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Jusqu'à présent, du moins, le parterre est décent;
Trois actes bien remplis, sujet intéressant:
Ce début, pour la pièce, a gagné son suffrage:
Mais attendons la fin; j'entends gronder l'orage.
De tems en tems le ciel s'obscurcit, et les vents
Exercent leur fureur, par de longs sifflemens.
Pauvre auteur, c'est ici le fort de la tempête;
Tout est perdu: la foudre éclate sur ta tête:
Pilote malheureux, je plains ton triste sort:
Ton vaisseau vient, hélas! d'échouer près du port
Que vas tu devenir? Ce soir, dans la coulisse,
Oseras-tu braver le dédain d'une actrice,
Et le souris malin de tes joyeux rivaux?
Demain, à ton réveil, liras-tu les journaux ?
Et, surtout, de quel front aborder ta maîtresse ?
Tu lui faisais, sans doute, hommage de ta pièce;
Déjà la dédicace, où s'épanchait ton cœur,

A Didot, en secret, reprochait sa lenteur.....

On donnait une comédie nouvelle. Elle était bonne, un jeune homme s'y amusa beaucoup, et le publia hautement; un de ses amis l'engagea alors à souper chez une coquette, à qui déplaisait l'auteur de la pièce. Pendant le souper, elle dit beaucoup de mal de l'auteur, et décida que son ouvrage ne valait rien. Le jeune homme, qui voulait plaire, ne manqua pas de prononcer que la comédie était détestable. Un des convives, qui s'était trouvé auprès de lui à la représentation, et qui l'avait entendu tenir des propos tout différens, lui dit un peu brusquement, au risque de se brouiller avec la coquette, dont il ne se souciait guère : jeune homme, savez-vous que l'auteur a travaillé pendant une année entière, pour vous faire passer deux heures agréablement. S'il y a réussi, pourquoi lui refusezvous unaveu, qui fait toute sa récompense?

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AUTEUR DANS SON MÉNAGE (l'), opéra en un acte, par M. Gosse, musique de M. Bruni, au ThéâtreFeydeau, 1798.

L'auteur a voulu caractériser le poëte, dans quelquesunes des circonstances ordinaires de la vie. Son ouvrage offre de l'intérêt, de la vérité, et plusieurs traits d'un excellent comique.

AUTEUR DE QUALITÉ (l'), comédie en un acte ét en prose, aux Italiens, 1787.

Ce petit ouvrage, à l'exception de quelques traits, qui ont excité des murmures, a été faiblement écouté, parce qu'il a paru dénué d'intérêt. L'auteur y a trop accumulé ces longues conversations, qui, manquant de ce ridicule qui excite les huées, ne sont pas non plus assez piquantes, pour soutenir l'attention des spectateurs.

AUTEUR PAR AMOUR (l'), comédie en trois actes, en vers, aux Italiens, 1784.

Le Connaisseur est, de tous les contes de Marmontel, celui sur lequel, malgré sa ressemblance avec la Métromanie, nos jeunes auteurs se sont le plus exercés. Un pareil objet de comparaison semblait pourtant devoir leur faire tomber la plume des mains, comme il l'avait fait tomber à Marmontel lui-même, lorsqu'il fut tenté de métamorphoser son ouvrage en comédie. Mais, dès qu'un sujet plaît, on se laisse aller au désir de le traiter, sans prévoir les difficultés de l'exécution. C'est ce qui est arrivé à l'écrivain, qui a risqué l'Auteur par Amour, comédie dont le plan, en dépit du titre, n'a différé en rien de celui du conte.

Cet ouvrage a eu peu

de succès : le style en a paru fai

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ble; l'intrigue, dénuée d'intérêt, et les personnages, sans caractère on a cependant applaudi à quelques détails agréables, pris entièrement du conte, et qui ont fait regretter que l'auteur n'y eût pas puisé davantage:

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AUTEUR SATIRIQUE (l'), comédie en un acte et en vers, de Voisenon à la Comédie-Italienne, 1783. Malgré des changemens considérables, qui mirent cette pièce en état d'être représentée, elle n'obtint pas un grand succès, parce que, si les détails en sont charmans, s'il y a de l'adresse dans quelques situations, il y a peu d'intérêt, et beaucoup trop d'invraisemblances dans l'action.

AUTOMATE (l'), comédie en un acte, mêlée d'ariettes, par Cuinet d'Orbeil, aux Italiens, 1781.

Cette pièce a fait assez rire, malgré les invraisemblances du sujet, et la négligence du style. C'est un amant, que l'on transporte chez le tuteur de sa maîtresse, sous la figure d'un Automate, qui parle et qui chante. Le tuteur, grand antiquaire, va chercher de l'argent, pour acheter cette rare curiosité. Pendant ce temps-là, l'Automate a cédé sa place à un clerc de notaire, qui ne tarde pas à se trahir, au retour de l'amateur. On finit la pièce, en faisant signer au tuteur le contrat de mariage des deux amans.

AUTREAU (Jacques d'), peintre par besoin, poëte par goût, mourut dans la pauvreté, et presque toujours attaché à ces deux professions, à Paris, sa patrie, à l'Hôpital des Incurables, en 1745. D'Autreau, d'un caractère sombre et mélancolique, a composé des comédies, qui ont fait rire, et qui amusent encore. Il avait près de soixante ans, lorsqu'il s'adonna au Théâtre, qui demande toujours l'ima

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gination et a vivacité de la jeunesse. Ses intrigues sont trop simples; on voit tout de suite le dénouement, et on perd le plaisir de la surprise. Son dialogue est naturel, son style aisé, mais quelquefois négligé. Quelques-unes de ses scènes respirent le bon comique. Le Théâtre-Italien a conservé le Port à l'Anglais, en prose; et Démocrite, prétendu Fou, en trois actes et en vers. Le Théâtre-Français a représenté sa Clorinde, tragédie en cinq actes; le Ches valier Bayard, en cinq actes; et la Magie de l'Amour, pastorale en un acte et en vers. Il a donné à l'Opéra, Platée, ou la Naissance de la Comédie, dont la musique est du célèbre Rameau. Le Port à l'Anglais, est la première pièce, où les Comédiens Italiens aient parlé français. (Voyez BIANCOLELLI ). Les Œuvres de d'Autreau ont été recueillies en 1749, en 4 vol. in-12, avec une préface de Pesselier, pleine de goût et d'esprit. Le plus connu des tableaux de ce peintre est celui de Diogène, une lanterne à la main, cherchant un homme, et le trouvant dans le cardinal de Fleury. D'Autreau vivait fort retiré, méprisant tout ce que les autres estiment, et ne s'accordant avec le public, que dans le peu de cas qu'il faisait de lui-même.

AUVERGNE (N. d'), surintendant de la musique du roi, a fait celle d'un grand nombre d'opéras, maintenant oubliés.

AUVRAI (N.) a débuté au Théâtre-Français, en 1782, dans les rôles du Glorieux et du Babillard.

Cet acteur avait de l'intelligence et de la noblesse : il fut bien accueilli du public, lors de son apparition sur la

scène.

AVANT-POSTES (les), vaudeville en un acte, par M. Vial, au Vaudeville, 17..

Une anecdote, racontée dans les journaux, a fourni le sujet de cette pièce.

Le meûnier George doit épouser Charlotte. La veille de son mariage, il est rencontré par un avant-poste français. On le questionne, ou le fait boire : enfin le général français forme le projet de l'enivrer, et de prendre ses habits, pour s'approcher du camp ennemi, afin d'en examiner les dispositions. George s'endort; on le déshabille; le général prend ses vêtemens, lui fait donner un uniforme d'officier Français, part, et bientôt est arrêté par un avant-poste autrichien: mais il s'en débarrasse, en indiquant le lieu, où dort un général Français, dont la prise sera facile. Le général, hors de danger, renvoie les habits de George, avec une dot pour Charlotte; et le meûnier épouse sa maîtresse,

AVANT-SCÈNE. On appelle Avant-Scène le tissu des événemens, qui se sont passés avant l'action, mais • dont la connaissance est nécessaire à l'intelligence de la pièce. Il faut, autant qu'il est possible, éviter les sujets, dont l'avant-scène est trop chargée d'événemens. C'est le défaut de Rhadamiste et de quelques autres pièces. S'il y a dans le sujet de l'action quelqu'invraisemblance, quelque défaut de convenance, il faut tâcher de les jeter dans l'avant-scène, afin de mettre à profit l'indulgence, ou l'inattention du spectateur. Si l'avant-scène est très-compliquée, c'est alors que le poëte doit faire tous ses efforts, pour rendre son exposition plus claire. (Voyez ExpoSITION.)

AVARE (1'), comédie en cinq actes, en prose, de Molière, 1668.

On sait que c'est dans Plaute, que Molière a pris le

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