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les rôles d'amoureux. En 1720, il épousa Jeanne-Rose Benozzi, si connue depuis sous le nom de Silvia, une des plus parfaites actrices qui aient paru sur aucun théâtre. Les vers suivans font connaître ce qu'on pensait des talens et du caractère de son mari:

Mario, que chacun renomme
Pour un acteur ingénieux,

Le rôle, que tu sais le mieux,

C'est le rôle d'un galant homme.

BALETTI (Gianetta-Rosa Benozzi), dite SILVIA, née à Toulouse de parens Italiens, est venue fort jeune, en 1716, à Paris, où elle épousa Joseph Baletti, dit Mario. Elle a joué, pendant quarante-deux ans, les rôles d'amoureuses, avec des applaudissemens et un succès toujours soutenus ; et elle est morte regrettée du public, en 1758.

BALETTI (Louis), fils des précédens, débuta à la Comédie-Italienne dans le Petit-Maître Amoureux, fit le rôle, qui donne le titre à cette pièce, et fut reçu, quel→ ques années après, pour la déclamation et pour la danse, dans laquelle il excella. Lejour de son début, la demoiselle Silvia, sa mère, avait favorablement disposé le parterre, par un compliment, qui fut fort applaudi. Le jeune acteur, auquel on trouva beaucoup de dispositions, ne le fut pas moins. Il fut reçu avec Carlin, au mois d'août de l'année suivante. C'est pour lui qu'on a fait ce quatrain :

Baletti, lorsque je te vois,
J'entends aussitôt le parterre
Se récrier, tout d'une voix :
Son talent est héréditaire!

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BALICOURT (Marguerite-Thérèse de) débuta aux Français, en 1727, par le rôle de Cléopâtre dans Rodegune et fut reçue dans la même année. Elle remplissait les rôles de reines et de mères, et quitta le théâtre en 1738, avec

la pension de mille livres, dont elle jouit jusqu'à sa mort, arrivée en 1743.

BAL-IMPROMPTU (le), opéra-comique de Harny, musique de Desbrosses, aux Italiens, 1760.

Un homme de condition, voulant donner une fête à sa campagne, imagine de déguiser les valets en maîtres, et les maîtres en valets. Delà, différentes scènes, où ces derniers, parlant de leurs maîtres, comme s'ils ne devaient plus redevenir leurs valets, sont punis ; et la subordination, dans laquelle ils rentrent, termine la fête et l'ouvrage.

BALLET. Danse figurée, exécutée par plusieurs per sonnes, qui représentent, par leurs pas et leurs gestes, au son des instrumens et de la voix, une action naturelle ou merveilleuse. Nous ne le considérons ici que relativement à la partie dramatique.

Les Égyptiens firent les premiers, de leurs danses, des hieroglyphes d'actions, pour exprimer les mystères de leur culte, le mouvement réglé des astres, l'ordre immuable et l'harmonie constante de l'univers. Les Grecs les imitèrent en ceci (Voyez CHŒUR ); et, chez eux le ballet renferma souvent des allégories ingénieuses, qui lui fit donner le nom de Danse Philosophique.

Ce fut, vers le quatorzième siècle, qu'il fut en Europe une composition théâtrale, et servit à célébrer les mariages des rois, les naissances des princes et les grands événemens.

Les grands ballets se divisèrent en plusieurs espèces :

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Les ballets historiques sont les actions connues dans l'histoire, comme le Siége de Troie, les Victoires d'Alexandre, le Retour d'Ulysse.

Les ballets fabuleux sont tirés de la fable, comme le Jugement de Paris, la Naissance de Vénus. Les ballets poétiques, qui sont les plus ingénieux, étaient de plusieurs espèces, et tenaient pour la plupart de l'histoire et de la fable. Ce spectacle avait des règles particulières, comme le poëme épique, la tragédie et la comédie.

L'unité de dessin était seule nécessaire, et l'on n'exigeait ni l'unité de tems, ni celle de lieu.

La division ordinaire des ballets était en cinq actes; et chaque acte était divisé en trois, six, neuf, et quelquefois douze entrées. (Voyez ENTRÉE. )

On nous a conservé l'idée de quelques-uns de ces ballets. En voici un de ceux qu'on appelait Allégoriques. Il fut donné, au mariage d'une princesse de France et du duc de Savoie. Le gris de lin en fut le sujet, parce qu'il était la couleur favorite de la princesse.

Au lever de la toile, l'Amour paraît et déchire son bandeau : il appelle la lumière, et l'engage par ses chants à se répandre sur l'univers, afin que, dans la variété des couleurs, il puisse choisir la plus agréable. Iris étale, dans les airs, les couleurs les plus vives. L'Amour se décide pour le gris de lin. Il veut qu'à l'avenir il soit le symbole d'un amour sans fin.

Quelques-uns de ces ballets portaient le titre de BalletsMoraux, comme celui qui était intitulé: la Vérité, ennemie des Apparences et soutenue par le Tems. On voyait d'abord l'Apparence portée sur un grand nuage, vêtue d'une étoffe de couleur changeante, ornée de différens attributs, et environnée des Fraudes et des Mensonges. Le

Temas paraissait, avec une horloge de sable, de laquelle sortaient les Heures et la. Vérité.

A l'époque de l'établissement de l'Opéra en France, on conserva le fonds du grand ballet; mais on en changea la forme. Quinault imagina un genre, où les récits firent la plus grande partie de l'action, et où la danse ne fut plus qu'un accessoire. Ses successeurs l'imitèrent dans ses bal¬ lets, et restèrent fort au-dessous de lui.

La Mothe, en 1697, créa un genre nouveau qui fut adopté. L'Europe Galante a servi de modèle à tous les ballets, qu'on a donnés depuis. On se plaint que, dans la plupart de ces ballets, les actes forment autant de sujets différens, liés seulement entr'eux par quelques rapports généraux, étrangers à l'action, et que le spectateur n'apercevrait jamais, si l'auteur n'avait soin de l'en avertir `dans le prologue. Malgré cet inconvénient, il parait qu'on ne se détachera pas facilement d'un genre, qui produit une grande variété, sans exiger du poëte de grands efforts de génie.

Le ballet de cette nouvelle forme consiste en trois ou quatre entrées, précédées d'un prologue.

Le prologue et chacune, des entrées forment des actions séparées, avec un ou deux divertissemens, mêlés de chants et de danses. Le fonds du ballet, et des danses qu'il amène, doit être galant, noble, intéressant ou badin, suivant la nature des sujets, Telle est au moins la forme de tous ceux qui sont restés au théâtre.

L'amateur de la vérité et de la nature a souvent demandé ce que signifiait tel ballet, où l'on balançait les bras, où l'on levait alternativement les pieds sans dessein marqué, où l'on dansait enfin pour danser. Les arts sont tellement soumis à une routine puérile et invétérée, que l'on a vu

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long-tems sur la scène des sauts bizarres, des attitudes forcées, des mouvemens vagues et indéterminés ; et personne ne soupçonnait alors que l'art pût former une action intéressante, et noblement imitée par la danse. Il était décidé qu'un ballet ne serait qu'un cercle de danseurs, perpetuellement agités sans cause, et dont les pas ne signifieraient rien. On était loin d'apercevoir, même en spéculation, que la danse pouvait former une peinture mobile, gracieuse, animée; qu'elle pourrait créer des tableaux, les varier à son gré, et s'élever jusqu'à rendre les passions humaines. Elles sont néanmoins d'autant plus expressives, que leur langage est plus contraint et plus resserré. Le silence de la pantomime, loin de rien dérober à leur finesse et à leur énergie, semble y ajouter, par les gestes et les mouvemens ingénieux et prompts, qu'elle invente. Dans cette action muette, la gêne paraît stimuler l'éloquence; chez l'homme, alors tout prend une langue énergique ; le pied parle comme l'œil; le sentiment se peint dans les moindres nuances; l'âme s'échappe par toute l'habitude du corps; tout est réfléchi, décisif, pittoresque; tout saisit l'image et la caractérise; elle n'est, ni fausse, ni équivoque; et quel plaisir de voir tel mouvement, rapide et fugitif comme l'éclair, qui rend avec netteté un sentiment délicat et fin. L'amour, la crainte, le désespoir changent de physionomies, et disent tout ce qu'ils veulent dire, sans qu'on soit trompé par le mensonge; il semble pe plus exister, dès que la bouche de l'homme est fermée.

Les anciens avaient porté cet art à un degré de perfecfection, qui nous est inconnu. Noverre, parmi nous, est le premier qui ait raisonné la danse. Il essuya les contradictions, que le bon sens éprouvera toujours de la part

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