Images de page
PDF
ePub

envoie plusieurs de ses gardes, pour les faire mourir l'un et l'autre. Tandis qu'ils sont sur le point d'exécuter les ordres qu'ils ont reçus, Abimélech descend au pied de la tour, pour la défendre contre une armée qui venait l'attaquer. Alors:

Dans ce désordre affreux de la nature entière,
Thamar, seule insensible au poids de sa misère,
Rappelle ses esprits, jette un regard au ciel;
Chacun pense la voir y fixer l'Éternel :
Et, cédant aux transports d'une force inconnue,
Sur le bord de la tour elle vole éperdue,
Ebranle ses créneaux, et, d'un bras furieux,
Une pierre au tyran est lancée à nos yeux.
Sa tête retentit sous le coup qui l'arrête...

Abimélech meurt : Zorab et Jotham sortent de la prison. Ce dernier, délivré d'un ennemi redoutable, ne trouve plus d'obstacles à son ambition.

ABJURATION DU MARQUISAT (l'), comédie en prose, par Boulanger de Chalussay, non imprimée, 1670.

Pour n'avoir pas trouvé bonne cette comédie, Molière encourut la haine de son auteur, qui en fit imprimer contre lui une autre, intitulée : Elomire Hypocondre. Elomire est l'anagramme de Molière.

ABONDANCE (l'), opéra-comique en un acte, de l'Affichard et Valois, à la foire Saint-Germain, 1737.

La Vertu personnifiée devait être un des personnages de cette pièce. Comme on en différait la représentation, on demanda au directeur de l'opéra-comique ce qui causait ce retardement. C'est, répondit-il, que mademoiselle

Roselle, chargée du rôle de la Vertu, vient d'accoucher, et que l'on attend qu'elle soit rétablie. Cette réponse, qui circula dans le public, fit supprimer le rôle.

ABSALON, tragédie de Duché, 1712.

Un caractère, aussi odieux que celui d'Absalon, ne pouvait guère être celui d'un héros de tragédie; aussi l'auteur a-t-il crû devoir le déguiser, et tourner toute l'indignation des spectateurs contre Achitopel, qui d'ailleurs l'a suffisamment méritée. Il a donc fait son héros tel qu'il doit être : son ambition le rend assez criminel, pour mériter la mort; mais il ne l'est point assez, pour ne pas inspirer quelques regrets, quand on le voit mourir. L'endroit, où le poète s'est le plus écarté de la vérité, est celui où il ramène Absalon mourant. Le second et le quatrième actes ont fait le succès de la pièce.

Cette tragédie avait été applaudie à Saint-Cyr, et honorée de la présence de Louis XIV. Elle fut ensuite représentée en 1702, à Versailles, par les princes, les princesses, les seigneurs et les dames de la cour, pendant le carnaval. La duchesse de Bourgogne y jouait le rôle de Thamar ; le duc d'Orléans, celui de David; etc. On y joignit la Ceinture Magique de Rousseau, où le duc de Berry fit un rôle. L'ouvrage de Duché valut à son auteur une pension de mille livres.

ABSENCE (l'), opéra-comique, de Panard, à la foire Saint-Laurent, 1734.

Il y eut beaucoup de murmures à la représentation de cette pièce, parce que le public trouva fort singulier que l'on eût personnifié l'Absence; et le public n'avait pas

tort.

ABSENT DE CHEZ SOI (l'), comédie en cinq actes, en vers, par Douville, 1643.

:

Clitandre rend des soins à une jeune personne, nommée Elise ensuite il la quitte pour revenir à Diane, sa première maîtresse. L'amant de Diane est un fou, qui tantôt fait le jaloux, et tantôt le complaisant. Les valets imitent leurs maîtres ; ils se quittent, se raccommodent, se brouillent, etc. Le titre de la pièce n'est vrai que pour le premier acte, où le père d'Elise feint d'aller à la campagne, et rentre secrètement dans sa maison par une porte de derrière.

Douville, frère de l'abbé de Bois-Robert, ayant vu sa pièce applaudie, demanda à son frère ce qu'il en pensait. Bois-Robert lui avoua franchement qu'il la trouvait mauvaise, comme elle l'est effectivement. L'auteur piqué lui dit: : je m'en rapporte au parterre. Vous faites bien, reprit l'abbé; mais je crains que vous ne vous en rapportiez pas toujours à lui. En effet, Douville fit représenter une autre comédie qui fut sifflée. Eh bien ! lui dit alors BoisRobert, vous en rapportez-vous encore au parterre? Non vraiment, dit le frère, d'un air chagrin : il n'a pas le sens commun. Eh quoi! s'écria l'abbé, vous ne vous en apercevez que d'aujourd'hui ? Pour moi, je m'en suis aperçu dès votre première pièce.

ABUFAR, on la Famille Arabe, tragédie en cinq actes et en vers, de M. Ducis, au théâtre de la République, 1795.

La tragédie d'Abufar offre de grandes beautés de style; l'auteur lui a donné une couleur vraiment orientale, mais qui n'est pas toujours tragique : une foule de beaux vers semblent plutôt appartenir au genre de l'Idylle; et l'on sent

qu'une pareille innovation est tout-à-fait contraire aux règles du bon goût.

Malgré le peu de succès que cette tragédie obtint d'abord, elle s'est soutenue au théâtre ; et, si elle n'ajoute point à la gloire de son auteur, elle est du moins digne de sa haute réputation.

Le Vaudeville a parodié cette tragédie, sous le titre d'Abusar, ou la Famille extravagante.

ABUNDANCE (Jean-Michel ), notaire du PontSaint-Esprit, vivait en 1540. Il est auteur de Moralités et de Mystères.

ABUNDANCE (Jean), notaire, au Pont-St.-Esprit est auteur d'un Mystère à Personnages de la Passion, que l'on distingue de celui de Jean-Michel, par quod secundùm legem debet mori.

ACADÉMICIENS (les), comédie en trois actes, en vers, par Saint-Evremont, 1650.

Cette pièce satirique, après avoir couru long-tems manuscrite, sous le nom de Descavenels, fut imprimée sous le titre de la Comédie des Académistes pour la réformation de la langue française, avec le rôle des représentations faites aux grands jours de l'Académie, l'an de la réforme, 1643. Les personnages de cette pièce sont : le chancelier Séguier, Serisay, Desmarets, Godeau, Colletet, Chapelain, Gombault, Habert, Létoile, BoisRobert, Silhon, Gomberville, Baudouin, mademoiselle de Gournay on désira que Saint-Evremont corrigeât cette comédie; mais il aima mieux la refondre que de la retoucher. Ceux qui prendront la peine de comparer ces deux ouvrages, verront bien que celle de Saint-Evremont est une pièce toute nouvelle.

ACADÉMIE BOURGEOISE (l'), opéra comique, en un acte, en prose, mêlé de vaudevilles, par Panard, à la foire Saint-Germain, 1735.

Bélise, Bourgeoise ridicule, veut établir chez elle une académie, malgré les remontrances de sa suivante, qui n'a pas grande estime pour les gens de lettres. Bélise a encore une autre manie: Pour désennuyer ses nièces, elle leur fait apprendre des rôles de comédie. Pendant qu'elles vont les étudier, on procède à l'examen des candidats, qui se présentent pour remplir l'Académie Bourgeoise. On y reçoit un Bel-esprit, qui ne s'exprime que par sentences; ainsi qu'Orphise, qui se vante d'interprêter les discours des personnes qui parlent à demi-mot: Bélise elle-même n'y est reçue, que pour son talent à faire en paroles des tableaux de tout ce qui se passe. Dorante, frère de Bélise, chargé de cet examen, donne l'exclusion à quelques prétendans, entr'au res à un déclamateur violent, dont les gestes lui font apprénender quelqu'accident tragique. Le dernier reçu est le plus nécessaire ; c'est un maître de ballets, qui compose un divertissement qui termine la pièce.

[ocr errors]

ACADÉMIE DES FEMMES (1'), comédie en trois actes, en vers, de Chapuzeau, 1661.

Cette comédie a pu donner à Molière l'idée des Femmes Savantes. Une absence de quatorze mois faisant conjecturer à Emilie que son époux n'est plus vivant, elle se livre toute entière à son goût pour la littérature, et ne s'occupe que de livres, de conversations sur les sciences, et du soin d'entretenir commerce avec les savans. Un d'eux, appelé Hortense, portant ses vues plus haut, s'imagine avoir fait autant de progrès sur son cœur que sur son esprit; mais sa déclaration est mal reçue. Piqué jus

« PrécédentContinuer »