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assujéti au sort réservé à tous les humains, et qu'il mérite d'être reçu dans la troupe céleste. Momus applaudit au sentiment de Mercure; mais quelques autres dieux et déesses se révoltent, contre la proposition d'une apothéose si nouvelle; et Jupiter, pour les mettre tous d'accord, change le vieux comédien en une figure de décoration..

L'on a imprimé, en 1760, trois volumes in-12 de pièces de théâtre, sous le nom de ce comédien; mais on présume, peut-être injustement, qu'elles ne sont pas toutes de lui. L'intelligence, qui règne dans ces pièces, est sans doute une preuve qu'elles sont de Baron. Le dialogue en est vif; les scènes en sont variées; rarement, elles offrent de grands tableaux; mais l'auteur sait copier, d'après nature, certains originaux, aussi importuns dans la société, qu'amusans sur la scène. On voit que l'auteur avait étudié le monde, autant que le Théâtre. Quant à la versification, si Baron était acteur excellent, il n'était que poëte médiocre. Il mourut à Paris, âgé de soixantedix-sept ans.

Rousseau fit ces quatre vers pour son portrait :

Du vrai, du pathétique il a fixé le ton:

De son art enchanteur Pillusion divine

Prêtait un nouveau lustre aux beautés de Racine,
Un voile aux défauts de Pradon.

BARON (Étienne), acteur, fils de Michel Baron, mourut en 1711, dans la fleur de son âge. Il était jeune, beau, bien fait, et ses talens commençaient à se perfectionner; mais un amour trop ardent pour le plaisir en priva le public. Il fut marié avec Catherine Voudrebeck, fille de la directrice des spectacles de la Foire, dont il a laissé un fils et deux filles ; l'une qui débuta au Théâtre, en 1730, par

le rôle de Phèdre, fut reçue en 1731, se retira en 1733, et épousa Bachelier, l'un des valets de chambre du roi ; et l'autre, nommée Desbrosses, ne fit que paraître au théâtre. Le fils, François Baron, a été reçu aux Français, en 1741, y a joué pendant quatorze ou quinze ans, et s'est retiré avec une pension de mille livres. On fit sur lui les vers suivans, qui font connaître de quels rôles il se chargeait ordinairement.

Baron, je te jure ma foi,

Qu'au gré des juges du parterre,
Nul acteur ne sait mieux que toi
Jouer les rôles de notaire.

BARON (Mlle.) était la plus belle personne de son tems. On rapporte que, lorsqu'elle se présentait, pour avoir l'honneur de paraître à la toilette de la Reine-Mère, Sa Majesté disait à toutes les dames: Voilà la Baron! et elles prenaient la fuite.

Cette actrice était dans le foyer de la Comédie, lorsqu'un amant vint se réconcilier avec elle. La paix se fit; et l'amant demanda à l'actrice la clef de son appartement, pour aller, disait-il, se reposer, et attendre la fin de la pièce; mais le misérable, abusant de la confiance qu'on avait en lui, prit l'argent avec tous les meubles de prix, et se sauva. Mlle. Baron était dans une situation critique; cette nouvelle causa chez elle une révolution subite, qui lui causa la mort.

BARON D'ALBICRAC (le), comédie en cinq actes, en vers, de Thomas Corneille, 1668.

Cette comédie est plaisamment imaginée, bien conduite, et les personnages, qui la composent, ont tous leur mérite

particulier. Les stratagêmes, qu'on emploie pour tromper la tante, sont ingénieusement imaginés et naturellement placés. Le travestissement du laquais Lamontagne en baron d'Albicrac ne sort point de la vraisemblance, par le soin que l'auteur a pris, de l'annoncer comme un garçon d'esprit; mais enfin, tout cela ne compose qu'une intrigue commune; il n'en résulte aucun caractère, aucune correction pour mœurs. On n'emporte, de cet ouvrage, que le plaisir d'avoir ri aux dépens d'une femme ridicule; et cette femine ridicule n'est pas assez singulière, pour présenter un tableau utile au spectateur. Au reste, cette comédie est bien dialoguée, et d'une versification supérieure à tout ce que Thomas Corneille avait composé jusqu'alors.

les

BARON DE BRETEUIL (le), comédie du ThéâtreAnglais, 1790.

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Les Anglais jouèrent, sur leurs théâtres, notre assemblée nationale, et la cloche du Président rappelant à l'ordre. Je me ressouviens, disait en 1791 un publiciste célèbre d'avoir assisté à une farce anglaise, intitulée: Le Baron de Breteuil, dans laquelle on ridiculisait ce Baron, toujours escorté d'un : De par le Roi!

Sur la scène paraissait un grand et gros homme, décoré d'un cordon bleu, richement vêtu, avec une boucle à l'œil', faisant charger, sur le dos d'un portefaix français, plusieurs malles très-lourdes. A la première, qui déjà fait chanceler le porteur, celui-ci se tourne du côté du Chevalier, et dit que sa charge est complette. Le Cordon-bleu lui crie: De par le Roi! A ces mots foudroyans, sortis d'un poumon vigoureux et exercé, le portefaix s'ébranle, joint les mains, tend le dos, et attend tout tremblant une nouvelle charge. On jette une seconde malle sur la pre

le

mière ; le portefaix se tourne encore, d'un air dolent, du côté du Cordon-bleu, qui lui crie de nouveau : De par Roi! et lui fait charger une troisième malle, qu'il reçoit sur son échine déjà meurtrie, en joignant les mains et en courant après l'équilibre. Enfin il y a tant De par le Roi, on met tant de malles sur le dos du pauvre malheureux, qu'il tombe sur ses mains, et reste écrasé sous la charge. Le Cordon-bleu alors se baisse et lui crie, à travers les malles: Voilà le Roi! Voilà le Roi! Le pauvre éreinté ramasse toutes ses forces, et crie d'une voix aigre : Vive le Roi! Vive le Roi !

Messieurs les Anglais, ajoute le même Écrivain, ne joueront plus sur leurs théâtres, les De par le Roi! du Baron de Breteuil, et nous jouerons toujours le Français à Londres.

BARON DE LA CRASSE (le), comédie en un acte, en vers, de Raimond Poisson, 1662.

Tout le mérite du Baron de la Crasse consiste dans une façon, nouvelle alors, de critiquer les pièces de théâ→ tre. Un marquis et un chevalier rendent visite au Baron de la Crasse, et l'engagent à conter une aventure, qu'il eut à Fontainebleau. Il voulait entrer dans la chambre du Roi; l'Huissier ferma la porte; et le Baron s'y trouva pris par ses cheveux, qu'il fut obligé de couper pour se débarrasser. Cette histoire, vraie ou supposée, est contée plaisam→ ment, Arrive un comédien de campagne, qui s'offre à jouer la comédie. On lui demande le répertoire des pièces, qu'il est en état de faire représenter ; et, ce fut là que plusieurs bons poëtes ne dûrent pas être contens, de se trouver confondus avec d'autres auteurs assez médiocres. Quelques contre-temps empêchent les acteurs de se rassembler: et,

au

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au lieu de la comédie qu'ils avaient promis de jouer, ils ne donnent que le Zigzag, espèce de farce plus bouffonne, plus indécente que comique. Octave, pour épouser Isabelle, promise a Valère, ordonne à Crispin de se présenter à sa maîtresse, sous le nom de son rival, et de se montrer si ridicule aux yeux de la mère d'Isabelle, qu'elle le refuse pour son gendre; cette vieille ruse réussit. Voilà ce qu'il a plû à Poisson d'appeler le Zigzag.

BARONNE DE CHANTAL (la), drame historique en trois actes, en vers, par M. Cubières de Palmézeaux, au Théâtre de Molière, 1800.

Madame de Chantal, à l'instigation de St.-François de Sales, abandonna son père, son frère et ses trois enfans, pour aller fonder une communauté religieuse. L'auteur, dans cette pièce s'élève avec force contre ce zèle immodéré.

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BARRÉ (M.), auteur dramatique, 1808.

La Comédie-Italienne s'est long-tems enrichie de ses jolies productions; mais le Théâtre du Vaudeville, dont il fut l'un des fondateurs, et qu'il dirige depuis son établissement, l'enleva à l'Opéra-Comique, et lui doit une foule de charmans ouvrages.Cet auteur est l'un des plus dignes successeurs des Pannard, des Collé et des Favart.

BARRIÈRE DU PARNASSE (la), opéra-comique en un acte, en prose, par Favart, à la Foire Saint-Germain, 1740.

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Apollon, qui a fait mettre une barrière au Parnasse, en confie la garde à la Muse chansonnière, avec ordre de défendre l'entrée du sacré Vallon, à tout ouvrage qui n'eu sera pas digne. La Muse n'ignore pas la difficulté d'un pa

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