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les plantes en frémissent; le Cèdre dit qu'il arrosera de ce sang toute la terre. L'Epi et la Vigne s'approchent de la croix pour le recevoir. Le Cèdre, voyant leur humilité, et tenant toujours la croix devant lui, dit ces paroles : puisque, devenus humbles et compatissaus, vous recevez tous les deux mon corps et mon sang, c'est en vous seuls que dès aujourd'hui mon corps et mon sang deviendront un trésor divin.

L'Epine, toujours ensanglantée, se désespère, et, voyant toutes les plantes fuir à son aspect, elle fait une grande lamentation. La croix paraît en l'air. Quelques-unes des plantes demandent au Cèdre de déclarer celle qui mérite la couronne. Le Cèdre dit que c'est l'humanité qui l'obtiendra, ́et il nomme l'Epi et la Vigne. La pièce finit ainsi par une pensée, qui a rapport au mystère de l'Eucharistie, condition essentielle aux Actes Sacramentaux.

Ces sortes de drames sont précédées d'un prologue, auquel on donne l'épithète de Sacramental, et on y ajoute un titre qui semble n'avoir jamais de rapport à la Fête-Dieu, qui en est pourtant le seul objet. Par exemple, le prologue sacramental du Fou. Au commencement de ce prologue, on entend dans la coulisse des gens qui crient: prenez garde au fou qui s'est échappé ! courons, courons après! Le fou paraît ensuite, disant à ceux qui crient après lui, de ne point s'inquiéter; qu'il n'est pas ce qu'il était auparavant ; que le plaisir d'être témoin de la fête l'a fait sortir, et, en moins de deux cents petits vers, il fait l'énumération de tous les prodiges de l'Ancien-Testament, et des mystères du Nouveau. Il en est de même du Prologue Sacramental du Paysan, des Équivoques, etc., qui promettent par leur début tout le contraire de ce qui se trouve à la fin.

Il y a en Espagne plus de six cents de ces actes et prologues sacramentaux imprimés, sans compter un nombre infini d'autres qui ne le sont pas.

ACTEUR, en parlant de l'art dramatique, est celui qui joue un rôle dans une pièce, qui y représente quelque personnage ou caractère. Les femmes se nomment actrices, et tous sont compris sous le nom général d'ac

teurs.

Le drame, originairement, ne consistait qu'en un simple chœur, qui chantait des hymnes en l'honneur de Bacchus ; de sorte que les premiers acteurs n'étaient que des chan-" teurs et des musiciens. (Voy. PERSONNAGE, TRAGÉDIE, CHŒUR, CARActère.)

Thespis fut le premier qui, à ce chœur très-informe, mêla, pour le soulager, un déclamateur qui récitait quelqu'autre aventure héroïque ou comique. Eschyle, à qui ce seul personnage parut ennuyeux, tenta d'en introduire un second, et convertit les anciens récits en dialogues. Avant lui, les acteurs, barbouillés de lie et traînés sur un tombereau, amusaient les passans : il donna la première idée des théâtres, et à ses acteurs, des habillemens plus majestueux et une chaussure plus avantageuse, qu'on nomma Brodequin et Cothurne.

Sophocle ajouta un troisième acteur, et les Grecs se bornèrent à ce nombre; c'est-à-dire, qu'on regarda comme une règle du poëme dramatique, de n'admettre jamais sur la scène que trois interlocuteurs à-la-fois ; règle qu'Horace a exprimée dans ce vers :

.....

Nec quarta loqui persona laboret.

On voit par-là de combien de beautés théâtrales les Grecs

étaient privés. On ne trouve point chez eux de ces scènes qui forment de grands tableaux, comme celle du cinquième acte du Misanthrope, où les marquis viennent lire à Célimène les lettres qu'elle leur a écrites, et rendre Alceste, Acaste, Oronte et Cléanthe témoins de sa coquetterie : point de ces scènes terribles dans la tragédie, où trois personnages sont mis dans une situation violente par l'intervention d'un quatrième. Telle est, dans Héraclius, la scène où Léontine redouble l'embarras de Phocas, placé entre son fils et son ennemi, et ne pouvant les distinguer.

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Le secret n'en est su, ni de lui, ni de lai:

Tu n'en sauras non plus les véritables causes;
Devine, si tu peux, et choisis, si tu l'oses!

Cette règle n'empêchait pas que les troupes de comédiens ne fussent plus nombreuses; mais le nombre de tous les acteurs, nécessaires dans une pièce, ne devait pas excéder celui de quatorze. Avant l'ouverture de la pièce, où les nommait en plein théâtre, et l'on avertissait du rôle que chacun d'eux avait à remplir. Il est fort heureux que les modernes n'aient pas adopté cette règle : ils auraient été privés de plusieurs chefs-d'œuvre. Il est vrai que la méthode contraire met souvent de la confusion dans la marche de la pièce.

en

Horace parle d'une espèce d'acteurs secondaires, usage de son tems, et dont le rôle consistait à imiter les acteurs du premier ordre, et à donner à ceux-ci le plus de lustre qu'ils pouvaient, en contrefaisant les nains. Au reste, on sait quelles étaient leurs fonctions.

Les anciens acteurs déclamaient sous le masque ( voy. MASQUE, DÉCLAMATION), et étaient obligés de pousser extrêmement leur voix, pour se faire entendre d'un peuple innombrable

innombrable qui remplissait les amphithéâtres ; ils étaient accompagnés d'un joueur de flûte qui préludait, leur donnait le ton, et jouait pendant qu'ils déclamaient.

les

Voyez, pour ce qui concerne l'art du comédien, mots GESTE, DÉCLAMATION, COMÉDIEN; et, pour ce qui regarde l'art dramatique, le mot PERSONNAGE.

ACTEUR de l'Opéra de Paris, chanteur qui fait un rôle dans la représentation d'un opéra.

communes

Outre toutes les qualités, qui doivent lui être avec l'Acteur dramatique, il doit en avoir beaucoup de particulières, pour réussir dans son art. Ainsi, il ne suffit pas qu'il ait un bel organe pour la parole, s'il ne l'a tout aussi beau pour le chant; car il n'y a pas une telle liaison entre la voix parlante et la voix chantante, que la beauté de l'une suppose toujours celle de l'autre. Si l'on pardonne à un Acteur le défaut de quelques qualités, qu'il a pu se flatter d'acquérir, on ne peut lui pardonner d'oser se destiner au théâtre, destitué des qualités naturelles qui y sont nécessaires, telles entr'autres que la voix dans un chanteur. Mais, par ce mot voix, on entend moins la force du timbre que l'étendue, la justesse et la flexibilité. Le théâtre, dont l'objet est d'émouvoir le cœur par les chants, doit être interdit à ces voix dures et bruyantes, qui ne font qu'étourdir les oreilles. Quelque peu de voix que puisse avoir un Acteur s'il l'a juste, touchante, facile et suffisamment étendue, il en a tout autant qu'il lui en faut; il saura toujours bien se faire entendre, s'il sait se faire écouter. Avec une voix convenable, l'Acteur doit l'avoir cultivée par l'art; et, quand sa voix n'en aurait pas besoin, il en aurait besoin lui-même, pour saisir et rendre avec intelligence la partie musicale de ses rôles.

F

Rien n'est plus insupportable et plus dégoûtant que de voir un héros, dans les transports des passions les plus vives, contraint et gêné dans son rôle, se traîner en écolier qui répète mal sa leçon; montrer, au lieu des combats de l'amour et de la vertu, ceux d'un mauvais chanteur luttant contre la mesure et l'orchestre, et plus incertain sur le ton, que sur le parti qu'il doit prendre. Il n'y a ni chaleur ni grace sans facilité ; et l'Acteur, dont le rôle lui coûte, ne le rendra jamais bien. Il ne suffit pas à l'acteur d'opéra d'être un excellent chanteur, dit J. J. Rousseau, s'il n'est encore un excellent pantomime; car il ne doit pas seulement faire sentir ce qu'il dit lui-même, mais aussi ce qu'il laisse dire à la symphonie. L'orchestre ne rend pas un sentiment qui ne doive sortir de son âme : ses pas, ses regards, son geste, tout doit s'accorder sans cesse avec la musique, sans pourtant qu'il paraisse y songer; il doit intéresser toujours, même en gardant le silence; et, quoiqu'occupé d'un rôle difficile, s'il laisse un instant oublier le personnage pour s'occuper du chanteur, ce n'est qu'un musicien sur la scène ; il n'est plus acteur. Tel a excellé dans les antres parties, qui s'est fait siffler pour avoir négligé celle-ci.

ACTEURS DÉPLACÉS (les) on l'Amant Comédien, comedie en un acte, en prose, précédée d'un prologue', par Panard, aux Français, 1735.

Lucas, jardinier de monsieur et de madame Mondor, et Lisette, suivante de Lucile, concertent ensemble les moyens de servir Dorante, amant de Lucile, auprès de sa maitresse. Monsieur et madame Mondor se disputent le droit de donner un mari à Lucile. Lisette

, pour écon

duire un marquis que l'on propose à sa maitresse, ima

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