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comte d'Ayen y fit aussi un personnage avec la comtesse d'Ayen, nièce de madame de Maintenon. Athalie fut jouée trois fois à la Cour, avec succès; mais elle n'y gagna rien, du côté de la célébrité qu'elle devait acquérir. Ce ne fut qu'aux représentations publiques de 1716, qu'on reconnut le tort, qu'on avait eu, de la regarder comme une mauvaise pièce. L'éloge qu'en firent les connoisseurs au duc d'Orléans, alors régent, occasionna cette révolution. Cet illustre protecteur des arts, et de ceux qui les cultivaient, voulut juger par lui-même de l'effet, que produirait Athalie à la représentation; et il ordonna aux comédiens de se préparer à la mettre en scène, malgré la clause insérée dans le privilége, qui leur défendait de la représenter.

Nos lecteurs pourront être surpris d'apprendre que mádame Racine n'a jamais connu cette pièce, soit par la représentation, soit par la lecture, ni même aucune des tragédies, qui ont acquis tant de réputation à son mari.

M. Racine, disait un Journaliste, en 1762, est allé voir la salle de la comédie, il y a quelques jours. Sa grande dévotion l'empêche, depuis long-temps, de fréquenter le spectacle. Ce fils d'un illustre père a été accueilli avec tous les égards, que les comédiens lui doivent. Il a tout loué, tout admiré. Sa visite faite, Messieurs, a-t-il ajouté, je viens répéter une petite dette. Vous savez que mon père avait défendu, par son testament, qu'on jouât Athalie. M. le régent a depuis ordonné que, sans égard aux volontés du testateur, ce drame serait donné au public. Cet ordre de M. le duc d'Orléans ne me fait déroger en rien à mes droits. Je revendique en conséquence la part, qui me doit revenir des représentations multipliées de ce chef-d'œuvre de mon père. Cette demande a fort étourdi

l'aréopage comique. Il est question de trouver un Mezzo termine à cette contestation naissante.

On confirme l'aventure de M. Racine, dit le même Journaliste, dans un numéro suivant. Cela n'ira pas plus loin, à ce qu'on assure. Il colorait sa demande du prétexte de la charité : il voulait faire des aumônes de cet argent. On prétend que les comédiens se sont moqués de lui, et que cette restitution irait de trente à quarante mille livres.

ATHÉNAIS, tragi-comédie de Mairet, 1636.

Théodose, empereur d'Orient, occupé à visiter la Grèce, s'arrête dans Athènes, accompagné de sa sœur Pulchérie, à qui il laisse le soin d'une partie des affaires de l'empire; c'est à elle qu'Athénaïs, fille du philosophe Léonce ou Léontin, vient adresser ses plaintes. Cette fille est célèbre par les charmes de sa personne et ceux de son esprit ; mais la dureté d'un frère lui refuse les secours les plus indispensables. Il se fonde sur un testament du père, qui a privé sa fille de sa succession; le frère et la sœur plaident leur cause devant Pulchérie, qui juge en faveur du frère ; mais elle retire chez elle la jeune Grecque. L'Empereur qui, d'un cabinet voisin, a tout vu et tout entendu, devient subitement amoureux d'Athénaïs, et lui offre sa main et sa couronne. Un obstacle s'oppose à cet hymen; Athénaïs est païenne; il s'agit de la convertir. Après avoir confondu un grand nombre de docteurs, elle se rend à son tour; mais elle demande trois jours, pour éprouver sa conversion; et ils lui sont accordés. Il s'en est déjà écoulé deux, lorsqu'elle reparaît sur la scène avec Théodose, qui l'accable de reproches. Une pomme qu'il lui a donnée, et qu'elle a fait passer dans les mains de celui, qui

seul a pu la convertir, est la cause de cette rupture. Ce qui fait dire comiquement au jaloux Théodose :

Mon sort est comparable au sort du premier homme :
Son malheur et le mien sont sortis d'une pomme.

Pulchérie éclaircit ce mystère, reconnaît l'innocence d'Athénaïs, et réconcilie les deux amans.

ATHÉNAÏS, tragédie de La Grange-Chancel, 1699.

La Grange fit les vers suivans contre Lenoble, qu'il croyait l'auteur de la lettre d'un lanterniste, dans laquelle on criti→ quait cette tragédie :

Esprit bas et rampant, auteur du dernier ordre,
Mauvais plaisant, fade Pasquin,

Qui fais d'Esope un tabarin,

Vraiment, c'est bien à toi de mordre

Sur des ouvrages applaudis !

Malgré la fureur qui t'anime,

Tu feras sur les arts et sur Athénaïs,

Ce que fit autrefois le serpent sur la lime.

ATHÈNES PACIFIÉE, comédie en trois actes et er prose, tirée des onze pièces d'Aristophane, par M. de Cailhava, imprimée en 1800.

L'intention de l'auteur, en composant cette pièce, fut de resserrer, en quelques scènes imitées d'Aristophane, tout ce qu'il avait préparé, pour faire connaître les beautés de cet auteur comique, ses défauts, ses lâches complaisances pour le peuple, son influence sur les affaires publiques, et tous les torts qu'il aurait dû s'épargner. Il voulait encore prouver aux auteurs, qui ecrivent la comédie, qu'il serait funeste pour eux de voir un but politique au-delà du but moral.

C'est un ouvrage piquant à la lecture, et qui ne l'eût pas été moins à la représentation, surtout dans le tems où il fut achevé.

ATRÉE ET THYESTE, tragédie de Crébillon, 1707.

La reconnaissance d'Atrée et de Thyeste est un tableau terrible, dont la scène française offre peu d'exemples. La scène anglaise en offre encore moins, qui égalent l'instant, où Atrée veut faire boire à Thyeste le sang de son propre fils. On peut même dire que cette situation conduit jusqu'à l'horreur. Malgré ce défaut, on lira toujours cette pièce avec admiration. Le ton mâle et soutenu qui y règne, sa marche ferme et rapide, la nouveauté des pensées, la force de l'expression, tout concourt à placer cette tragédie au rang des chefs-d'œuvre dramatiques. Elle prouve qu'un ouvrage de génie peut quelquefois ne réussir que médiocrement au théâtre; comme tant d'autres pièces ont fait voir, qu'on pouvait y être applaudi quelquefois, sans aucun effort de génie.

Crébillon a souvent dit à ses amis, qu'à la première représentation de cette tragédie, le parterre fut consterné, et qu'à la fin de la pièce, il défila sans applaudir, ni siffler. L'auteur racontait lui-même qu'il passa ce jour-là au café de Procope, et qu'il y trouva un anglais,homme de beaucoup d'esprit, qui, en lui faisant mille complimens sur sa tragédie, lui dit qu'elle n'était pas faite pour le théâtre de Paris, et qu'elle cût réussi davantage sur celui de Londres. La coupe d'Atrée m'a cependant fait frémir, tout Anglais que je suis... Ah! monsieur, cette coupe!... cette coupe!.... Transeat à me calix iste!

ATRÉE ET THYESTE, tragédie en cinq actes, de Weiss, Théâtre-Germanique, 1780.

On se rappelle en France que, lorsque Crébillon donna son Atrée, on trouva le sujet trop noir; et, qu'en rendant justice au mérite du drame, on en abandonna les représentations. Quelqu'atroce que soit cet Atrée, il l'est encore moins que celui de l'auteur allemand. La quatrevingt-huitième fable d'Hygie lui en a fourni le sujet; et il a conservé soigneusement toutes les horreurs, que le poëte y avait accumulées.

ATTEN

ATTENDEZ-MOI SOUS L'ORME, comédie en un acte, en prose, de Dufresny, 1794.

Une petite intrigue d'amours villageoises, et quelques couplets assez naturels forment un badinage, qui remplit l'idée attachée à ces mots : attendez-moi sous l'orme. Il est surprenant que Dufresny ait disputé cette pièce à Regnard; la céder ou la conserver, c'était perdre ou gagner fort peu

de chose.

Armand, cet excellent comique, saisissait avec une présence d'esprit singulière, tout ce qui pouvait plaire au public, dont il était aimé. Jouant le rôle de Pasquin dans, Attendez-moi sous l'orme, après ces mots : « Que dit-on d'intéressant? vous avez recu des nouvelles de Flandres;» il répliqua sur le champ: Un bruit se répand que PortMahon est pris. Le vainqueur de Port-Mahon était le parrein d'Armand.

ATTILA, tragédie de Pierre-Corneille, 1667.

Un intérêt trop divisé, et dès-lors trop faible; un dénouement presqu'aussi vicieux, que le serait une mort subite, ne feront jamais d'Attila qu'un drame médiocre. On y trouve cependant quelques traits sublimes; et cette tragédie ressemble à son héros, qui joignait à quelques grandes qualités, des vices beaucoup plus grands.

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