Images de page
PDF
ePub

sous le nom de l'Aventure du Duc de Bourgogne. Le Père du Cerceau, jésuite, en composa une comédie intitulée: les Incommodités de la Grandeur, qu'il fit représenter au collège de Louis-le-Grand; elle fut, peu de jours après, jouée devant le roi, au palais des Thuileries, par les pensionnaires de ce collége, du nombre desquels étaient les ducs de la Trémouille, de Mortemar, de Charost, etc. Revenons à l'aventure du Duc de Bourgogne. Ce prince nommé Pilippe le Bon, se promenant un soir à Bruges trouva dans la place publique, un homme étendu sur le pavé, où il dormait profondément; il le fit enlever et porter dans son palais, où, après qu'on l'eut dépouillé de ses haillons, on lui mit une chemise fine et un bonnet de nuit, et on le coucha dans le lit du prince. Cet ivrogne fut bien surpris, à son réveil, de se voir dans une superbe alcove, et environné d'officiers. On lui demanda quel habit son Altesse voulait mettre ce jour-là. Cette demande acheva de le confondre ; mais, après mille protestations, qu'il n'était qu'un pauvre savetier, et nullement un prince, il prit le parti de recevoir tous les honneurs, dont on l'accablait : il se laissa habiller, parut en public, entendit la messe dans la chapelle ducale, y baisa le missel; enfin, on lui fit faire toutes les cérémonies accoutumées. Delà il passa à une table somptueuse; ensuite au jeu, à là promenade et à d'autres divertissemens. Après le souper, on lui donna un bal. Le bon homme, ne s'étant jamais trouvé à pareille fête, prit libéralement le vin qu'on lui présenta, et but si largement, qu'il s'enivra de la bonne manière ; ce fut alors que la comédie se dénoua. Pendant qu'il cuvait son vin, le duc le fit revêtir de ses guenilles, et reporter au même lieu, d'où on l'avait enlevé. Après y avoir dormi toute la nuit, il s'éveilla, et s'en retourna chez lui racon

ter à sa femme, comme un rêve, tout ce qui lui était

arrivé.

ARLEQUIN TOUT SEUL, vaudeville en un acte, par M. Dupaty, au Vaudeville, 1798.

Gilles a parié cinquante écus avec Arlequin, qu'il ne restera pas vingt-quatre heures chez lui, sans sortir; pendant qu'Arlequin reste enfermé, Gilles s'en va trouver Cassandre, et redouble d'efforts, pour le déterminer à lui donner Colombine. Au bout des vingt-quatre henres, Arlequin veut sortir; mais Gilles, qui n'est pas tout-à-fait Gilles, a pris la précaution de l'enfermer; alors, Colombine lui fait apporter un pâté, qui renferme une échelle de corde, au moyen de laquelle le prisonnier s'évade. Colombine parvient à disposer Cassandre, son père, en faveur de son amapt; Gilles est éconduit, et Arlequin épouse sa Colombine.

ARLEQUIN-TRAITANT, opéra comique en trois actes, en prose et en vaudevilles, par d'Orneval, à la Foire Saint-Laurent, 1716.

Cette pièce doit son succès à la chambre de justice, qui venait d'être établie pour juger les traitans. Arlequin, nouveau parvenu, et sorti du rang le plus bas, se trouve le rival de Léandre. Ses richesses lui font donner la préfé-, rence; et le docteur, père d'Isabelle, ne veut pas que sa fille ait un autre mari qu'Arlequin. Un généalogiste propose à ce dernier de l'ennoblir, et de lui fabriquer des afmes, convenables à sa haute fortune. Une aventurière lui demande un emploi pour son mari; enfin, Belphegor vient sommer Arlequin de se rendre avec lui aux enfers, conformément au pacte qu'il a fait avec lui, lorsqu'il lui demanda des

richesses. La scène représente le Tartare, où l'on voit plusieurs personnes, telles qu'un Gascon, un Poëte, un Médecin, etc., en proie à différens supplices. Le poëte éprouve le tourment de Sisyphe, pour le punir de toutes les pièces tombées, qu'il a faites dans sa vie. Arlequin faisait, dans cet endroit, le mauvais lazzi de montrer au doigt un homme, assis parmi les spectateurs, qui se levait en colère, et lui donnait de ses gants par le visage. La garde venait sur le théâtre; ce qui laissait le public dans l'attente d'un événement sérieux, qui se terminait cependant par une mauvaise plaisanterie; car, l'offensé n'était autre qu'un acteur, qui se découvrait, et faisait rire les spectateurs de leur bévue.

ARLEQUIN, VALET DE DEUX MAITRES, comédie italienne en cinq actes, de Goldoni, aux Italiens, 1763.

On ne peut guère rendre compte de pareilles pièces, écrites en langue étrangère, et dont le héros est Arlequin, qui varie ses rôles, et les rend à sa fantaisie. On ne conçoit guère, disait un Journaliste du tems, pourquoi les Italiens ont gratifié d'une pension de deux mille écus un auteur, qui ne leur est pas d'une plus grande utilité. On espérait que le sieur Goldoni monterait sur les planches; apparemment que sa qualité d'avocat ne lui a pas permis cette incartade, ou qu'il ne présume pas assez de ses talens.

ARLEQUIN, VENDEUR DE CHANSONS, canevas italien en trois actes, aux Italiens, 1716.'

Cette pièce est une des plus anciennes et des plus comiques du Théâtre Italien. Dominique le fils la rendit longtemps fameuse sur les théâtres de la Foire, pendant l'intervalle qui sépara l'ancien Théâtre Italien du nouveau ; elle

a été dialoguée aux Français, et jouée avec beaucoup de succès dans la province.

ARMAND (François - Huguet), plus connu sous le nom seul d'Armand, né à Richelieu, en 1699. Il fut tenu sur les fonds de baptême, au nom du maréchal de Richelieu, qui n'était alors guère plus âgé que son filleul. L'abbé Nadal le plaça chez un notaire à Paris; mais un penchant décidé, pour les plaisirs et pour le théatre, lui fit abandonner cette carrière. Après diverses aventures dignes de Gilblas, il joua la comédie en Languedoc, et revint ensuite à Paris, où il débuta sur le Théâtre de la Comédie française, en 1723, par le rôle de Pasquin, dans l'Homme à bonnes fortunes. La nature lui avait donné le masque, le plus propre à caractériser les talens d'un valet adroit et fourbe; c'est principalement dans ce rôle qu'il excellait ; on le grava sous le personnage de Carondas, au moment où, à l'exemple du valet de Zénon, il volait le philosophe son maître, par un mal-entendu de philosophie, Ce rôle, dans la comédie des Philosophes; celui de Fabrice, dans P'Écossaise; et celui du Garçon libraire, dans la Présomption à la mode, furent les derniers qu'il représenta dans les pièces nouvelles. Ce comédien mourut à Paris, en 1765. Il s'était retiré du théâtre, peu de temps avant sa mort, avec une pension du roi, après quarante-deux ans de ser vice. Il était le doyen des comédiens français.

Le caractère de cet excellent acteur était de voir tout gaiement; et, dans les affaires les plus sérieuses, il ne pouvait se refuser une plaisanterie. Il narrait d'une façon à faire distinguer les différens interlocuteurs, qu'il mettait en action dans ses récits; il imitait leur voix, leurs moin

[ocr errors]

dres gestes; on eût dit que Scarron l'avait deviné dans le personnage de la Rancune.

Il était harcelé depuis long-temps par un petit bossu, qui se faisait un malin plaisir de le contrarier, et qui souvent, lorsqu'il était en scène, le déconcertait par la causticité de ses réflexions. Ennuyé de cet acharnement à le poursuivre, Armand résolut de s'en venger. En conséquence, sans en prévenir le bossu, il fait louer la loge, que celui-ci occupait ordinairement, distribue séparément sept billets aux sept bossus, les plus éminens qu'il peut rencontrer, et prévient l'ouvreuse de loges de laisser entrer, pour occuper la huitième place, le bossu qui venait d'habitude. Tous les bossus arrivent les uns après les autres ; et le public de rire de cette facétieuse réunion: mais ce fut surtout à l'arrivée du bossu habitué, que les ris redoublerent; jamais rien n'avait paru aussi bouffon sur la scène, que ces huit bossus, qui s'examinaient les uns les autres. Le petit bossu mystifié n'osa plus reparaître dans la loge; car, lorsqu'il essaya d'y revenir, il excita toujours un violent brouhaha. Ce fut ainsi qu'Armand eut les rieurs de son côté ; ce qui n'arrive pas toujours aux plaisans de pro-fession.

ARMAND (M.), acteur du Théâtre Français, 1808. Il a débuté à la Comédie Française, sur le théâtre de la rue Feydeau, dans la comédie des Femmes, et dans l'Héroïsme filial de Dumoustier. Doué d'une figure agréable et d'une taille avantageuse, cet acteur, en dépit d'une prononciation ingrate, remplit avec intelligence les rôles de petits-maîtres, double souvent, et remplace quelquefois • successeur de Molé.

« PrécédentContinuer »