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Un mur de face; et ce mur dévoila
Une maison, dont les deux seuls étages
En groupe offraient d'étonnans personnages
Là, deux brigands, animés par la faim,
Environnaient, le poignard à la main,
Un vieux marquis, seigneur de la bourgade,
Et souriaient à sa garde-malade,

Dont les appas enchantaient leurs regards.
Satan pleura..... Plus haut, deux jeunes gars
Se disputaient le cœur d'une brunette,
Vive, jolie, et tant soit peu coquette,
Le diable en rit; puis, trace sur le champ,
D'après l'aspect de ce double incident,
Les tristes lois, que suit la tragédie,
Et le plan gai, qu'a pris la comédie.
Ce n'est pas tout: poussant l'attention,
Jusqu'à marquer la décoration,

Maître Satan, par l'un de ses oracles,
Enjoint à tout directeur de spectacles,
Quand un sallon sera représenté,

D'avoir grand soin qu'il y manque un côté.

Nous ne croyons pas, dit un critique, que l'on puisse assigner aux spectacles une origine plus ingénieuse. Si l'autre origine est plus vraie, il faut convenir que celle-ci est bien mieux trouvée. (Voyez M. DE PIIS.)

AUGUSTE ET THÉODORE, ou LES DEUX PAGES, de M. Faure, aux Français, 1789.

L'auteur réclame, dans sa préface', contre un jugement infidèle du Mercure de France, qu'il appelle le grand dépôt des archives littéraires. Voici, en effet, comme on s'explique sur sa pièce, dans ce Journal: Cette bleuette, diton, n'est qu'une traduction d'une pièce allemande, intitulée : Le Page. L'auteur réfute cette assertion d'une ma

nière victorieuse, en donnant l'analyse de la pièce allemande; et il conclut avec raison, d'après cet exposé, qu'il n'y a pas un caractère, pas une scène, pas un trait, pas un mot, d'où puisse résulter le moindre rapport entre les deux ouvrages.

Au reste, ses plaintes sont douces et tranquilles, comme celles d'un auteur qui a réussi au théâtre, et qui peut opposer les éclatans suffrages du public, à l'opinion obscure d'un journaliste.

Cette pièce est extrêmement intéressante: on ne peut la voir jouer, ni même la lire, sans être attendri jusqu'aux larmes. L'auteur y a réuni toutes les vertus, qui sont en possession de plaire et de toucher sur la scène : la générosité, l'humanité, la bienfaisance, la justice, l'amitié, la tendresse maternelle, la piété filiale, l'amour fraternel; tous les caractères y sont aimables. Les poëtes comiques, qui veulent réussir aujourd'hui, doivent suivre la même route. Il faut qu'ils abandonnent absolument la peinture des ridicules; la comédie ne doit plus être l'image fidèle des mœurs de la société, et du caractère des hommes : on ne veut plus de portraits vrais et ressemblans; on n'aime que les tableaux et les situations romanesques; malheur à celui qui a la mal-adresse d'exposer sur la scène le cœur humain, tel qu'il est, et de représenter trop fidèlement ce qui se passe dans le monde ! On sait que les hommes se conduisent presque tous, d'après leurs intérêts et leurs passions; que les vertus, pures et désintéressées, sont extrêmement rares, dans le commerce de la vie; que les cœurs généreux, sensibles et reconnaissans, sont très-difficiles à trouver; qu'un véritable ami est une espèce de phénix. Mais c'est, peut-être, parce qu'on ne découvre rien de tout cela dans le monde, qu'on aime à le contempler sur la scène,

comme quelque chose de curieux et d'extraordinaire ; tandis qu'on n'y voit qu'avec indifférence, et même avec dégoût, les défauts, les ridicules et les vices, qui blessent chaque jour les yeux dans la société.

M. Fleury saisit et soutint tellement la ressemblance de Frédéric, que le prince Henri de Prusse, qui assista à la première représentation, ne put retenir quelques larmes ; il crut revoir son frère; et le lendemain, il envoya à M. Fleury, un gage de la satisfaction, que cet acteur lui avait fait éprouver.

AUGUSTINE, comédie en trois actes et en prose, par MM. Pain et Bilderbeck, au Théâtre de l'Impératrice, 1806.

C'est une pièce du genre romanesque, dont les incidens, trop prévus et trop multipliés, ont fatigué les spectateurs. Elle eut peu de succès.

AUGUSTINE ET BENJAMIN, ou LE SARGINES DE VILLAGE, opéra en un acte, paroles de M. Bernard Valville, musique de Bruni, au Théâtre-Feydeau, 1800.

Le second titre de cette pièce nous dispense d'en faire l'analyse. En effet, la différence entre les deux Sargines roule, sur ce que l'un estle fils d'un chevalier, et l'autre, celui d'un laboureur; et, sur ce que l'un brille dans les tour→ nois et les combats, tandis que l'autre éteint un incendie. AUMER (M.), danseur de l'Opéra, compositeur de bal1808.

lets,

La chorégraphie lui doit Jenny ou le Mariage secret, les deux Créoles, et les Amours d'Antoine et de Cléopâtre ; ouvrages, qui annoncent du génie pour la composition. Son talent, comme danseur, est généralement estimé.

AUNILLON (l'abbé) avait beaucoup d'esprit, et a joui d'une estime universelle. Il est l'auteur de plusieurs jolis ouvrages; mais il n'a fait, pour le théâtre français, que la comédie des Amans déguisés, en trois actes et en prose, jouée en 1728.

AURELIA, actrice de la troupe italienne, appelée en France par le cardinal Mazarin, en 1645, jouait les rôles de première amoureuse. Elle donna dans un travers bien singulier : âgée de plus de quatre vingt-huit ans, elle se paraît comme dans sa jeunesse, quoique, depuis plusieurs années, elle ne sortît plus de son lit. Aurelia était la bisaïeule de Romagnési, qui s'est distingué, sur le nouveau Théâtre-Italien, , par son jeu et ses ouvrages dramatiques.

AU RETOUR, fait patriotique, en un acte, par MM. Radet et Desfontaines, au Vaudeville, 1794.

Justin est à l'instant d'épouser Lucette. Mais, voilà que tout-à-coup le maire de sa commune proclame la loi de la réquisition; dès-lors, plus d'amour, plus d'hymen pour Justin. C'est en vain qu'un de ses amis se propose pour partir à sa place; non moins fidèle à sa patrie qu'à sa maîtresse, Justin le refuse et part avec les garçons du village, aux acclamations des jeunes filles, qui leur promettent, au retour, la récompense de leurs belliqueux travaux, et de leur ardent patriotisme.

AURORE DE GUSMAN, opéra-comique en un acte paroles de M. le Prévost-d'Iray, musique de M. Tarchi, au Théâtre-Feydeau, 1799.

Une jeune personne se déguise en homme; et, pour

tourmenter un peu son amant, se fait passer pour rival de ce dernier : tel est le fonds de cette petite pièce, où l'on a trouvé de l'esprit et des détails agréables. La musique a été généralement applaudie.

AUTEUR. (Voyez CORNEILLE, MOLIÈRE, RACINE, etc.)

Quelle pièce aujourd'hui donne-t-on à Feydeau? (*)
Si j'en crois ce journal, c'est un drame nouveau.
Pour la première fois! courons, le tems me presse.
La crainte te poursuit, et l'espoir te caresse,
Pauvre auteur! le travail est pour nous le moment
Du plaisir, du bonheur et de l'enchantement.
Nous nous voyons déjà sur la double colline,
A côté de Molière, à côté de Racine;
Et, du juste avenir, notre nom respecté,
S'en va, de siècle en siècle, à l'immortalité.
Mais, à l'instant fatal, où le rideau se lève,
L'illusion, hélas! s'enfuit avec le rêve.

Quoi! l'orchestre tout plein, et les balcons aussi!
Tâchons de pénétrer.... à la fin, m'y voici!
Autour des nouveautés tout le monde se presse.

Il est plaisant de voir la chute d'une pièce.
En pareil cas, pourtant, si chaque spectateur
Pouvait prendre un moment la place de l'auteur!
Qu'entends-je ? du succès l'agréable présage!
Déjà, sans l'avoir vu, l'on déchire l'ouvrage;
Le titre est mal choisi: cinq actes, c'est bien long.
Regnard même, Regnard n'a rien produit de bon.
Par bonheur, le public craignant l'impatience,
Un acteur a paru: l'on écoute en silence.

(*) Lorsque M. Vigée composait son joli poëme, intitulé: Ma Journée, une partie des comédiens français était établie au Théâtre de la rue Feydeau.

Jusqu'à

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