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après lui avoir donné mille louanges, il ajouta que celuilà seul, qui avait été capable de l'inventer, serait en état de le traiter dignement; et il obligea Desmarets, quelque chose qu'il pût alléguer, à l'entreprendre lui-même ; ensuite, ayant fait représenter cette comédie devant le duc de Parme, il pria Desmarets de lui en faire tous les ans une semblable. En vain, cet auteur voulut s'en excuser, sur le travail de son poëme héroïque de Clovis, dont il avait déjà fait deux chants, et qui intéressait la gloire de la France et celle du cardinal même : le prélat répondit qu'il aimait mieux jouir des fruits de sa poésie, autant qu'il serait possible; et que, ne croyant pas vivre assez long-tems pour voir la fin d'un si long ouvrage, il le conjurait de travailler, pour l'amour de lui, à des pièces de théâtre, qui pussent le délasser agréablement de la fatigue des grandes affaires.

ASPASIE, opéra en trois actes, paroles de M. Morel, musique de M. Grétry, 1789.

On ne doit regarder le sujet d'Aspasie, tel qu'il est traité dans cet opéra, que comme un cadre heureux, où l'on peut multiplier les fêtes et les prolonger, pour ainsi dire, à volonté. L'intrigue est légère, et les caractères des principaux personnages y sont seulement indiqués.

Aspasie, fameuse courtisanne, brillait à Athènes, autant par les charmes de son esprit et de ses talens, que par sa beauté et ses grâces. Elle est choisie pour donner la couronne au vainqueur, dans les jeux olympiques. Le jeune Albiciade, l'espoir de la Grèce, et promis à Hipparette, fille d'un des principaux citoyens d'Athènes, obtient la victoire; frappé de la beauté d'Aspasie, à laquelle il est présenté, il en devient amoureux, et cette belle

courtisanne ne résiste pas elle-même aux grâces du héros. Hipparette, instruite de l'infidélité de son amant, et ne sachant comment le ramener, reçoit d'Aristophane le conseil de s'adresser à Aspasie elle-même ; la jeune Grecque, par la naïveté de son récit, par la franchise de sa démarche, et par les louanges qu'elle prodigue à sa rivale, parvient à intéresser la générosité d'Aspásie, qui, jalouse d'ailleurs d'obtenir le suffrage universel, se détermine à faire le sacrifice de son amour. Alcibiade reçoit la couronne des mains d'Aspasie, pendant la célébration de la fête de Bacchus, qui termine le second acte. Aspasie promet à Alcibiade de couronner son amour, dans le temple qu'elle doit consacrer à Vénus. Le jour même, Alcibiade se présente ; l'autel est caché derrière un rideau Aspasie lui demande s'il est prêt à jurer d'être fidèle à celle dont il est aimé ; Alcibiade fait le serment : le rideau se lève. On voit Hipparette sur l'autel, sous le costume de Vénus; Alcibiade revient facilement à son premier amour; et la pièce se termine par l'inauguration de la

statue.

:

La scène se passe d'abord dans le lycée d'Athènes, et en présence du peuple, des philosophes Zénon, Anaxagore, et leurs disciples, et des poëtes Anacreon et Aristophane. Anacréon, fidèle à son systême, enseigne les amours et les jeux; les autres, plus sévères dans leurs discours, et plus réservés, sont épris des charmes de la belle Aspasie, et lui donnent des conseils intéressés, qui sont relevés, avec plus ou moins de malignité, par Aristophane.

ASSEMBLÉE (l'), comédie en un acte, en vers, par le Beau de Schosne, aux Français, 1773.

En annonçant cette pièce, faite pour célébrer l'année séculaire de la mort de Molière, le Kain exprima les sentimens de reconnaissance des comédiens, et leur piété filiale envers l'homme de génie, le fondateur et le parfait modèle de la comédie, leur bienfaiteur et leur père. Il déclara en même tems, que les comédiens réservaient le produit de la représentation, à l'érection de la statue de Molière.

ASSEMBLÉE DE FAMILLE (l'), comédie en cinq actes, en vers, par M. Ribouté, au Théâtre-Français, 1808.

Ergaste, négociant de Lyon, voyageur infatigable, périt dans un naufrage; il laisse une fille de seize ans, que l'on suppose être une fille naturelle; et il semble même n'avoir fait aucune disposition, pour assurer son sort; Angélique,s'est retirée dans une maison de campagne, pour y pleurer la perte qu'elle vient de faire. Bientôt la famille d'Ergaste se rassemble, sous le prétexte d'apporter des consolations à la jeune orpheline: mais, bien loin qu'ils aient un motif si noble et si pur, ces avides collatéraux viennent pour connaître les dernières dispositions de leur parent. Pour lever tout obstacle, le notaire, chargé des intérêts d'Angélique, leur fait annoncer qu'Ergaste est mort sans tester, qu'il n'a pas daigné penser à sa fille, et qu'enfin, il leur a confié son sort. Alors, ces mêmes parens qui, naguères, accablaient Angélique de protestations d'amitié, lèvent le masque: ils deviennent insolens, durs et impitoyables, se partagent déjà son immense succession, en un mot, bâtissent des châteaux en Espagne. De toute cette famille égoïste, Valère seul s'intéresse à sa jeune cousine, qu'il aime et dont il est aimė. La perte de sa fortune, loin d'affaiblir l'intérêt qu'il lui porte, ne fait qu'augmenter son zèle: mais il

plaide en vain sa cause, auprès de ses cohéritiers. Sur la fm du troisième acte, arrive Blainville, frère d'Ergaste : ce Blainville est une espèce de philosophe, qui paraît haïr tous les humains, et qui sans cesse est la dupe de són bon cœur. Bientôt la gouvernante d'Angélique, dans une scène avec le valet de Blainville, lui dévoile les projets de la famille ; celui-ci en fait part à son maître; alors, Blainville se propose d'observer ses neveux ; ceux-ci viennent en foule lui adresser leurs complimens et leurs respects intéressés ; et Blainville, en dépit de son caractère et des avis de son valet, ne peut croire à leur perfidie. Angélique, à son tour, veut voir son oncle; mais elle en est repoussée, et quitte en pleurant Blainville, qui a souffert plus qu'elle-même de sa dureté. Enfin, arrive l'instant, où la famille rassemblée va prononcer sur le sort d'Angélique ; les parens avides se sont cotisés entr'eux, et ont formé une somme de douze cents livres, pour la jeune orpheline. Dės que Blainville est suffisamment éclairé sur leur conduite, il se lève, tire de sa poche le contrat de mariage de son frère, que celui-ci lui avait confié avant son départ accable ses neveux des reproches les plus sanglans, et enfin, leur annonce qu'ils n'ont aucun droit à là succession d'Ergaste; ensuite, convaincu de l'amour généreux et délicat de Valère pour Angélique, il lui accorde sa main.

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Tel est le plan de cette comédie ; le fonds en est vicieux, et le sujet, trop mince pour cinq actes; si l'auteur s'est traîné jusques-là, ce n'est qu'à la faveur des épisodes et des hors-d'œuvre, dont l'ouvrage est rempli. L'intrigue est tellement embrouillée, que l'on voit à chaque acte, et presque à chaque scène, une nouvelle exposition; mais le style, malgré son incorrection, offre quelques beaux

yers.

ASSEMBLÉE DES COMÉDIENS (l'), opéra-co mique en un acte, de Fuzelier, 1724.

C'est un sujet simple, qui peint assez naturellement les tracasseries des Théâtres. Les comédiens de la Foire s'assemblent, , pour délibérer sur leurs affaires. La Discorde sort des Enfers, et vient présider à leur conversation : elle leur souffle son venin; et, dans le moment, ils critiquent toutes les pièces, qu'ils ont représentées pendant la Foire. La Discorde, charmée de ce début, les trouve dignes d'habiter un hôtel, et applaudit aux traits qu'ils lancent contre les auteurs.

ASSEZAN (Pader d'), avocat, né en 1604, fils d'un peintre de Toulouse, se livra, dans sa première jeunesse aux belles-lettres, remporta trois fois le prix des Jeux floraux et en devint un des maîtres. Encouragé par cette distinction, il composa la tragédie d'Agamemnon, vint à Paris pour la faire jouer, et la confia à l'abbé Boyer, qui, la voyant réussir, eut l'indignité de s'en dire l'auteur. D'Assezan, piqué de cet affront, quitta Paris, y revint en 1636, et y fit représenter son Antigone, dont le succès ne fut pas aussi brillant, que celui de sa première tragédie. Il mourut en 1697, dans sa patrie.

ASSOUCI (Charles-Coipeau d'), né à Paris en 1604, essuya beaucoup de traverses, eut beaucoup d'aventures, qu'il a écrites lui-même, d'un style presque bouffon, et mourut peu riche, en 1679. C'est de lui que parle Chapelle dans son Voyage. Son seul ouvrage dramatique est intitulé: Les Amours d'Apollon et de Daphné,

ASTARBÉ, tragédie de Colardeau, 1758,

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