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Alexandre aime Orphale: Aristote fait de grandes représentations à son diciple, sur son goût pour ce sexe trop séducteur. Orphale, pour se venger de l'austère philosophe, entreprend de triompher de sa morale. Elle n'employe d'autres armes que sa beauté, et amène Aristote au point de se laisser atteler à un char, et de consentir à la traîner.

Le sujet est pris d'un de nos vieux fabliaux, emprunté d'un conte arabe, et depuis imité par Marmontel. Les auteurs en ont tiré tout le parti possible. Leur pièce, pétillante d'esprit, fourmille de traits plaisans, et d'allusions fines et délicates aussi a-t-elle eu le succès le plus brillant.

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ARISTOTIME, tragédie de Levert, 1642.

Aristotime, tyran d'Élée, n'est pas satisfait d'avoir usurpé la suprême puissance, et de l'avoir affermie par le mariage de Myrone, sa fille, avec Anaxandre, fils d'Antigone, son protecteur : il veut encore assujétir le cœur de la vertueuse Mégiste. Les conseils de Myrone et les menaces du tyran ne peuvent rien sur cette femme forte, prête à voir égorger Ariston son jeune fils. La fortune change; Aristotime tombe au pouvoir des conjurés; Anaxandre sert de première victime à la fureur du peuple, qui demande, avec instance, la mort d'Aristotime et de sa fille. Ce prince paraît dans une salle tendue de noir, au fond de laquelle on voit le cercueil de son malheureux gendre. Il déclare à Myrone qu'il s'est empoisonné: malgré sa défense, cette dernière veut l'accompagner au tombeau, et choisit le poignard, comme le moyen le plus prompt de terminer sa vie infortunée.

ARLEQUIN, personnage qui, dans la comédie ita

lienne, fait le rôle de bouffon, pour divertir le peuple par des plaisanteries. Nous l'avons introduit sur nos théâtres ; et il joue un des principaux rôles, dans les pièces françaises qu'on représentait sur le Théâtre Italien.

Quelques-uns prétendent que l'Arlequin est un personnage, qui vient des anciens mimes Latins, qui avaient, comme lui, la tête rasée, et que l'on appelait Planipèdes.

Sanniones mimum agebant, rasis capitibus, fuligine faciem obducti, dit Vossius. Les bouffons représentaient les Mimes, la tête rasée, et le visage couvert de suie. Rien ne ressemble plus à notre Arlequin.

Le mot de sanniones, bouffons, paraît encore d'une grande autorité. L'Arlequin et le Scapin s'appellent encore Zanni, dans toute l'Italie ; et Zanni dérive évidemment du mot Sannio. (Voyez ZANNI, SANNIO.)

Cicéron dit, de Oratore: Quid enim potest tam ridiculum quàm Sannio esse, qui, ore, vultu, imitandis motibus, voce, denique corpore ridetur ipso? Ces traits ajoutés aux précédens, semblent ne rien laisser à désirer. au portrait d'Arlequin.

L'ancien caractère de l'Arlequin était seulement d'être balourd et gourmand: mais les modernes, et surtout les auteurs français, lui ont donné de l'esprit, et même de la morale, avec beaucoup de simplicité. On peut voir ce que cet heureux mélange produit dans Arlequin sauvage, et Timon le misantrope.

Quelques-uns prétendent que ce nom doit son origine à un fameux comédien Italien, qui vint à Paris, sous le règne de Henri III. Comme il fréquentait familièrement la maison du président de Harlai, qui lui avait accordé ses bonnes grâces, ses camarades l'appelaient, par dérision

ou par envie, Arlequin, le petit Harlai. Mais ce récit a tout l'air d'une fable, et ne paraît pas s'accorder avec les mœurs graves et austères du premier président de

Harlai.

Arlequin, parlant de noblesse, dans une comédie, disait que, si Adam s'était avisé d'acheter une charge de secrétaire du roi, nous serions tous gentils-hommes. Il disait encore autrefois les gens de qualité savaient tout, sans avoir jamais rien appris ; mais, à présent ils apprennent tout, sans rien savoir.

Arlequin, obligé de raconter la mort de son père, dit : hélas ! dispensez-m'en; le pauvre homme mourut du chagrin de se voir pendre.

Un jour, il n'y avait presque personne à la Comédie Italienne: Colombine voulait dire tout bas un secret à Arlequin: Parlez haut, lui dit cet acteur, personne ne nous entend.

On défendit la musique, aux Italiens. Un âne parut sur le Théâtre, et se mit à braire: Taisez-vous, insolent', lui dit Arlequin, la musique nous est défendue...

ARLEQUINADE.

On pourrait donner l'analyse de mille à douze cents Arlequinades; mais elles exigeraient deux volumes, qui n'offriraient rien de neuf et d'intéressant. L'on sait que, partout où il se trouve un Arlequin, il y a un Gilles, son éternel rival; on devine que Gilles, d'abord préféré par Cassandre, finira par être éconduit, et cédéra la place à Arlequin. C'est-là le thême des mille et un canevas, représentés en France', depuis l'établissement des Théâtres forains jusqu'à ce jour. La famille des Cassandres est pour le Vaudeville, ce que fut, pour les Théâtres de la Grèce,

et ce que sera long-tems encore pour notre scène tragique, la famille des Atrides..

Si parva licet componere magnis.

Il y a long-tems que le personnage fantastique d'Arlequin n'est regardé, par les bons esprits, que comme une caricature du plus mauvais goût, et faite plutôt pour être admise sur un théâtre encore dans son enfance, que pour être tolérée sur une scène raisonnable, et dans un siècle de philosophie. L'ingénuité, les grâces, le naturel, les mouvemens simples et moelleux, la gesticulation intéressante, et pour ainsi dire enfantine; en un mot, tous les moyens propres au comique conventionnel, qui appartient à ce personnage, et dont la nature et l'art avaient entouré le célèbre Bertinazzi, faisaient oublier les réflexions les plus saines et les mieux fondées. La raison et le goût parlaient en vain ; le rire leur imposait silence, et le critique le plus sourcilleux, après avoir aperçu Carlin, se trouvait force de dire, comme le Baliveau de la Métromanie:

J'ai ri, me voilà désarmé.

Il n'en est plus de même aujourd'hui ; le personnage est à nu; ce qu'il a de choquant et d'invraisemblable n'est plus déguisé, ou caché par les ressources inépuisables d'un talent, aussi agréable qu'extraordinaire ; et son règne est passé. Nous n'ignorons pas qu'il lui reste encore des partisans; mais ils sont en petit nombre; et, quelques efforts que l'on fasse, il est à présumer qu'on ne verra bientôt plus, sur la scène française, un personnage, emprunté des bouffonneries italiennes, et digne, en effet, d'un théâtre dégénéré.

ARLEQUIN-AFFICHEUR, comédie-parade en un

acte, par MM. de Piis, Desfontaines et Barré, au Théâtre du Vaudeville, 1792.

C'est une des plus jolies productions des auteurs, à qui le Vaudeville doit une grande partie de sa fortune. On joue ordinairement ce petit ouvrage, à la première représentation des pièces nouvelles.

ARLEQUIN, APPRENTIF-PHILOSOPHE, comédie, en vers libres, en trois actes, avec un divertissement, par Davesne, aux Italiens, 1733.

Le rôle d'Arlequin, qui devait être le principal, n'est qu'épisodique. Tout le mérite de l'ouvrage est dans le style, qui l'a soutenu pendant quelques représentations.

ARLEQUIN AU SÉRAIL, comédie en un acte, en prose, avec un divertissement, par Saint-Foix, aux Italiens, 1747.

Octave s'introduit dans le sérail d'un pacha, où il sait qu'est renfermée Angélique qu'il aime, et qui a été enlevée par des corsaires. Octave est parvenu à inspirer la plus grande vénération au pacha, et l'opinion, qu'on a conçue de son art magique, le laisse sans inquiétude. Arlequin, n'est pas, à beaucoup près, aussi tranquille; mais Octave calme ses craintes, lui fait prendre les habits d'Angélique, persuade au pacha que cette fille a été ainsi métamorphosée, et sort du sérail avec elle et Arlequin, que le pacha ne cherche point à retenir. L'idée de cette pièce ne pouvait être plus singulière, ni l'exécution plus analogue au sujet, qui porte uniquement sur la crédulité imbécille du pacha. Un tel fondement n'a rien qui choque la vraisemblance.

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