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qui s'est aussi déguisé en femme pour avoir accès au sérail, Achmet et Almanzine trouvent moyen de se sauver. Le sultan entre en fureur lorsqu'il apprend la supercherie il s'appaise ensuite, et pardonne de bonne grâce. Les couplets des vaudevilles qui terminent chaque acte sont de Fuselier. L'intrigue est adroitement conduite; les scènes sont agréablement dialoguées, le dénouement est très intéressant, et la pièce est justement regardée comme le chef-d'œuvre de l'ancien théâtre de la Foire.

ACIS et GALATÉE, pastorale héroïque, en trois actes, par Campistron et Lully, 1686, donnée au château d'Anet, et ensuite à Paris. C'est le dernier opéra de Lully.

Dans cet ouvrage, presque tous les caractères se ressemblent, et paraissent avoir été calqués sur le même modèle ce sont des bergers et des bergères dont les amours présentent toujours les mêmes traits, et ne sont variés par aucune nuance.

Quinault ayant renoncé au théâtre, Lully fut obligé de se pourvoir d'un autre poëte. Il était fort difficile sur cet article; et sûrement il n'aurait pas fait choix de Campistron, sans le crédit du duc de Vendôme. Ce prince, voulant donner une fête au Dauphin, chargea Campistron de faire les vers du poëme, et engagea Lully à les mettre en musique. Lully obéit ; et la fête fut exécutée avec applaudissement au château d'Anet, qui appartenait alors à M. de Vendôme. Un passage des mémoires de la Fare nous apprend une anecdote intéressante au sujet de cet opéra.

Il se fit à la cour, dit l'historien, une cabale pour le prince de Conti, qui, dans la suite, contrebalança la fayeur de M. de Vendôme. J'étais, depuis quelques années,

des amis de ce dernier, bien que je fusse de dix ans plus vieux que lui : j'étais aussi parfaitement uni d'amitié avec l'abbé de Chaulieu, pour lors son favori, et entièrement le maître de ses affaires. Les choses étant en cet état, le roi vint à être malade d'une fistule, et se résolut enfin à l'opération ordinaire pour ces maux-là, qui pour lors étaient moins communs qu'ils ne l'ont été depuis : cela fit craindre pour sa vie, et réveilla par conséquent les cabales auprès de Monseigneur, qui devinrent encore plus vives, quand, après cette opération, le roi retomba malade d'une maladie qui marquait la corruption du sang, et pour laquelle il lui fallut faire une opération plus rude et plus dangereuse que la première. Quoiqu'il fût effectivement en danger, il ne voulut pas qu'on le crût; ainsi cette maladie n'empêcha pas que, pour divertir Monseigneur à Anet, M. de Vendôme, l'abbé de Chaulieu et moi n'imaginassions de lui donner une fête avec un opéra. Cette fête coûta cent mille livres à M. de Vendôme, qui n'en avait pas plus qu'il ne lui en fallait; et comme M. le grand-prieur, l'abbé de Chaulieu et moi avions chacun notre maîtresse à l'Opéra, le public malin dit que nous avions fait dépenser 100,000 1. à M. de Vendôme, pour nous divertir nous et nos demoiselles. Mais certainement nous avions de plus grandes vues que cela elles se sont évanouies dans la suite, toutes choses ayant bien changé de face, et rien n'étant arrivé de ce que nous imaginions alors avec quelque apparence.

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M. de Vendôme fut si content des paroles de l'opéra d'Acis et Galatée, qu'il envoya cent louis à l'auteur. Une pareille somme était alors très-capable de remplir ses désirs; et il l'aurait acceptée avec bien de la reconnaissi deux célèbres acteurs, Champmêlé et Raisin, ne l'en cussent empêché, en lui disant que ce n'était pas assez

sance,

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pour M. de Vendôme, et qu'il pouvait en espérer une récompense beaucoup plus considérable. Campistron trouva ce sacrifice un peu douloureux, et ne se rendit qu'avec bien de la peine à ce conseil; mais, au bout de quelque tems, il se sut bon gré de l'avoir suivi. Le prince, encore plus touché du désintéressement qu'il croyait voir dans l'auteur, que du mérite de l'ouvrage, le prit chez lui en qualité de secrétaire de ses commandemens. Campistron avait tout ce qu'il fallait pour remplir cette place; on lui reprochait seulement un peu de négligence à répondre aux lettres qu'on lui écrivait. Sa réputation était là-dessus si bien établie, qu'un jour qu'il brûlait un tas immense de lettres, M. de Vendôme, qui lui voyait faire cette expédition, dit à ceux qui se trouvaient présens : Le voilà occupé à faire ses réponses.

ACIS et GALATÉE, ballet en un acte, de M. Duport, à l'Opéra, 1806.

Ce petit ouvrage d'un célèbre danseur obtint un grand succès, et annonçait un digne élève des Noverre et des Gardel. Mademoiselle Hullin, âgée de cinq ans, jouait dans Acis et Galatée le rôle de l'Amour : elle ne fit pas le moindre agrément de cette jolie production.

ACTE, partie d'un poëme dramatique, séparée d'une autre partie par un intermède.

Les poëtes grecs ne connaissaient point la division des 'poemes en cinq actes. Il est vrai que l'action paraît de tems en tems interrompue sur le théâtre, et que les acteurs, occupés hors de la scène ou gardant le silence, font place aux chantres du choeur; ce qui produit des intermèdes mais non pas des actes dans le goût des modernes : en effet, les chants du choeur se trouvent liés d'intérêt à l'action

principale, avec laquelle ils ont toujours un rapport marqué, du moins dans les pièces de Sophocle; car Euripide s'est quelquefois écarté de cette règle; et ses chœurs sont souvent de beaux morceaux de poésie, qui n'ont aucun rapport avec l'action.

Si, dans les nouvelles éditions, leurs tragédies se trouvent divisées en cinq actes, c'est aux éditeurs et aux commentateurs qu'il faut attribuer ces divisions, et nullement aux originaux ; car, de tous les anciens qui ont cité des passages de comédies ou tragédies grecques, aucun ne les a désignés par l'acte d'où ils sont tirés ; et Aristote n'en fait nulle mention dans sa poétique. Il est vrai pourtant qu'ils considéraient leurs pièces, comme consistant en plusieurs parties ou divisions, qu'ils appelaient Protase, Épitase, Catastase ou Catastrophe (Voyez chacun de ces mots); mais il n'y avait pas, sur le théâtre, d'interruptions réelles qui marquassent ces divisions.

Toutefois Horace en fait un précepte :

Neve minor, nec sit quinto productior actu
Fabula, quæ posci vult et spectata reposci.

Mais on n'est pas d'accord sur la nécessité de cette division, ni sur le nombre des actes. Ceux qui les fixent à cinq assignent à chacun la part de l'action principale qui lui doit appartenir. Dans le premier, dit Vossius, on expose le sujet ou l'argument de la pièce, sans en annoncer le dénouement, pour ménager du plaisir au spectateur, et l'on établit les principaux caractères.

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Dans le second, on développe l'intrigue par degrés.

Le troisième doit être rempli d'incidens qui forment le nœud.

Le quatrième prépare des ressources ou des voies au dénouement.

Le cinquième doit être uniquement consacré au dé

nouement.

Selon Daubignac, cette division est fondée sur l'expérience ; car on a reconnu que toute tragédie devait avoir une certaine longueur; qu'elle devait être divisée en plusieurs parties ou actes. On a ensuite fixé la longueur de chaque acte. Il a été facile, après cela, d'en déterminer le nombre. On a vu, par exemple, qu'une tragédie devait être environ de quinze ou seize cents vers, partagés en plusieurs actes; que chaque acte devait être d'environ trois cents vers. On en a conclu, que la tragédie devait avoir cinq actes, tant parce qu'il était nécessaire de laisser respirer le spectateur et de ménager son attention, en ne la surchargeant pas par la représentation continue de l'action, que pour accorder au poëte la facilité de soustraire aux yeux des spectateurs certaines circonstances, soit par bienséance, soit par nécessité.

Pendant les intervalles qui se rencontrent entre les actes, le théâtre reste vacant, et il ne se passe aucune action sous les yeux des spectateurs. Mais on suppose qu'il s'en passe, hors de la portée de leur vue, quelqu'une relative à la pièce, et dont les actes suivans les informeront,

Par-là, les auteurs dramatiques ont trouvé le moyen d'écarter de la scène les parties de l'action les plus sèches, les moins intéressantes, et celles qui ne sont que préparatoires et pourtant nécessaires, en les fondant, pour ainsi dire, dans les entr'actes (Voyez ENTR'ACTES); il n'y a que l'imagination qui les offre au spectateur en gros, et même assez rapidement, pour lui dérober ce qu'elles ausaient de faible ou de désagréable dans la représentation,

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