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1667.

de bien; et il ne doit pas trouver mauvais que » l'on défende publiquement les intérêts de Dieu

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» qu'il attaque ouvertement, et qu'un chrétien témoigne de la douleur en voyant le théâtre ré» volté contre l'autel, la farce aux prises avec » l'Évangile, un comédien qui se joue des mys» tères et qui fait raillerie de tout ce qu'il y a de » plus saint et de plus sacré dans la religion.

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» Il est vrai qu'il y a quelque chose de galant >> dans les ouvrages de Molière, et je serais bien » fâché de lui ravir l'estime qu'il s'est acquise; il » faut tomber d'accord que, s'il réussit mal à la » comédie, il a quelque talent pour la farce; et, quoiqu'il n'ait ni les rencontres de GautierGarguille, ni les impromptus de Turlupin, ni » la bravoure du capitan, ni la naïveté de Jodelet, »> ni la panse de Gros-Guillaume, ni la science du >> docteur, il ne laisse pas de plaire quelquefois » et de divertir en son genre. Il parle passable» ment français; il traduit assez bien l'italien et » ne copie pas mal les auteurs; car il ne se pique d'avoir le don de l'invention, ni le génie >>> pas » de la poésie ; ce qui fait rire en sa bouche fait » souvent pitié sur le papier; et l'on peut dire que » ses comédies ressemblent à ces femmes qui font >> peur en désbahillé et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites » tailles qui, ayant quitté leurs patins, ne sont

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1667. » plus qu'une partie d'elles-mêmes. Toutefois, on » ne peut dénier que Molière n'ait bien de l'a» dresse ou du bonheur de débiter avec tant de » succès sa fausse monnaie, et de duper tout >> Paris avec de mauvaises pièces. Voilà en peu de >> mots ce que l'on peut dire de plus obligeant et » de plus avantageux pour Molière.....

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» Si cet auteur n'eût joué que les précieuses, » s'il n'en eût voulu qu'aux pourpoints et aux grands canons, il ne mériterait pas une censure » publique et ne se serait pas attiré l'indignation » de toutes les personnes de piété. Mais qui peut supporter la hardiesse d'un farceur qui fait plai» santerie de la religion, qui tient une école de » libertinage, et qui rend la majesté de Dieu le

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jouet d'un maître et d'un valet de théâtre? Ce se>> rait trahir visiblement la cause du ciel dans une >> occasion où sa gloire est ouvertement attaquée, » où la foi est exposée aux insultes d'un bouffon » qui fait commerce de ses mystères et en profane la sainteté, qui foudroie et renverse tous >> les fondemens de la religion à la face du Louvre, » dans la maison d'un prince chrétien, à la vue » de tant de sages magistrats et si zélés pour les >> intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons >> pasteurs que l'on fait passer pour des Tartuffes! Et c'est sous le règne du plus grand et du plus

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» ce généreux prince occupe tous ses soins à main- 1667. >> tenir la religion, Molière travaille à la détruire; >> le Roi abat la tempête de l'hérésie, et Mo»lière éleve des autels à l'impiété; et, autant que » la vertu du prince s'efforce d'établir dans le » cœur de ses sujets le culte du vrai Dieu, par l'exemple de ses actions, autant l'humeur li» bertine de Molière tâche d'en ruiner la créance » dans leurs esprits, par la licence de ses ou

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» vrages.

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Certes, il faut avouer que Molière est lui» même un tartuffe achevé et un véritable hypo» crite. Si le véritable but de la comédie est de >> corriger les homntes en les divertissant, le des» sein de Molière est de les perdre en les faisant » rire, de même que ces serpens dont les piqûres » mortelles répandent une fausse joie sur le visage » de ceux qui en sont atteints. Organe du Démon, » il corrompt les mœurs, il tourne en ridicule le paradis et l'enfer, il décrie la dévotion sous le >> nom de l'hypocrisie, il prend Dieu à partie et

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fait gloire de son impiété à la face de tout un » peuple. Après avoir répandu dans les ames ces

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poisons funestes qui étouffent la pudeur et la

» honte, après avoir pris soin de former des co

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quettes et de donner aux filles des instructions dangereuses; après des écoles fameuses d'im

» pureté, il en a tenu d'autres pour le libertinage;

1667. »et, voyant qu'il choquait toute la religion et que

» tous les gens de bien lui seraient contraires, il a

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composé son Tartuffe et a voulu rendre les dé» vots des ridicules ou des hypocrites. Certes, >> c'est bien à faire à Molière, de parler de la re»ligion, avec laquelle il a si peu de commerce et » qu'il n'a jamais connue, ni par pratique ni par >> théorie.

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» Son avarice ne contribue pas peu à échauffer » sa verve contre la religion. Il sait que les choses. défendues irritent le désir, et il sacrifie haute» ment à ses intérêts tous les devoirs de la piété; >> c'est ce qui lui fait porter avec audace la main » au sanctuaire, et il n'est point honteux de lasser >> tous les jours la patience d'une grande reine, qui est continuellement en peine de faire ré>> former ou supprimer ses ouvrages.....

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Auguste fit mourir un bouffon qui avait fait >> raillerie de Jupiter, et défendit aux femmes >> d'assister à ses comédies, plus modestes que >> celles de Molière. Théodose condamina aux >> bêtes des farceurs qui tournaient en dérision >> les cérémonies; et néanmoins cela n'approche » point de l'emportement de Molière. Il devrait » enfin rentrer en lui-même et considérer qu'il » est très-dangereux de se jouer à Dieu, que l'im» piété ne demeure jamais impunie, et que, si elle échappe quelquefois aux feux de la terre,

> elle ne peut éviter ceux du ciel. Il ne doit pas 1667. » abuser de la bonté d'un grand prince, ni de la » piété d'une reine si religieuse, à qui il est à

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charge et dont il fait gloire de choquer le sen» timent. L'on sait qu'il se vante hautement qu'il >> fera paraître son Tartuffe d'une façon ou d'au» tre, et que le déplaisir que cette grande reïne en » a témoigné n'a pu faire impression sur son es» prit ni mettre des bornes à son insolence. Mais » s'il lui restait encore quelque ombre de pudeur, » ne lui serait-il pas fâcheux d'être en butte à >> tous les gens de bien, de passer pour un liber⚫tin dans l'esprit de tous les prédicateurs, et >> d'entendre toutes les langues que le SaintEsprit anime condamner publiquement son blas» phême; et enfin, je ne crois pas faire un juge» ment téméraire d'avancer qu'il n'y a point >> d'homme si peu éclairé des lumières de la foi

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qui, sachant ce que contient cette pièce, puisse >> soutenir que Molière, dans le dessein de la jouer, » soit capable de la participation des sacremens, qu'il puisse être reçu à pénitence sans une réparation publique, ni même qu'il soit digne » de l'entrée des églises après les anathèmes que >> les conciles ont fulminés contre les auteurs de spectacles impudiques ou sacrilèges. »

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Auteurs de nos jours, qui voyez vos ouvrages écartés de la scène par une politique ombrageuse,

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