Images de page
PDF
ePub

qui ne sait, ní ce qu'il fait, ni ce qu'il dit, ni cơ qu'il veut. On en pourrait dire autant d'Arsace, si l'on ne reconnaissait en lui une envie extrême de conspirer : mais il forme si mal ses projets, que, malgré le secours d'une flotte, qui tombe des nues, il succombe, et devient à la fin la victime de sa trahison. Pharnabaze n'est pas un assez habile ministre , pour gouverner une telle monarchie. Il ne reste plus qu'Aspasie et la Reine; la première est une sotte, qui obéit sans discernement; et l'autre, non-seulement est inutile, mais produit même un mauvais effet dans la pièce.

ARTAXERXE, tragédie de Magnon, 1645.

Darie et Ochus, fils d'Artaxerxe, roi de Perse, cherchent à faire valoir leurs droits aú trône, moins par ambition, que pour le partager avec Aspasie, dont ils sont amoureux. Pour éviter une guerre intestine, le roi interpose son autorité, et décide en faveur de Darie. Il fait plus ; malgré la passion qu'il ressent pour cette même Aspasie, il la cède à cet heureux rival. Cet effort héroïque aurait dû terminer la pièce, sans la malignité de Tiribaze.Ce ministre insolent ose lever les yeux sur Amestris, fille de son souverain: ce n'est pas encore-là le but de ses desseins; son amour n'est qu'un prétexte, pour s'assurer d'une couronne qu'il ne veut porter, qu'après qu'il aura sacrifié tout ce qui peut s'opposer à sa grandeur. Son intérêt demande qu'il désunisse le roi et ses. fils. Favori de l'un et des autres, il y parvient facilement, en réveillant la passion du roi pour Aspasie. Darie, au désespoir, se révolte par le conseil de ce traître, qui, sous le nom d'Ochus, forme un troisième parti. Artaxerxe fait arrêter Darie: il est prêt à l'envoyer au supplice, lorsqu'on vient lui annoncer que

Tiribaze expirant a confessé tous ses crimes, et justifié la conduite des deux princes. La mort du coupable rétablit la tranquillité. Le roi consent à l'hymen de Darie et de sa maîtresse, et Ochus promet de ne plus troubler leur bonheur. Sans cette duplicité d'action, et le dénouement, qui ́est un peu précipité, on pourrait dire que la pièce est passablement conduite. Le caractère de Tiribaze est bien soutenu; ceux de Darie et d'Aspasie sont pleins de noblesse et de beaux sentimens : mais Artaxerxe n'a pas assez de fermeté. Ochus joue un rôle très-subordonné, et Amestris est absolument inutile.

ARTAXERXE, tragédie de Boyer, 1682.

Ce prince, éperduement amoureux d'Aspasie, jeune per sonne sans naissance, et qui n'a d'autre appanage qu'une extrême beauté, veut abdiquer la couronne, pour mener une vie privée avec sa maîtresse ; mais Darius, fils aîné de ce roi, qui le choisit pour son successeur, est en même tems son rival. C'est donc sur cette rivalité que roule toute l'intrigue. Cependant le père et le fils se seraient accommodés, si Tiribaze, favori d'Artaxerxe, n'eût fomenté cette 'division, à dessein de faire périr l'un par l'autre, et de placer sa fille Nitocris sur le trône de Perse. Lorsque ce traître voit son projet renversé, il plonge un un poignard dans le sein de Darius, et tombe lui-même sous les coups des soldats, qui veulent venger leur prince. On vient raconter, au roi et à Aspasie, cette funeste catastrophe.

ARTAXERXE, tragédie par Deschamps, 1735, non imprimée; elle ne fut jouée qu'une fois: Maupoint, dans sa Bibliothèque des Théâtres, date de 1721 la première' représentation de cette pièce. Il n'avait sûrement pas consulté les registres du Théâtre Français.

ARTAXERXE, tragédie en cinq actes, par Lemière, au Théâtre Français, 1766.

Métastase a mis un Artaxerxe au théâtre; mais il n'a de commun avec Lemière que le sujet et la catastrophe de

cette pièce en voici l'analyse.

:

Artaban, ministre de Xerxès, roi de Perse, indigné de ce que ce prince avait puni, par l'exil, la témérité qu'avait eue son fils Arbace, de prétendre à la main d'Emirène, fille de Xerxès et son amant, a résolu de se defaire du roi, et de placer son fils Arbace sur le trône. Il commence par assassiner Xerxès pendant la nuit, et accuse ensuite de ce meurtre Darius, frère d'Artaxerxe, nouveau roi. Artaxerxe, qui long-tems a cu tout à craindre de l'ambition de son frère, vent le faire arrêter; mais le parti de celui-ci essaye de le défendre, et Darius perit dans la mêlée.

Artaban, débarrassé du roi et d'un de ses fils, ne voit plus aucun obstacle à ses desseins; car Artaxerxe croit avoir puni le meurtrier de son père. Mais bientôt le roi découvre son erreur; on lui annonce qu'on vient de saisir l'assassin, qui tenait encore dans ses mains l'épée de Xerxès, dégoûtante de son sang. Cet assassin prétendu est Arbace, prince vertueux et sans ambition, qui, trouvant son père égaré la nuit dans le palais, lui avait arraché cette épée, sans connaître à quel fatal usage elle venait de lui servir. Cet événement produit une situation admirable (Voyez L'ATAXERXE DE M. DELRIEU). Arbace est amené, comme assassin du roi, devant Artaxerxe, qui l'aime comme frère, devant Émirène qui l'aime comme amant, et devant Artaban, qui voit s'élever contre ses projets un obstacle, auquel il ne s'était pas attendu. La tendresse, qu'Arbace porte à son père, ne lui permet de se justifier, qu'en protestant de son

innocence; mais cette protestation ne peut détruire la force des indices, qui parlent contre lui. Telle est la situation de ce malheureux prince, prolongée depuis le second jusqu'au quatrième acte, mais prolongee avec un intérêt soutenu ; de plus, elle donne lieu à de fort beaux développemens, qui rendent très-attachante la représentation de cette pièce.

Au cinquième acte, Artaxerxe vient prêter serment, sur un autel dressé au pied de son trône, d'observer les lois du royaume et de faire reguer la justice; il est entouré de tous les grands de sa cour et d'une garde nombreuse; mais, tous gagués par Artaban, sont prêts, au moindre signal de ce ministre perfide, à fondre sur le malheureux Artaxerxe; c'est peu Artaban a fait encore préparer une coupe empoisonnée, que doit boire le roi, lorsqu'il fera les libations. accoutumées ; mais Arbace, effrayé du complot de son père, s'empare de la coupe, et jure de s'empoisonner, s'il fait le moindre mouvement, pour attenter à la vie du roi ; confondu alors par la résolution généreuse d'Arbace, Artaban se perce le cœur. Tel est le sujet de cette tragédie, qu'on pouvait se dispenser de refaire.

ARTAXERXE, tragédie en cinq actes, en vers, de M. Delrieu, aux Français, 1808.

Le plan de cette pièce est, à très-peu de chose près, le même que celui de la tragédie de Lemière ; ce qui nous dispense d'en faire l'analyse (Voyez L'ARTAXERXE DE LEMIÈRE.) Quoi qu'il en soit, cet ouvrage a obtenu un succès d'enthousiasme.

ARTÉMIRE, tragédie de Voltaire, 1720.

On n'a qu'un fragment d'Artémire dans l'édition d'un poëme de la Ligue, imprimé à Rouen. Jamais on ne put

determiner l'auteur à rendre publique cette tragédie. Peutêtre la jugeait-il peu digne de sa gloire. Cela n'a pas empêché Dominique d'en donner, au Théâtre Italien, une parodie en un acte, sous le même nom et dans la même année,

ART ET LA NATURE (l'), comédie en un acte et en vers libres, par Chollet, aux Italiens, 1738.

L'auteur suppose l'Art et la Nature mariés ensemble, La Nature se plaint à l'Art de ce qu'il se rend si rare; celui-ci ne croit pas pouvoir mieux se justifier, qu'en lui envoyant tous ses élèves. On voit passer successivement, sous les yeux de la Nature, un nouveau parvenu, à qui elle voudrait persuader de rentrer dans l'état, où elle l'a fait naître; un Paysan, Arlequin, etc. La dernière scène est celle de Thalie, qui apprend à la Nature qu'elle a depuis long-temps cessé de suivre ses leçons,

ARTISTE PAR AMOUR (l'), comédie en un acte et en vers, de M. Maurice, au Théâtre-Louvois, 1807.

L'amant d'une jeune personne, dont le père a la manie des arts, s'instruit, en très-peu de tems et tout-à-la-fois, dans la poésie, la peinture, la danse, la musique et la déclamation; et, après avoir brillé devant le père, dans chaque genre de talent, il-en obtient la main de sa fille.

[ocr errors]

ARTISTES (les), comédie en quatre actes et en vers par Colin d'Harleville, au Théâtre de la République, 1796. Le fonds de cette pièce, beaucoup trop faible pour cinq actes, était soutenu par des détails gracieux et délicats, mais qui ne pouvaient racheter le défaut d'action et d'intérêt. Les Trois Artistes, loin d'avoir ce brûlant enthousiasme, qui caractérise ordinairement le jeune homme, ido

« PrécédentContinuer »