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gine de passer pour Lucile, et Lucile, à son tour, de prendre la place de Lisette. On agit de même avec un M. Lécu, autre amant de la fille de Mondor. On s'attend bien que cette Lisette affecte tous les ridicules pour dégoûter ces personnages, et qu'elle réussit à déplaire : enfin, Dorante épouse Lucile, après avoir représenté devant monsieur et madame Mondor l'enlèvement d'Hélène, petite tragédie en cinq scènes, pour l'exécution de laquelle il ne faut que

trois acteurs.

Ce qui fit tout le comique de cette pièce, fut le déplacement même des acteurs qui y jouèrent. Ils étaient tous de caractère, d'âge, de figure ou de sexe opposés à leurs rôles. Ceux de père et de mère étaient joués par deux enfans de huit ans ; celui d'amoureuse ⚫ par madame Dangeville; l'amant, par Poisson; le paysan, par Dangeville, etc. Dans la petite tragédie, intitulée Ménélas, et qui était amenée dans la pièce pour justifier le titre d'Amant-Comédien, le rôle de Ménélas fut déclamé par Poisson; celui de Doris, confidente d'Hélène, par Fleuri; et celui de Léda, mère d'Hélène, par Montmédy. Le divertissement même de la comédie se sentit du déplacement en effet, un pas de deux y fut dansé très-gravement sur l'air d'une sarabande, par un Arlequin et un Polichinelle, tandis qu'un Italien et un Espagnol dansèrent des rigaudons et des gigues.

ACTION. On entend par ce terme ce qui fait le fonds ou le sujet principal d'une tragédie. (Voyez SUJET. ) L'action doit être une, c'est-à-dire, n'offrir qu'un point capital, auquel tous les incidens du poëme dramatique se rapportent, de manière à le faire ressortir et à le rendre plus sensible. (Voy. EPISODES, INCIDENS.)

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Mais, s'il faut éviter une action chargée d'intrigues et d'événemens, il faut prendre garde aussi que l'extrême simplicité ne rende le sujet nu et stérile. L'action, dit Aristote, doit avoir une juste grandeur, c'est-à-dire, qu'elle ne doit être, ni si petite qu'elle échappe à la vue, ni si grande qu'elle fatigue la mémoire de l'auditeur, et égare son imagination. La raison en est dans la nature de l'esprit humain, qui veut voir et agir, ce qui est la même chose pour lui; mais il veut voir et agir sans peine; et, ce qui est encore à remarquer, tant qu'on le tient dans les bornes de ce qu'il peut faire sans effort, plus on lui demande d'action, plus on lui fait plaisir : il est actif jusqu'à un certain point; au-delà, très-paresseux. D'un autre côté, il aime à changer d'objet et d'action. Ainsi, il faut en même-tems exciter sa curiosité, ménager sa paresse, prévenir son inconstance. Ce qui est important, nouveau, singulier, rare en son espèce, d'un événement incertain, pique sa curiosité: ce qui est un et simple accommode sa paresse; ce qui est diversifié convient à son inconstance: d'où il est aisé de conclure qu'il faut que l'objet qu'on lui présente ait toutes ces qualités ensemble, pour lui plaire parfaitement.

Il faut

que l'action soit noble et intéressante.

Le secret est d'abord de plaire et de toucher.
Inventez des ressorts, qui puissent m'attacher.
BOILEAU.

Elle doit être vraisemblable.

Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.

La fable doit être disposée de manière qu'elle attache

dès le commencement, qu'elle marche toujours par les obstacles mêmes, et qu'elle ajoute de scène en scène à l'émotion, qui ne peut guères se soutenir qu'en croissant. Le sujet de l'action doit fixer d'abord les yeux du spec

tateur.

Que, dès les premiers vers,

l'action préparée
Sans peine du sujet applanisse l'entrée.
Je me ris d'un Auteur qui, lent à s'exprimer,
De ce qu'il veut d'abord ne sait pas m'informer;
Et qui, débrouillant mal une pénible intrigue,
D'un divertissement me fait une fatigue.

(Voy. EXPOSITION.)

L'action doit être continue, c'est-à-dire, qu'elle doit être distribuée de manière que les scènes d'un acte, liées les unes avec les autres, ne laissent point le théâtre vide; que chaque personnage doit avoir sa raison d'entrer, et sa raison de sortir; que les actes en finissant doivent laisser le spectateur dans l'attente de quelque événement, et qu'il faut marcher ainsi jusqu'au dénouement complet, qui décide du sort de tous les personnages; et qu'enfin la pièce doit finir, dès que la curiosité du spectateur est satisfaite. Voyez ART THÉATRAL, INTRIGUE, DÉNoueMENT.)

Tout doit être action dans une tragédie; non que chaque scène doive être un événement; mais chaque scène doit servir à nouer ou à dénouer l'intrigue; chaque discours doit être ou obstacle ou préparation.

Pour donner à l'action plus de grandeur, il faut tâcher de choisir un jour, remarquable par quelque circonstance intéressante. Dans Cinna, l'action commence au moment où une conjuration est près d'éclater. Dans Horace, c'est

un jour de bataille, qui doit décider du sort d'Albe et de Rome. Dans Rodogune, c'est un jour où Cléopâtre doit décider lequel de ses deux fils est l'aîné, et lui succédera.

On n'entre dans aucun détail sur l'action théâtrale relativement à la comédie, parce que les principes de l'art sont les mêmes, et que les moyens seuls sont différens. (Voyez COMÉDIE, COMIQUE, RIRE THEATRAL, etc.)

ACTRICE. (Voyez ACTEUR.)

Un Anglais, frappé de la beauté, des talens et de la sagesse d'une Actrice, lui écrivit la lettre suivante :

Mademoiselle, on dit que vous êtes sage, et que vous avez pris la résolution de l'être toujours: je vous exhorte à ne jamais changer; je vous prie d'accepter le contrat que je vous envoie ; il vous assure cinquante guinées par mois, tant que cette fantaisie vous durera ; si par hasard elle venait à vous passer, je vous demande la préférence, et je vous en donnerai cent.

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ACTRICE (LANOUVELLE), comédie en un acte, en vers, de Poisson, imprimée en 1722, in-8°. Cette pièce avait été reçue et devait être jouée: mais mademoiselle Lecouvreur, ayant cru s'y reconnaître à la lecture, empêcha qu'elle ne fût donnée; elle fit même des démarches pour en prévenir l'impression. Mais, la précaution ayant été prise de supprimer la date et les noms de viile et d'imprimeur, elle fut vendue sous le manteau quelques mois après.

Mademoiselle Lecouvreur avait cru se reconnaître dans ges vers , que debite un valet.

Je connais son esprit, et te donne ma foi,

Que, s'il en est qui vont dans les loges pour plaire,

Celle-ci pourrait bien aller jusqu'au parterre,

ACT

Il fant qu'elle ait entré dans vingt mil'e maisons;
Car avec tout le monde elle a des liaisons ;
Se mêle du barreau. de la cour, de la guerre;
Et rien, je crois, n'est fait que par son ministère.
Qu'un emploi soit vacant, elle le fait avoir,
Sans trop solliciter,à qui peut le vouloir.
Un mariage fait, elle le fait défaire;
Une terre vendue, elle la fair retaire;

Brouille tous ceux qui sont étroitement liés,
Et rccommode aussi tous ceux qui sont brouillés ;
Entre dans le détail des charges des offices,
Des fonds des hôpitaux, de ceux des bénéfices.
Par elle, celui-là devient Introducteur,.
Celui-ci Secrétaire, et l'autre Ambassadeur,

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L'actrice eut le même crédit qu'avait eu un magistrat, au sujet de l'Amour Musicien; la pièce ne put être jouée ; elle offre cependant quelques caractères plaisans, et qui ne sont pas toujou s fantastiques; tels, entr'autres, que cette baronne, qui ne parle qu'en declamant; cette comtesse, qui ne répond aux discours de son amant que par des passages d'opéra; cet abbé, qui se croit un grand déclamateur, parce qu'il passait pour tel au college, etc. Le style de cette comedie est d'ailleurs facile, naturel et fertile en saillies.

ACTRICE (1)CHEZ ELLE,opéra-comique en un acte, de M. Marsollier, musique de M. d'Aleyrac, à l'OpéraComique, 1799.

L'auteur a fait cette pièce pour ou à madame SaintAubin. L'Actrice chez elle repète ses rôles; et, tout en les etudiant, reçoit plusieurs visites, entr'autres, celle d'un jeune auteur d'une pièce où il s'est peint lui-même, sous les couleurs d'un amant timide. Bientôt arrive le

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