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BADINAGE DANGEREUX (le), comédie, en un acte et en prose, de M. Picard, au Théâtre de Monsieur, 1789.

Cet ouvrage est tiré d'une pièce espagnole de Caldéron, intitulée: On ne badine point avec l'Amour. Un jeune officier, qui regarde l'amour, comme une passion funeste et ridicule, consent néanmoins, pour servir son ami, à feindre ce sentiment pour l'aînée des deux sœurs, dont son ami aime la cadette. Cette aînée annonce la même antipathie contre l'amour: mais, pour en bien juger, il faudrait le connaître. Ces deux ennemis de la tendresse, d'abord pour s'amuser, répètent uue scène amoureuse ; mais ce badinage devient dangereux, et ils finissent par éprouver ce qu'ils avaient voulu feindre.

On trouve dans cette pièce, qui fut le coup d'essai de M. Picard , plusieurs situations agréables; mais, soit qu'elles aient été trop longuement dialoguées, soit qu'elles n'aient pas été rendues avec assez d'adresse et de chaleur, elles ne produisirent pas tout l'effet qu'on en devait attendre.

L'auteur, dit un critique du tems, annonce un talent, qui mérite d'être encouragé. Sa pièce a été présentée par un de ses amis, M. Andrieux, très-avantageusement. connu, par de charmantes productions sur d'autres. théâtres.

BAGARRE (la), comédie en un acte, mêlée d'ariettes, par Poinsinet, musique de Val-Malder, aux Italiens 1763; pièce tombée.

Le lendemain de cette chute, on fit paraître sur le Théâtre de la Foire, un âne dont on vantait la gentillesse, et surtout la netteté. Au milieu de ces éloges, l'anima!.

fit quelques malpropretés ; et aussitôt toute la salle retentit de ces mots point si net, Poinsinet.

BAGATELLE (la), ou LE BILBOQUET PERDU, vau➜ deville en un acte, par MM. Radet, Barré et Bourgueil, au Vaudeville, 1799.

C'est en effet une très-jolie Bagatelle, que cette parodié de l'opéra de Praxitelle. Cet ouvrage est parodié d'une manière très-ingénieuse. Plusieurs couplets sont dignes de ses charmans auteurs; en voici un très-plaisant:

Dans Paris, le panvre Colas
Vient par la diligence,
Pour épouser avec fracas

Tendron plein d'innocence;

Mais bientôt certain embarras,
Suivant de près la noce,

Hélas! se dit tout bas

Le Colas,

J'ai donné dans la bosse.

BAGUE DE L'OUBLI (la), comédie en cinq actes, en vers, par Rotrou, 1628.

Un talisman, caché sous le diamant d'une bague, ôte la mémoire à Alphonse, roi de Sicile: il méconnaît ses officiers, donne des ordres contraires à tout ce qu'il venait de prescrire, et porte le désordre dans ses affaires et dans ses amours. Il quitté sa bague, aussitôt la mémoire lui revient, et il rétablit toutes choses dans leur premier état. Il reprend son anneau; il oublie tout, jusqu'à luimême. Léandre, auteur de cetté aventure, en profite selon ses vues: il obtient pour épouse Léonore, sœur d'Alphonse, prend le titre de vice-roi de Sicile, crée de nouveaux

officiers, et dispose absolument de l'État. Un plaisant découvre le talisman et en instruit le roi, qui se contente d'éloigner, pour quelque tems, de la cour Léonore et Léandre, et répare, en un instant, tous les maux qu'ils avaient causés.

BAGUETTE DE VULCAIN (la), comédie en un acte, en prose et en vers, par Regnard et du Fresny, aux Italiens, 1693.

Le nommé Jacques Aymar, qui faisait alors du bruit à Paris, par sa Baguette, avec laquelle il prétendait découvrir bien des choses, donna lieu à plusieurs dissertations physiques, et fournit l'idée de cette comédie. Elle eut un succès prodigieux dans sa nouveauté. Les auteurs ajoutèrent, pendant le cours des représentations, trois scènes nouvelles, sous le titre d'Augmentation à la Baguette de Vulcain; et Roger ou Arlequin débitait, à cette occasion, la fable d'un cabaretier, qui, pour perpétuer un muid de vin vieux, que ses pratiques avaient trouvé de leur goût, le remplissait de vin nouveau, à mesure qu'il se vidait.

BAÏF (Jean-Antoine), fils naturel de l'abbé de Grenetière, né à Vénise, en 1532, pendant l'ambassade de son père, fit ses études avec Ronsard, Ils s'adonnèrent l'un et l'autre à la poésie française; mais ils la défigurèrent tous les deux, par un mélange barbare de mots tirés du grec et du latin. Baïf youlut introduire dans les vers français, la cadence et la mesure des vers latins et grecs: mais, ses efforts furent inutiles. Ce rimeur était un fort bon homme, suivant le cardinal du Perron, mais un fort mauvais poëte: sa versification est dure, incorrecte et rampante; c'est le premier qui établit, à Paris, une espèce d'académie de musique, On faisait chez lui des concerts, assez bons pour

le tems: les rois Charles IX et Henri III s'y trouvèrent très-souvent. Baïf mourut en 1592; il y a de tout dans ses ouvrages, du sérieux, du comique, du sacré, du pro fane; mais personne, depuis la mort de l'auteur, n'a eu certainement le courage de les lire en entier..!

Nous avons avancé que Baïf avait introduit le mètre latin dans les vers français; mais il n'est ni le seul, ni peut-être même le premier. Le Père Rapin s'était exercé dans ce genre. En voici un échantillon assez curieux, tiré d'une ode de ce jésuite, adressée à Sainte-Marthe :

Sainte Marthe, enfin je me suis avancé

Sur le train des vieux, et premier commencé

Par nouveaux sentiers, m'approchant de bien près
Au mode, des Grecs.

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On voit que ces vers doivent se scander comme les suivans d'Horace :

Jam satis terris nivis atque dire
Grandinis, misit pater, et rubente
Dexterá, sacras jaculatus arcessi
Terruit urbem.

BAILLI (Jacques), garde des tableaux du roi, né à Versailles en 1701, et mort en 1768, travailla dans le genre comique, et fit quelques parodies, qui eurent un succès passager. Son théâtre parut en 1768, en deux volumes in-8.0

BAILLI DU ROLLET (le), auteur lyrique, a donné plusieurs opéra, parmi lesquels on remarque Iphigénie en Aulide.

BAÏOCO ET SERPILLA, parodie du Joueur, inter

mède italien, en trois actes, de Favart, musique de Sodi, aux Italiens, 1753.:

Le fonds de cette pièce n'appartient pas à Favart: Il est de Dominique et Romagnési. Des bouffons italiens représentèrent, en 1728 ou 1729, sur le Théâtre de l'Opéra, plusieurs intermèdes qui eurent du succès, et entr'autres Baioco et Serpilla. Les deux auteurs, que nous venons de nommer, parodièrent cette pièce, en faisant un mélange de français et d'italien. En 1753, de nouveaux bouffons d'Italie s'installèrent encore sur la scène lyrique ; et leurs succès ont fait, parmi nous, une révolution dans l'art musical. Les bouffons proscrits, il y eut un déchaînement presque général, contre la musique italienne; mais, tout en s'élevant contre cette musique, on l'imitait insensiblement; et son génie est devenu à présent le nôtre. On peut aussi rapporter, à cette époque, la naissance des pièces à ariettes. Sodi, musicien italien, saisit cette circonstance, pour faire de la musique nouvelle, sur l'ancienne parodie de Baïoco et Serpilla. Mais, comme les paroles ne convenaient plus au goût actuel du théâtre, Favart reprit l'ouvrage en sous-œuvre, et lui donna une nouvelle forme.

BAISER (le), opéra-féerie en trois actes, musique de M. Champein, à la Comédie Italienne, 1782.

La Fée Azurine unit son fils Alamir à la princesse Zélie; mais si, dans la journée, Alamir prend un seul baiser, à Zélie, celle-ci doit tomber sous la puissance de l'enchanteur Phanor, dont elle est aimée. Le fatal baiser est pris ; Phanor enlève lá princessé, et l'enferme, sur le bord de la mer, dans une tour inaccessible. La Fée, sous la figure d'une vieille magicienne, amie de Phanor, trompe l'enchanteur, s'introduit dans la tour, délivre la princesse, et la rend à son fils.

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