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qu'au vif, et voulant jouer un tour à Emilie, il fait habiller superbement Guillot, son domestique; et, après lui avoir donné ses instructions sur le personnage qu'il doit jouer, il présente ce valet travesti à Léarque, père. de la dame, sous le nom du marquis de la Guilloche, qui la demande en mariage. Emilie et la compagnie des Précieuses, qui est alors chez elle, reçoivent le nouveau marquis avec beaucoup de distinction. On vient ensuite annoncer le baron de la Roque. C'est le mari d'Emilie, qu'on croyait mort, et qui revient plein de vie. Emilie s'évanouit à cette vue. Guillot, reconnu pour le valet d'Hortense, est chassé; et le baron, après une remontrance à sa femme sur sa conduite ridicule, lui ordonne de laisser ses livres, et de ne s'occuper que du soin de son ménage. (Voyez L'ATHÉNÉE DES FEMMES.)

ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.

C'est maintenant que l'on peut dire dans toutes les parties de l'Europe, avec un de nos plus grands Poètes:

Il faut se rendre à ce palais magique,
Où les beaux vers, la danse, la musique,
L'art de tromper les yeux par des couleurs,
L'art plus heureux de séduire les cœurs,
De cent plaisirs font un plaisir unique.

J. J. Rousseau dit, en parlant de l'Opéra : c'est l'Académie qui fait le plus de bruit dans le monde.

On trouve dans les archives du théâtre que le Roi, par un arrêt du conseil, accorda aur sieur Gruer le privilége de l'Académie royale de musique, pour en jouir pendant le cours de trente-deux années ; que Destouches, surintendant de la musique du roi, qui avait la direction de cette

Académie depuis 1728, se retira avec une pension de quatre mille livres; que Gruer ne jouit de son privilége que jusqu'en 1731; qu'il passa successivement aux sieurs Lecomte, Thuret, en 1733; Berger, en 1744; Tréfontaine et Saint-Germain, en 1747; et au mois d'août 1749 à la ville de Paris, qui en jouit jusqu'en 1757, et à qui cette régie semblait convenir d'autant mieux, dit de Léris, qu'elle était une imitation de l'usage des Romains, qui chargeaient les édiles du soin des spectacles et des fêtes publiques: la ville en confia la direction à Rebel et Francœur. Le Berton et Trial succédèrent à ces deux derniers en 1767; on leur associa Dauvergne et Joliveau en 1769; l'Opéra fut dirigé ensuite par MM. Rebel, Devismes Bonnet, et l'est aujourd'hui, par M. Picard, 1808.

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ACAJOU, opéra comique, en un acte, de Favart, à la foire Saint-Germain, 1744.

Cette pièce, pleine d'esprit et de gaieté, fut d'abord jouée en prose, mêlée de couplets. Après la défense de parler, faite à l'Opéra comique, on la redonna toute en vaudevilles à la foire Saint-Laurent, et sur le théâtre de l'Opéra. Acajou, dans sa nouveauté, attira un concours si prodigieux, que, le jour de la clôture du théâtre, la barrière, qui séparait le parquet du parterre, fut brisée. Favart a tiré cet ouvrage du conte d'Acajou, par Duclos.

ACANTE et CÉPHISE, Pastorale héroïque Marmontel et Rameau, à l'Opéra, en 1751.

, par

C'est un ouvrage de circonstance, représenté à l'occasion de la naissance du duc de Bourgogne.

ACCENS. Les poètes emploient souvent ce mot au pluriel, , pour signifier le chant même, et l'accompagnent

ordinairement d'une épithète, comme doux, tendres, tris

tes accens.

ACCENT. On appelle ainsi, selon l'acception la plus générale, toute modification de la voix parlante, dans la durée, ou dans le ton des syllabes et des mots dont le discours est composé: ce qui montre un rapport très-exact entre les deux usages des accens et les deux parties de la mélodie, savoir, le rhythme et l'intonation.

ACCIUS, poète tragique latin, était le fils d'un affranchi. Les anciens le préféraient, pour la force du style, l'élévation des sentimens et la variété des caractères, à Pacuvius, qui connaissait mieux son art, mais qui avait moins de génie. Il ne nous reste de ses tragédies que les titres. Nous n'avons pas non plus les vers qu'il fit à l'honneur de Décimus Brutus. Ce héros romain fut si sensible à ses louanges, qu'il les fit afficher sur la porte des temples, et sur les monumens qu'on lui érigea, après la défaite des Espagnols. Accius mourut dans un âge fort avancé, vers l'an 180 avant J. C. Pline rapporte qu'Accius, quoique de très-petite taille, se fit élever une trèsgrande statue dans le temple des Muses.

ACCOMMODEMENT IMPRÉVU (l'), comédie en un acte, en vers libres, de la Grange, 1737.

Cette petite comédie, jouée sur la scène française, y reparut long-tems avec succès. Léandre, qui a hérité d'un procès contre madame Argante, devient amoureux de Julie sa fille ; mais, n'osant se présenter à elle-même ni à sa mère, sous son nom véritable, il prend celui de Damis, est bien reçu, et se fait aimer de Julie. On propose alors un accommodement entre madame Argante et Léandre,

que

qui, presque sûr de gagner son procès, demande que Julie lui soit accordée. Le peu d'éloignement que témoigne la mère, la résistance de la fille, les propos captieux du faux Damis, rendent cette scène très-piquante. Il est vrai que le dénouement est dès-lors prévu, mais il n'est pas éloigné. Lorsqu'on donna cette pièce au Théâtre Français, un plaisant, en battant des mains de toutes ses forces, applaudissait à tout rompre, et criait en même tems : ah ! c'est mauvais ! Ceux qui se trouvèrent à ses côtés, surpris de ce procédé bizarre, lui demandèrent pourquoi il disait que la pièce était mauvaise, dans le tems même qu'il l'applaudissait? J'ai reçu, répondit-il, un billet pour applaudir; je l'ai promis, et je tiens parole; mais je suis honnête homme, et je ne puis trahir mon sentiment; c'est pourquoi, tout en battant des mains, je dis et répète que la pièce est détestable. La sensation que fit ce personnage devint générale, et les spectateurs applaudirent et sifflèrent comme lui.

ACCOMPAGNEMENT. C'est l'exécution d'une harmonie complète et régulière,sur un instrument propre à la rendre, tel que l'orgue, le forte-piano, le théorbe, la guitarre, le violoncelle, etc.

ACHÈVEMENS. On appelle ainsi ce qui achève de completter le dénouement, et sert à satisfaire entièrement l'esprit du spectateur, sur le sort des principaux personnages. La dernière scène de Mithridate, par exemple, est un achèvement.Le Roi, voyant les Romains maîtres de son palais, s'est plongé son épée dans le sein, pour éviter de tomber vivant entre leurs mains. Tout paraît fini, et tout l'est, en effet, par rapport à lui: cependant le spectateur est encore inquiet sur le sort de Monimo et de Xipharès.

Le poète laisse vivre encore Mithridate assez de tems, pour faire voir les derniers traits de son courage et de sa haine contre les Romains, pour pardonner à son fils Xipharès, dont il a reconnu l'attachement et la fidélité, et pour lui accorder la main de Monime, en abandonnant son second fils Pharnace, qui l'a trahi, à sa mauvaise destinée. D'après cela, l'esprit et le cœur n'ont plus rien à désirer.

ACHILLE, tragédie en cinq actes, de Thomas Corneille, 1673.

Les Poètes Hardi, Borée et Benserade avaient déjà fait représenter chacun une tragédie d'Achille. L'acteur, qui jouait le rôle de ce Héros dans celle de T. Corneille, avait été garçon menuisier. Voulant avoir son portrait, il fit marché avec un peintre pour quarante écus, à condition qu'il serait représenté en Achille, personnage sous lequel il croyait avoir meilleure grâce. On avait prévenu le peintre que le comédien était mauvais payeur; et, pour avoir une vengeance toute prête, en cas de quelque difficulté, il fit à l'huile son Achille, excepté le bouclier, qu'il peignit en détrempe. On trouva le portrait fort ressemblant: mais, comme l'acteur voulait eu diminuer le prix, il prétexta quelques défauts dans la peinture, et n'offrit plus que vingt écus. Le peintre parut satisfait, et dit au comédien que, pour rendre le tableau plus brillant, il fallait y passer plusieurs fois une éponge imbibée de vinaigre. L'acteur usa de la recette; mais le vinaigre détacha toute la couleur en détrempe qui représentait le bouclier, et alors ce ne fut plus Achille, mais un menuisier qui, au lieu d'un bouclier, tenait un rabot.

ACHILLE A SCYROS, tragi-comédie en trois actes,

en

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