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pièces tragiques et comiques, et la Notice de la plupart des Poètes et des Acteurs de toutes les nations.

Il existe déjà plusieurs Dictionnaires des Théâtres mais le plus moderne a paru en 1776; et presque tous n'offrent guères qu'une aride et froide nomenclature des auteurs et des ouvrages. On a cependant extrait de ces catalogues les dates et les faits indispensables, en les comparant, et les rectifiant sur les matériaux précieux, qu'on a puisés dans la Bibliothèque Impériale.

S'il est du devoir d'un historien lexicographe d'écarter les articles superflus, il doit aussi présenter les articles nécessaires, sous un jour vrai et agréable. Rien ne sert mieux à ce dernier objet que les anecdotes bien choisies: elles amusent le lecteur curieux; elles instruisent l'artiste; elles embellissent l'ouvrage. Dans l'abondante moisson que nous offraient les livres, les manuscrits et les archives du Théâtre, les journaux, les

mémoires et les critiques, nous avons recueilli tout ce qui nous a paru instructif, singulier et intéressant. Notre ouvrage contient un grand nombre d'analyses et de notices, exemptes de critiques amères et de jugemens hasardés: les unes seront, pour les jeunes auteurs, une mine féconde de sujets et de situations; les autres, en conservant des noms plus ou moins connus dans les fastes de l'Art dramatique, rappelleront sa naissance, ses progrès et sa gloire.

Toutefois, il nous a semblé au moins inutile d'enfler ce Dictionnaire des noms de poètes et de pièces justement oubliés. Il aurait été plus étendu, et n'en eût pas été meilleur. Autant le Public s'intéresse au détail de la vie et des ouvrages d'un Corneille ou d'un Molière, autant il est fatigué de la liste des productions d'un Scudery ou d'un Pradon.

Dans la seconde partie du Discours préliminaire, nous avons signalé rapidement les

Auteurs tragiques et comiques, dont s'honore le Théatre français : Un article plus détaillé leur sera consacré dans le Dictionnaire. Les Poètes et les Acteurs, morts et vivans, qui ont fait preuve de talent, soit en province, soit sur un théâtre secondaire de la capitale; les Journalistes, dont la plume est consacrée à la Censure dramatique, auront tous leur notice, rédigée avec franchise, mais avec décence. Un Critique célèbre dit que le risque n'est pas effrayant, lorsqu'il s'agit d'apprécier le mérite des morts. Si l'on ne décide pas d'après les idées du Public, on a le Public, à la vérité, contre soi; mais son zèle n'est jamais aussi ardent que celui des particuliers. Au contraire, quand il s'agit de parler des vivans, l'amour-propre s'éveille, les orages grondent, et les écueils se multiplient de tous côtés.

Osons néanmoins espérer que ces Annales seront d'autant mieux accueillies, qu'elles manquaient à la Littérature, qu'on

y trouve la théorie et la pratique du Théâtre, et que l'amour de l'Art, le désir d'être utile, l'équité enfin, ont seuls présidé à leur rédaction.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Si les poètes ont été les premiers instituteurs du genre humain, les grands spectacles dramatiques, inventés par les poètes, ont presque toujours orné les fêtes et les divertissemens des nations policées. Les Perses, les Assyriens, les Egyptiens ont eu leurs jeux, leurs courses, leurs triomphes, leurs édifices consacrés aux danses, à la musique et aux représentations théâtrales. Mais rien sans doute n'approcha du goût et de l'imagination des Grecs dans l'Art dramatique. On remarque surtout l'ardeur des Athéniens pour les jeux scéniques. Nul peuple n'a jamais porté si loin l'amour de l'éloquence et de la poésie, la délicatesse du Jangage, la finesse de l'oreille, et la justesse du sentiment et du goût.

Le génie de chaque nation se peint dans ses occupations et ses plaisirs : la grande occupation et le grand plaisir des citoyens d'Athènes, où le vulgaire même apprenait par cœur les tragédies d'Euripide, étaient de s'entretenir d'ouvrages d'esprit, et de juger des pièces dramatiques, qui se jouaient par autorité publique, plusieurs fois l'an

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