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en vers, par Guyot de Merville, au Théâtre Français, 1737.

Ce sujet est tiré de l'opéra italien de Métastase. Guyot de Merville en a emprunté les beautés, sans en copier les défauts, tels que le festin de Lycomède, ou la froide rivalité de Théagène. Quoiqu'il en soit, les connaisseurs trouvent dans cet ouvrage beaucoup d'esprit, des situations bien imaginées, un intérêt tragique, joint à des détails vraiement comiques, et en général une assez bonne versification.

Montmény, un des acteurs les plus estimés de la troupe, vint débiter, avant la première scène, une espèce de compliment, ou, si l'on veut, un prologue, dans lequel il exposa les raisons que l'auteur avait de craindre pour le succès de son travail: telles que la nouveauté du sujet, la singularité des situations, la hardiesse des incidens, les habillemens mêmes des personnages, etc. Il termina son discours, en priant les spectateurs de suspendre leur jugement, jusqu'à ce que l'action finie leur laissât le loisir de le prononcer, avec cette équité et cette justesse qui fixent le goût du public. Co compliment fut bien reçu, et la pièce, applaudie.

ACHILLE A SCYROS, ballet en trois actes, de M. Gardel, à l'Académie Impériale de musique, 1804. Achille, déguisé en fille, vivait à Scyros, au milieu d'un joli troupeau de nymphcs; il y resta jusqu'à l'arrivée d'Ulysse, député par les Grecs. A la vue d'un casque et d'une armure, son cœur tressaille; il saisit fortement le sabre, se couvre du casque, suit les pas d'Ulysse, et quitte le sein des amours, pour se jeter dans les bras de la gloire. Telle est la fable d'après laquelle M. Gardel a imaginé son ballet. C'est un des plus brillans ouvrages de ce célèbre compositeur.

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ACHILLE et DÉIDAMIE, tragédie-opéra en cinq actes, avec un prologue, par Danchet et Campra, 1735.

Le sujet du prologue est une fête, que Melpomène et l'Amour ont consacrée à Quinault et à Lully. Quoique la tragédie renferme un assez grand nombre de beaux passages, elle n'a jamais été reprise.

Le poète Roi disait assez plaisamment, faisant allusion à l'âge avancé des deux auteurs : Achille et Déidamie ! peste! ce ne sont pas là des jeux d'enfans!

Boissy fit la parodie de ce nouvel opéra ; il y travestit Achille en gardeur de cochons, Thétis en poissarde de la halle,et Ulysse en un raccoleur, qui engage le jeune Achille.

A l'occasion de la chute de l'opéra d'Achille par Danchet et Campra, l'abbé Desfontaines disait : «Tous les Achilles chantans ont eu un destin aussi malheureux, qu'a été brillant le sort de ce même Achille, quand il s'en est tenu à déclamer. Le premier sortit en partie des cendres de Lully, recueillies par Colasse; mais on les trouva bien refroidies entre les mains de ce dernier musicien, qui avait ajouté trois actes de sa façon. Colasse ne se découragea point; et, croyant réussir mieux de son chef, environ trentecinq ans après, sa muse plus mûrie, soutenue d'un poète sage et grave, fit paraître Achille dans la compagnie de Polyxène et de Pyrrhus. Cet opéra n'eut que trois ou quatre représentations, et le malheureux Achille se replongea dans son tombeau. On l'en a vu ressortir cette année sous de meilleurs auspices; mais, comme s'il y avait une fatalité attachée à ce sujet, Achille, amant de Déidamie, n'a point été plus heureux qu'Achille, amant de Polyxène. J'en conclus qu'Achille, enfant, et Achille, père et vieux, ne sont pas dans leur point de vue, et

qu'il n'y en a qu'un seul à peindre, qui est celui que Racine a mis sur la scène. »

Un auteur présenta aux comédiens, il y a quelques années, une tragédie d'Achille. Le héros ouvrait la scène, et ses premières paroles étaient :

Quand, ma pique à la main.....

Les comédiens, assemblés pour entendre la lecture dé la pièce, se levèrent tous, et prièrent l'auteur d'en

rester-là.

ACHILLE et DÉIDAMIE, comédie en un acte, au Vaudeville, 1802.

C'est une espèce de parodie des opéras précédens. On y remarqua de jolis couplets, mais des plaisanteries hasardées, que le bon goût et la morale condamnent également.

ACHILLE et POLYXÈNE, tragédie-opéra, avec un prologue, par Campistron et Colasse, 1687.

Cette pièce est le tableau de la colère, des exploits et des amours d'Achille. Le dessin en est exact, le coloris assez brillant; mais on y souhaiterait plus de variété et plus de force.

ACHMET et ALMANZINE, opéra-comique, en trois actes, de Lesage et Dorneval, 1721.

Almanzine, achetée pour le sérail du sultan, est aimée d'Achmet, fils du grand visir. Achmet se déguise en fille, et entre dans le sérail en qualité d'esclave, afin de se procurer la facilité de voir Almanzine, sans laquelle il ne peut plus vivre. Les deux amans se livrent au plaisir de s'aimer et de se voir. Le bon sultan donne à Almanzine, la prétendue esclave, pour la servir. Secondés par les soins de Pierrot

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pour M. de Vendôme, et qu'il pouvait en espérer une récompense beaucoup plus considérable. Campistron trouva ce sacrifice un peu douloureux, et ne se rendit qu'avec bien de la peine à ce conseil; mais, au bout de quelque tems, il se sut bon gré de l'avoir suivi. Le prince, encore plus touché du désintéressement qu'il croyait voir dans l'auteur, que du mérite de l'ouvrage, le prit chez lui en qualité de secrétaire de ses commandemens. Campistron avait tout ce qu'il fallait pour remplir cette place; on lui reprochait seulement un peu de négligence à répondre aux lettres qu'on lui écrivait. Sa réputation était là-dessus si bien établie, qu'un jour qu'il brûlait un tas immense de lettres, M. de Vendôme, qui lui voyait faire cette expédition, dit à ceux qui se trouvaient présens Le voilà occupé à faire ses réponses.

:

ACIS et GALATÉE, ballet en un acte, de M. Duport, à l'Opéra, 1806.

Ce petit ouvrage d'un célèbre danseur obtint un grand succès, et annonçait un digne élève des Noverre et des Gardel. Mademoiselle Hullin, âgée de cinq ans, jouait dans Acis et Galatée le rôle de l'Amour : elle ne fit pas le moindre agrément de cette jolie production.

ACTE, partie d'un poëme dramatique, séparée d'une autre partie par un intermède.

Les poëtes grecs ne connaissaient point la division des 'poëmes en cinq actes. Il est vrai que l'action paraît de tems en tems interrompue sur le théâtre, et que les acteurs, occupés hors de la scène on gardant le silence, font place aux chantres du choeur; ce qui produit des intermèdes, mais non pas des actes dans le goût des modernes : en effet, les chants du chœur se trouvent liés d'intérêt à l'action

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principale, avec laquelle ils ont toujours un rapport marqué, du moins dans les pièces de Sophocle; car Euripide s'est quelquefois écarté de cette règle; et ses chœurs sont souvent de beaux morceaux de poésie, qui n'ont aucun rapport avec l'action.

Si, dans les nouvelles éditions, leurs tragédies se trouvent divisées en cinq actes, c'est aux éditeurs et aux commentateurs qu'il faut attribuer ces divisions, et nullement aux originaux; car, de tous les anciens qui ont cité des passages de comédies ou tragédies grecques, aucun ne les a désignés par l'acte d'où ils sont tirés ; et Aristote n'en fait nulle mention dans sa poétique. Il est vrai pourtant qu'ils considéraient leurs pièces, comme consistant en plusieurs parties ou divisions, qu'ils appelaient Protase, Épitase, Catastase ou Catastrophe (Voyez chacun de ces mots); mais il n'y avait pas, sur le théâtre, d'interruptions réelles qui marquassent ces divisions.

Toutefois Horace en fait un précepte :

Neve minor, nec sit quinto productior actu
Fabula, quæ posci vult et spectata reposci.

Mais on n'est pas d'accord sur la nécessité de cette division, ni sur le nombre des actes. Ceux qui les fixent à cinq assignent à chacun la part de l'action principale qui lui doit appartenir. Dans le premier, dit Vossius, on expose le sujet ou l'argument de la pièce, sans en annoncer le dénouement, pour ménager du plaisir au spectateur, et l'on établit les principaux caractères.

Dans le second, on développe l'intrigue par degrés.

Le troisième doit être rempli d'incidens qui forment le nœud.

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