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ARMAND (Mlle.), actrice de l'Opéra, 1808.

Elle a débuté et joué, pendant plusieurs années, au Théâtre de l'Opéra-comique. Le mérite de son jeu n'égale point la beauté de sa voix: cependant elle a obtenu les suffrages du public, dans l'un et l'autre genres.

ARMAND (N.), acteur du Théâtre de l'Impératrice,

1808.

Depuis la retraite de M. Picard le jeune, les talens de M. Armand ont paru dans un jour plus avantageux.

ARMAND (N.), acteur du Vaudeville, 1808.

Cet acteur, dont la figure est agréable, chante le vaudeville avec goût, et double avec succès les premiers amoureux de ce Théâtre.

ARMAND (N.), acteur du Théâtre Montansier, 1808. Cet acteur promet d'être un jour le digne successeur du célèbre Brunet.

ARMIDE ET RENAUD, tragédie-opéra, avec un prologue, par Quinault, musique de Lully, 1686.

Le titre seul de cet opéra en fait l'éloge ; il n'en est point de plus connu, ni qui gagne autant à l'être. Quel tableau, que çelui de la dernière scène du second acte! quel saisissement n'éprouve-t-on pas à l'aspect d'Armide, prête à poignarder Renaud endormi! Ce monologue admirable a servi, depuis, de champ de bataille à une guerre célèbre dans la littérature; mais une partie des combattans ne s'attaquait qu'au musicien ; tous s'accordaient à respecter et à admirer le poëte. Le quatrième acte est faible, si on le compare aux autres; mais le cinquième yaut lui seul tout l'opéra. Ce fut, par celui d'Armide, que Quinault termina

sa

sa carrière lyrique. Il eut, comme Racine, et un bien petit nombre de grands hommes, l'avantage de finir ses travaux par son chef-d'œuvre.

Cet opéra fut également le triomphe de Quinault, de Lully, et de mademoiselle Le Rochois, qui y joua le principal rôle. Le cinquième acte est un chef-d'œuvre, tant du poëte que du musicien; on dit que Lully obligea Quinault à le refaire jusqu'à cinq fois. Soit par cette raison, soit par dévotion, comme on l'assure communément, il est certain que Quinault se dégoûta du théâtre, et que, quelqu'instance que lui fit Lully, il ne voulut plus travailler.

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de son

Lully était si passionné pour sa musique, que, propre aveu il aurait tué un homme, qui lui aurait dit qu'elle était mauvaise. Il fit jouer, pour lui seul, un de ses opéras que le public n'avait pas goûté. Cette singularité fut rapportée au roi, qui jugea que, puisque Lully trouvait son opéra bon, il l'était effectivement : Il le fit exécuter. Alors la cour et la ville changèrent de sentiment. Cet opéra était Armide.

On pria un jour la célèbre mademoiselle Lecouvreur de déclamer le monologue d'Armide: Enfin, il est en ma puissance, etc., avec ce ton, cette âme et cette intelligence, avec lesquels elle rendait si bien la nature; elle le déclama ; et l'on fut agréablement surpris de voir jusqu'à quelle précision Lully, par sa musique, se trouvait d'accord avec elle.

Le poëme d'Armide est un de ceux, que Lully a traités le plus heureusement en musique. Il a été repris plusieurs fois, et particulièrement en 1754, avec le plus grand succès. On se rappelle encore, a dit La Harpe le charme de la belle déclamation, et des chants agréables et

voluptueux, dont il a relevé la poésie enchanteresse de Quinault. Gluck a suivi tout un autre plan; il nous a fait entendre une musique dramatique, où il s'est montré tel que dans ses opéras d'Orphée, d'Iphigénie et d'Alceste. C'est la même énergie de style, le même art dans la distribution des instrumens, la même science d'harmonie. Mais les situations de l'opéra d'Armide, n'étant ni aussi favorables à son génie, ni aussi propres à la déclamation théâ– trale, que dans ses autres opéras, Gluch a paru produire des sensations moins vives et moins fortes. Son génie trop vigoureux n'a pu se plier à ces molles inflexions de la tendresse, à ces douces langueurs de la volupté, à ces soupirs des amans,

Que Lully réchauffa des sons de sa musique.

Néanmoins, on admira, dans la nouvelle Armide, de beaux chœurs, de grands effets d'orchestre, et une déclamation rapide et bien accentuée.

Les querelles, élevées entre les Gluckistes et les Lullistes, dégénérerent, suivant l'usage, en une guerre très-vive, qui se fit à coups de plume. Il paraissait journellement, à cette occasion, quelques écrits, où ces messieurs ne s'épargnaient pas les injures. La Harpe et Marmontel étaient les coryphées du dernier parti. MM. Arnaud et Sicard étaient à la tête du premier. Ceux-ci répandaient leurs écrits, sous l'enseigne de l'Anonyme de Vaugirard. Un plaisant leur envoya, à la même adresse, les couplets que voici :

Je fais, Monsieur, beaucoup de cas

De cette science infinie,

Que, malgré votre modestie,

Vous étalez avec fracas,

Sur le genre de l'harmonie,

Qui convient à nos opéras:
Mais tout cela n'empêche pas

Que votre Armide ne m'ennuie.

Le fameux Gluck, qui, dans vos bras
Humblement se jette, et vous prie,
Avec des tons si délicats,
De faire valoir son génie,

Mérite sans doute le pas

Sur les Amphions d'Ausonie:
Mais tout cela n'empêche pas

Que votre Armide ne m'ennuie.

Un autre plaisant du parti des Gluckistes répondit à la facétic, où l'on s'égayait sur le compte du musicien Allemand et sur son Armide. Comme on l'attribuait à La Harpe, la riposte fut dirigée contre lui, en jouant sur son nom; elle est intitulée :

Vers d'un homme, qui aime la musique et tous les instrumens, excepté La Harpe.

J'ai toujours fait assez de cas
D'une savante symphonie,
D'où résultait une harmonie,

Sans efforts et sans embarras.
De ces instrumens, hauts et bas,
Quand chacun sait bien sa partie,
L'ensemble ne me déplaît pas :

Mais, ma foi! La Harpe m'ennuie.

Chacun a son goût, ici-bas:
J'aime Gluck et son beau génie,
Et la céleste mélodie,

Qu'on entend à ses opéras.
De vos Amphions d'Ausonie

La période, et son fatras

Pour mon oreille ont peu d'appas;

Et surtout La Harpe m'ennuie.

ARMIDE, parodie anonyme, en quatre actes, de l'opéra de ce nom, aux Italiens, 1762.

On a beaucoup ri de la décoration du théâtre, où l'on voyait une place publique, avec les préparatifs d'une fête. Un feu d'artifice, prêt à être tiré, occupait le fond, et on lisait en gros caractères, à différentes fenêtres des maisons: Places à louer pour le feu. La métamorphose du personnage de la Haine en Médecin, avec deux Médecius consultans de sa suite, a paru très-heureuse. Six Apothicaires arrivent, chacun un mortier à la main, sur lequel on voit leurs armes, qui sont deux vipères. Au lieu du bouclier de diamans, qu'on présente à Renaud, pour lui ouvrir les yeux sur la honte de son esclavage, et pour le rappeler à son devoir, le chevalier Danois dit à Ubalde: « Bats la géné» rale, morbleu ! il la reconnaitra. » Ce trait a été extrêmement applaudi. En effet, ou bat la générale, et Renaud sort de son long assoupissement. Au moment où il abandonne Arn.ile, elle s'écrie: « Arrête..... Renaud! ô ciel! » un fauteuil; que je m'évanouisse! >>

ARMINIUS, ou LES FRÈRES ENNEMIS, tragédie de Scudéry, 1642.

« C'est mon chef-d'œuvre que je vous présente », disait l'auteur, en donnant Arminius. Il est vrai qu'il finissait heureusement sa carrière. Le plan en est plus exact et plus régulier, le style plus précis et plus correct, les sentimens plus nobles et plus élevés, les caractères plus vrais et plus naturels, que dans ses autres ouvrages dramatiques. Armi; nius arrive au camp des Romains, offrant, pour la rançon d'Hercinie son épouse, les Aigles romaines, qu'il avait prises dans les combats. Germanius accepte d'abord la proposition; mais il est retenu par Ségeste, père d'Hercinie,

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