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A l'exception du rôle inutile de Leuxis, amante de Bacazar, cette pièce n'est que l'épisode de Pygmalion, tiré du roman de Télémaque, mis en action, et parfaitement versifié; c'est la prose brillante de Fénélon, changée en vers de Racine, dialoguée, coupée en manière d'actes, mais sans beaucoup d'intelligence de la marche du théâtre.

Dans la Parodie au Parnasse, opéra comique, il y a un rôle de Juré Pleureur, qui se dit chargé de pleurer la mort de toutes les Pièces de Théâtres, et d'en faire l'oraison funèbre. A chaque ouvrage dont il fait mention, il tire son mouchoir; et lorsqu'on en vient à la tragédie d’Astarbé, la prémière de Colardeau, la Parodie lui dit :

Elle n'était pas sans mérite,

Et promettait beaucoup.

LE JURE PLEUREUR.

Hélas!

Tout le monde disait: cette pauvre petite

A trop d'esprit; elle ne vivra pas,

ASTOLFE ET ALBA, ou a QUOI TIENT LA FAVEUR? opéra en deux actes, paroles de M. Ségur jeune, musique de M. Tarchi, à l'Opéra-Comique, 1802.

On remarque, dans cette pièce, un tuteur, une pupille, un amant, un déguisement, une reconnaissance, un mariage...., une chute.

ASTRATE, tragédie de Quinault, 1663.

Il n'est pas vrai que chaque acte soit une pièce entière, dans la tragédie d'Astrate. L'action y est une; elle est même assez rapide. On ne peut disconvenir qu'il n'y ait beaucoup d'intérêt. C'est un combat de l'Amour et de la

Nature, ou peut-être l'Amour triomphe un peu trop. Astrate aime la reine, qui l'a privé d'un père et du trône. On est surpris de voir ce prince la défendre ; et on pourrait l'être encore plus de le voir puni. Une des règles de l'art, est de ne jamais placer son personnage dans une situation, d'où il ne puisse raisonnablement sortir. Ici, la mort volontaire de la reine tire d'embarras, et l'auteur et Astrate : mais cette reine est trop coupable', pour que sa mort puisse intéresser. L'Anneau Royal, dont Boileau s'est moqué à juste titre, ne produit qu'une surprise momentanée. On a cru ce défaut suffisamment justifié, par l'exemple de l'épée de Phèdre; il pourrait l'être en effet, si la pièce de Quinault offrait des beautés aussi grandes que celle de Racine.

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Salo, dans son Journal des Savans, a fait un grand éloge de cette tragédie; Despréaux, au contraire, lui porta une terrible atteinte, dans sa troisième satire, par ces vers ironiques:

Avez-vous vu l'Astrate?

C'est-là ce qu'on appelle un ouvrage achevé:
Sur-tout l'anneau royal me semble bien trouvé ;
Son sujet est conduit d'une belle manière;

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Et chaque acte, en sa pièce, est une pièce entière.

Malgré cette critique, il y a trente-cinq ans, que cette tragédie produisait encore un bel effet au théâtre.

ASTRAUDI (Rosalie ), qui avait débuté en 1744', par le rôle de Florine, dans l'Ile des Talens, fut reçue, et continua de remplir, avec succès, ceux d'Amoureuse et de Soubrette, tant dans les comédies françaises, qui se jouaient aux Italiens, que dans les parodies. Elle quitta le

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théâtre à la clôture de 1755, et est morte depuis, après avoir épousé le comte de Elle avait une sœur, qui jouait aussi sur le même théâtre ; et l'on trouve, dans Almanach des Spectacles, ce quatrain, qui fut fait sur ces deux sœurs :

Que d'attraits et de gentillesse

Brillent dans les sours Astraudis !

On croit voir Flore et la Jeunesse
Des grâces disputer le prix.

ASTRÉE, tragédie-opéra, paroles de Lafontaine, musique de Colasse, 1691.

Lafontaine, à la première représentation de cet opéra, était dans une loge, derrière des dames qui ne le connaissaient point. A chaque endroit du poëme, il s'écriait: Cela est détestable! Ennuyées de l'entendre toujours répéter la même chose: Monsieur, lui dirent-elles, cela n'est pas si mauvais l'auteur est un homme d'esprit ; c'est M. de Lafontaine. Eh! mesdames, reprit-il sans s'émouvoir, la pièce ne vaut pas le diable; et ce Lafontaine, dont vous parlez, est un stupide : c'est lui-même qui vous le dit. Il sortit après le premier acte, et s'en alla au café de Marion, où il s'endormit dans un coin. Un homme de sa connaissance entra ; et, surpris de le voir, il s'écria: comment donc? M. de Lafontaine est ici! ne devrait-il être à la première représentation de son opéra? A ces mots, l'auteur se réveilla, et dit en bâillant: J'en viens; j'ai essuyé le premier acte, qui m'a si prodigieusement ennuyé, que je n'ai pas voulu en entendre davantage. J'admire la patience des Parisiens!

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ASTRONOME

ASTRONOME (l'), opéra en deux actes, paroles de M. Desfaucherets, musique de Lebrun, au ThéâtreFeydeau, 1798.

Cet Astronome est un véritable Cassandre, qu'on berne aussi facilement que ce dernier : l'intrigue est peu de chose. Un astronome veut à-la-fois se distinguer par une découverte en astronomie, et devenir l'époux d'une jolie pupille. Mais c'est trop de s'occuper des affaires du ciel et de la terre. Un jeune amant de la pupille, sous le costume d'un savant Asiatique, a su s'introduire chez le tuteur, qui perd sa pupille, à l'instant même, où il se flattait d'avoir trouvé une comète.

On remarque, dans cet opéra, du comique, de la gaieté et une musique agréable.

ASTYANAX, tragédie de Château-Brun, 1756.

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Si les deux derniers actes avaient répondu aux trois premiers, surtout au troisième, la pièce aurait réussi. L'au

teur,

aussi estimable par sa modestie que par ses talens,

s'est soumis au jugement du public, avec une rare docilité, Il n'a pas voulu que son ouvrage fût rejoué ; et il l'a retiré sur-le-champ des mains des comédiens.

ASTYANAX, tragédie en cinq actes et en vers, au Théâtre-Français, 1789.

Cette pièce n'eut pas un sort plus heureux que celle de Château-Brun: elle excita de fréquens murmures, et elle ne put être tout-à-fait achevée.

Le sujet de cette tragédie est le même que celui de l'Andromaque de Racine. L'entreprise était hardie, et le succès, par conséquent difficile. On n'était pas fondé

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tout-à-fait à en présager la chute ; mais c'était bien le cas, au moins, de lui appliquer ces vers du même Racine :

Et, pour être approuvés,

De semblables projets veulent être achevés.

Dans Andromaque et dans Astyanax, il s'agit de l'enfant Troyen, dont les Grecs demandent la mort, et de Pyrrhus, qui, amoureux d'Andromaque, veut lui conserver son fils, et le dérober à la vengeance des Grecs. Racine a transporté son action à quelques années après le siége de Troie : l'auteur d'Astyanax a choisi le moment, où l'embrasement de cette ville dure encore. Il a cherché avec raison à profiter d'une belle scène grecque, que Pradon a fait entrer aussi dans sa tragédie de la Troade; celle où Ulysse, soupçonnant qu'Andromaque vient de cacher son fils Astyanax dans le tombeau d'Hector, ordonne de détruire ce tombeau, et force par-là cette mère infortunée à révéler l'asile de son fils ; et il a conservé pour dénouement le stratagême de Pyrrhus, qui livre aux Grecs un faux Astyanax.

Cet ouvrage prouve que son auteur s'était nourri de la lecture des anciens. Mais il faut aujourd'hui, plus que jamais, donner une nouvelle physionomie à ce qu'on imite, par la raison que les plus belles choses, trop souvent répétécs, finissent par devenir des lieux-communs.

Ce qui a déplu davantage, c'est le rôle d'Ulysse et l'amour de Pyrrhus ; et ce dernier nous fournit une observation, qui ne paraîtra pas ici déplacée. L'amour de Pyrrhus a choqué; et ce même amour, dans Andromaque, est loin de produire le même effet. Mais, remarquons que Racine ne nous fait voir Pyrrhus amoureux d'Andromaque,

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