouvelles, qui seraient représentées en hiver. L'usage avait été jusqu'alors de n'ajouter les petites pièces, que lorsque l'empressement du public paraissait se ralentir..

ARIETTE. Ce diminutif, venu de l'Italie, signifie proprement petit air; mais le sens de ce mot a changé en France, et l'on y donne le nom d'ariette, à de grands morceaux de musique, d'un mouvement pour l'ordinaire assez gai, qui se chantent avec des accompagnemens de symphonie.

ARIODANT, opéra en trois actes, par Hoffmann, musique de Méhul, à l'Opéra-Comique, 1799.

Voici le sujet de cette pièce, puisée dans l'Orlando Furioso. Ariodant, jeune chevalier, est près d'épouser une personne belle, et vertueuse, lorsqu'Othon, son rival, lui fait voir un homme, entrant la nuit chez sa maîtresse : Ina, prévenue d'avoir laissé s'introduire de nuit son amant chez elle, est citée pour ce crime devant un tribunal, présidé par son père. Elle paraît, couverte d'un voile ; et, sur son refus de répondre aux diverses interrogations, elle va être condamnée. Le calomniateur se présente alors, et la réclame comme son épouse: mais tout-à-coup l'accusée se lève, pour le démentir; et, découvrant le voile qui cache sa figure, fait voir aux spectateurs la suivante d'Ina, qui avait osé prendre les habits de sa maîtresse pour fasciner les yeux du trop crédule Ariodant. Le traître Othon, convaincu de félonie, est tué en duel par le frère d'Ariodant;

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d'Ariodant; Ina épouse son amant, et la suivante obtient son pardon, en faveur de son repentir.

Les paroles et la musique de cet ouvrage ont obtenu un succès mérité. (Voyez MONTANO ET STÉPHANIE).

ARIOSTE (Louis) naquit à Reggio, en 1474, d'une famille alliée au duc de Ferrare. L'ouvrage, qui l'a immortalisé, est son poëme de Roland le Furieux. Il composa cinq comédies, où l'on trouve beaucoup d'art et de comique. On les compara, dans leur naissance, à celles de Plante et de Térence. Celle qui a pour titre, les Supposés, fut la plus applaudie, et l'est encore en Italie.

ARIOSTE, ou LE TRIOMPHE DU GÉNIE, vaudeville en un acte, par MM. Desfaucherets et Roger, au Théâtre du Vaudeville, 1799.

Arioste, épris des charmes d'Alexandra, ne peut la voir que difficilement: il la prie, si elle approuve son amour de mettre une rose dans la main d'une statue de Minerve. Occupée de sa flamme, et munie de la rose, Alexandra vient se reposer dans le jardin, auprès de cette statue; son père la rejoint; et, sans se douter de l'amour de sa fille, prend la rose, et la place dans les doigts de Minerve. Arioste, au comble de ses vœux, s'empresse d'accourir, lorsque des brigands, qui se sont introduits dans le jardin du père d'Alexandra, s'emparent de celui-ci, et vont l'emmener avec Arioste; mais à peine a-t-on prononcé le nom de ce grand poëte, que tout-à-coup ces brigands extraordinaires tombent à ses pieds. Ce témoignage de considération et de respect émeut le père, qui n'a rien de mieux à faire, que de consentir à l'hymen de sa fille avec Arioste.

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