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Corneille, piqué de la préférence, que les comédiens de l'hôtel de Bourgogne donnaient au jeune Racine, que le public goûtait de plus en plus, fit jouer cette tragédie par la troupe du Palais-Royal. Le célèbre la Thorillière, qui y remplissait avec succès les rôles de Rois, fut chargé de celui d'Attila. Mlle. Molière représentait Flavie. La pièce fut assez accueillie dans sa nouveauté ; cependant, elle ne paraît plus depuis long-tems au théâtre; ce qui justifie l'épigramme de Despréaux, où il semble reprocher au public son ingratitude, lorsqu'il lui adresse ces vers dans sa neuvième satire ;

Et, si le roi des Huns ne lai charme l'oreille,
Traite de Visigoths tous les vers de Corneille.

ATTILIE, tragédie chrétienne de Le Gouvé, 1750.

On n'a point représenté cette tragédie, dont on faisait dans Paris les plus grands éloges, sans doute, parce que l'auteur l'avait lue à des amis, plus ardens qu'éclairés. Aussi, dès que l'acteur se présentait sur le théâtre, pour annoncer les pièces qu'on devait jouer les jours suivans, le parterre, sans attendre qu'il eût fini de parler, demandait Attilie, avec une sorte de démence. Cependant Attilie ne paraissait point; et, à chaque annonce, il renouvelait ses clameurs. Enfin, comme il redoublait ses cris et ses instances: Messieurs, dit le comédien, vous demandez une pièce qui nous est inconnue. L'auteur la fit imprimer ; le public la lut, et ne la redemanda plus.

ATYS, tragédie-opéra de Quinault et de Lully, avec un prologue, 1676.

Le plus grand défaut d'Atys, et peut-être le seul, est

la trop grande beauté du premier acte; elle nuit à la gradation. Cette belle scène :

Sangaride, ce jour est un grand jour pour vous, etc.

cette scène admirable revient à l'esprit dans le cours de l'action, et la fait trouver languissante. Il s'en faut bien cependant qu'elle le soit. Atys passera toujours pour une des meilleures productions lyriques; et la force du cinquième acte se retrouvera en proportion avec la beauté dụ premier.

Ce fut le plus bel opéra qui eut paru jusqu'alors. Il eut un succès étonnant; et, quoiqu'il ait été repris assez souvent, on peut dire que, lorsqu'il a été bien remis, il a toujours fait un extrême plaisir. Tout le monde sait que, Louis XIV ayant demandé à madame de Maintenon, quel opéra elle aimait le mieux, elle se déclara pour Atys. Sur quoi le roi lui répondit : Atys est trop heureux. Au troisième acte de ce poëme, on trouve un endroit, qui allumait singulièrement la bile de Despréaux : c'est lorsqu'Idas et Doris chantent en duo ces paroles scandaleuses :

Il faut souvent, pour devenir heureux,

Qu'il en coûte un peu d'innocence.

Ce sont ces vers, et d'autres pareils, dont les pièces de Quinault sont remplies, qui ont fait dire justement à Despréaux :

Et tous ces lieux-communs de morale lubrique,
Que Lully réchauffa des sons de sa musique.

Le même Despréaux, étant à Versailles, à la salle de

l'Opéra, dit à l'officier qui plaçait les spéctateurs : mettezmoi dans un endroit, où je n'entende point les paroles. J'estime fort la musique de Lully; mais je méprise souverainement les vers de Quinault.

L'époque de la première représentation de l'opéra d'Atys, à l'une de ses dernières reprises, sera mémorable dans les archives de ce spectacle. A dix heures du matin, on forçait l'entrée pour prendre des places; et il n'y en avait plus à midi. Les Annales de l'Opéra n'ont peut-être pas d'exemple d'un pareil concours. C'était un hommage qu'on crut devoir à Lully; c'était une abjuration authentique des harmonieux Concetti, qui s'étaient emparés de la scène, et une protestation formelle contre les ennemis de notre musique, après l'expulsion des bouffons.

ATYS, parodie en un acte, et en vaudevilles, de l'opéra de ce nom, par Fuzelier, 1726.

Atys, devenu furieux, poursuit Sangaride dans la coulisse, et l'assomme de coups. Il revient sur la scène. Cybèle lui rend la raison : désespéré d'avoir rossé Sangaride, qu'il aime, il veut battre Cybèle qu'il n'aime pas. Elle l'arrête dans un cercle qu'elle trace, et lui propose de l'aimer ou de périr ; et il répond qu'il veut boire. Cybèle, exauçant ses vœux, le change en tonneau; et la pièce finit par un divertissement d'ivrognes, très-analogue au sujet.

AUBERGE DE BAGNÈRES (l'), opéra comique en trois actes, paroles de M. Jalabert, musique de M. Catel, à l'Opéra-Comique, 1807.

C'est un Imbroglio, dans lequel l'esprit de l'auteur paraît s'être un peu égaré. Quelques caricatures, qui rappellent un

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peu trop les Femmes Savantes, et les Précieuses Ridicules, des intentions comiques, mais faiblement développées; beaucoup de bruit et peu de mouvement; enfin, une musique bien faite, valurent à cet ouvrage un peu de

succès.

AUBERGE DE CALAIS (1'), actuellement l'AuBERGE DE STRASBOURG, comédie en un acte et en prose, de MM. Dorvigny et Bonnel, au Théâtre - Louvois, 1801.

Cette pièce, composée par M. Bonnel, avait été jouée en 1800, au Théâtre-Molière, sous ce titre : Les deux Diligences à Joigny; elle y tomba dès les premières scènes: retouchée par MM.. Dorvigny et Georges Duval, elle reparut au Théâtre de l'Impératrice, avec le plus grand

succès.

Des voyageurs, venant, les uns de Paris, pour passer à Londres, les autres, de Londres pour se rendre à Paris, se rencontrent dans une auberge de Calais. Un certain Gascon, archi-fripon du plus bas étage, après avoir long-tems, mais en vain, sollicité du gouvernement les fonds, nécessaires à la construction d'un port de mer à Toulouse, va, sur les ailes de la chimère, établir un spectacle gascon à Londres. Il est arrivé jusqu'à Calais, aux dépens de ses com→ pagnons de voyage; c'est fort bien, mais ce n'est pas tout il s'agit de régler les comptes, et le cas est embarrassant. Un certain Lord, qui a peu d'esprit et beaucoup d'amour, suit les pas d'une jeune et jolie veuve, dans le dessein de l'enlever à la première occasion; il tire le Gascon d'embarras, en lui confiant l'exécution de son projet ; en effet, comme toute peine mérite salaire, il lui donne cinquante guinées; de plus, la jeune veuve se trouve

avoir,

avoir, à point nommé, un oncle et un amant. Cette double rencontre offre au Gascon une mine abondante a ex

ploiter. D'abord, pour se rendre l'hôtesse favorable, il lui persuade que l'oncle de la veuve l'a chargé de l'enlever. De-là, il va trouver un de ses compagnons de voyage, pour lui proposer de jouer le rôle de cet oncle: mais à qui s'adresse-t-il? à l'oncle lui-même. Enfin, l'amant lui a vendu sa chaise de poste, et tout est prêt pour l'enlèvement. Cependant, l'habile Gascon manque son coup; au lieu de la veuve, il enlève l'hôtesse, qui trouve cette supercherie très-innocente. On finit par se reconnaître ; l'oncle, la veuve et l'amant s'en retournent à Paris. Mylord les accompagne, et le Gascon se console avec les guinées de l'Anglais.

Le succès de cet ouvrage a été dû à de fréquentes allusions aux triomphes de nos armées.

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AUBERGE DE MUNICH (1) ou LE MARIAGE DES GRENADIERS, divertissement à l'occasion de la Paix, par M. Picard, au Théâtre de l'Impératrice, 1807.

On trouve peu de fonds dans cet ouvrage, mais beaucoup de mouvement, du spectacle, du chant, des danses et des mots heureux.

AUBERGE EN AUBERGE (d'), opéra en trois actes, par M. Dupaty, musique de M. Tarchi, au Théâtre de l'Opéra-Comique, 1799.

avoir

Un oncle avait voulu marier son neveu avec la fille d'une dame de ses amies: mais, ce projet n'ayant pu lieu, la demoiselle en a épousé un autre: cet époux meurt, et laisse sa veuve libre de faire un autre choix. L'oncle alors revient à sa première idée: en conséquence, il rap

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