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» dans le dessein de la jouer, soit capable de la par>> ticipation des sacremens, qu'il puisse être reçu à » pénitence sans une réparation publique; ni même » qu'il soit digne de l'entrée des églises après les ana>> thêmes que les conciles ont fulminés contre les au>>>teurs de spectacles impudiques ou sacrilèges.

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Enfin, ce qui achève de convertir cette conjecture en certitude, c'est que ce nom de Rochemont et cette qualité d'avocat en Parlement étaient supposés. C'est ce qui semble résulter du moins de la Réponse aux observations touchant le Festin de Pierre de M. de Molière, Paris, 1665. « Mais, dit l'auteur de cette ré>>ponse, en parlant de ce libelle, lorsque je vois le » livre de cet inconnu, elc... »

(31) Cette ordonnance du Roi, datée du 9 janvier 1673 « fait défense à toutes sortes de personnes » de quelque qualité, condition et profession qu'elles » soient, de s'attrouper et de s'assembler au-devant >>> et aux environs des lieux où les comédies sont réci>>tées et représentées; d'y porter aucunes armes à >> feu, de faire effort pour y entrer, d'y tirer l'épée >> et de commettre aucune violence ou d'exciter au» cun tumulte, soit au-dedans ou au-dehors, à peine » de la vie, et d'être procédé extraordinairement con>> tre eux, comme perturbateurs de la sûreté et de la tranquillité publique, » (Le Théâtre Français, par Chapuzeau, p. 253 et suiv.)

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(32) Ce second enfant était une fille qui survécut à son père, et dont nous aurons occasion de parler plus tard. Elle fut nommée Esprit Madeleine; elle eut pour

parrain le comte Esprit de Modène, et pour marraine Madeleine Béjart sa tante. (Dissertation sur Molière, par M. Beffara, p. 15.)

(33) On lit dans les Mémoires de L. Racine sur son père, Lausanne, 1747, p. 22, que lors de son premier ouvrage, il fut pris en amitié par Chapelain, « qui lui >>> offrit ses avis et ses services, et, non content de les » lui offrir, parla de lui et de son ode si avantageuse»ment à M. de Colbert, que ce ministre lui envoya >>cent louis, et peu après le fit mettre sur l'état pour >> une pension de six cents livres en qualité d'homme >> de lettres. >>

On ne peut justifier Racine en disant qu'il n'attaquait Chapelain que comme auteur, car outre que de semblables distinctions ne sont pas d'un cœur reconnaissant, personne d'ailleurs n'était plus que lui sensible à la critique; on sait qu'il pardonna difficilement à Chapelle, qu'il sollicitait de se prononcer sur sa Bérénice, de lui avoir répondu en riant : Marion pleure, Marion crie, Marion veut qu'on la marie; et la rime indécente qu'Arlequin mettait à la suite de la reine Bérénice le chagrinait au point de lui faire oublier le concours du public à sa pièce, les larmes et les éloges de la cour. (Mémoires sur Jean Racine, Lausanne, 1747, p. 90.)

(34) Bret, dans son Supplément à la vie de Molière (tom. I, p. 78 de l'édition de 1773), dit qu'en 1676 Lulli eut à soutenir une affaire horrible et criminelle contre l'intendant-général des bâtimens de S. A. Monseigneur. Nous ignorons de quelle affaire Bret veut

parler; mais nous sommes porté à croire que, quelle qu'elle fût, elle n'était ni horrible ni criminelle, puisque le 9 septembre de l'année suivante, le Roi et la Reine lui firent l'honneur de tenir son fils sur les fonts de baptême (Dissertation sur Molière, par M. Beffara, p. 15), et que Louis XIV déplora sa perte en disant qu'il avait perdu deux hommes qu'il ne recouvrerait jamais, Molière et Lulli. (Addition à la Vie de Molière, par Grimarest, p. 62.)

(35) Voltaire prétend que l'histoire du souper d'Auteuil n'est pas digne de créance, et cite à ce propos quelques amis de Chapelle qu'il avait entendus assurer qu'elle n'en méritait aucune. Mais ils ne lui avaient pas rapporté que Chapelle leur en eût parlé dans ce sens. Ils avaient probablement tiré cette conséquence de son silence à ce sujet. Mais Louis Racine a dit dans ses Mémoires sur son père (p. 119): « Ce fameux >> souper, quoique peu croyable, est très-véritable... » Mon père heureusement n'en était point... Boileau >> a raconté plus d'une fois cette folie de sa jeunesse.» (36) Quoique Corneille ne fût pas un des habitués des réunions de Molière et de ses amis, il venait cependant quelquefois le voir et souper avec lui. C'est ce que prouve l'anecdote suivante, rapportée par Brossette et consignée dans les Récréations littéraires de Cizeron-Rival, p. 68: « Baron, ce célèbre acteur, >> devait faire le rôle de Domitien dans Tite et Bérénice, >>et, comme il étudiait son rôle, l'obscurité de quel» ques vers lui fit quelque peine, et il alla en deman>> der l'explication à Molière, chez qui il demeurait.

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» Molière, après les avoir lus, dit qu'il ne les enten>> dait pas non plus. - « Mais attendez, dit-il à Baron, >> M. Corneille doit venir souper avec nous aujour» d'hui, et vous lui direz qu'il vous les explique. >> Dès que Corneille arriva, le jeune Baron alla lui >> sauter au cou comme il faisait ordinairement parce qu'il l'aimait ; et ensuite il le pria de lui expliquer >> ces vers, disant à Corneille qu'il ne les entendait » pas. Corneille, après les avoir examinés quelque »>temps, dit : « Je ne les entends pas trop bien non >> plus; mais récitez-les toujours: tel qui ne les en>> tendra pas les admirera. »

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(37) Voici l'aventure dont Ninon fit le récit à Molière: « : «Lorsque M. de Gourville, qui fut nommé vingt» quatre heures pour succéder à Colbert, et que nous >> avons vu mourir l'un des hommes de France les plus considérés ; lors, dis-je, que ce M. de Gourville, crai» gnant d'être pendu en personne, comme il le fut en effigie, s'enfuit de France, en 1661, il laissa deux >> cassettes pleines d'argent, l'une à Ninon, l'autre à » un faux dévot. A son retour, il trouva chez Ninon sa >> cassette en fort bon état; il y avait même plus d'ar» gent qu'il n'en avait laissé, parce que les espèces >> avaient augmenté depuis ce temps-là. Il prétendit qu'au moins le surplus appartenait à la dépositaire; >> elle ne lui répondit qu'en le menaçant de faire jeter » la cassette par les fenêtres. Le dévot s'y prit d'une » autre façon; il dit qu'il avait employé son dépôt en » œuvres pies, et qu'il avait préféré le salut de l'ame >> de Gourville à un argent qui sûrement l'aurait

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» damné. » (Anecdotes dramatiques, tom. II, p. 205.)

(38) Nous savons que dans l'édition des OEuvres de Racine avec le commentaire de La Harpe, Paris, Agasse, 1807, et dans toutes les éditions publiées depuis, on lit : « Montfleuri a fait une requête contre >> Molière, et l'a donnée au Roi. Il l'accuse d'avoir

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› épousé la fille et d'avoir autrefois vécu avec la mère; >> mais Montfleuri n'est point écouté à la cour. » Voici les raisons qui nous ont déterminé à adopter l'autre version :

Il est d'abord bien constant que les ennemis de Molière firent courir le bruit qu'il avait épousé sa propre fille. Le mémoire contre Lulli, cité pag. 90 de cette Histoire, le passage de la fameuse Comédienne, transcrit pag. 130, et plusieurs autres écrits, en fournissent la preuve. Il serait donc absurde de penser que Montfleuri, qui voulait perdre Molière, se fût contenté de l'accuser d'une bassesse, quand d'autres personnes faisaient planer sur lui le soupçon d'un crime.

Cela admis, comment supposer ensuite que Racine ait dénaturé la requête de Montfleuri comme on le lui fait faire dans la version nouvellement adoptée. Cette requête avait reçu une grande publicité, et il lui était impossible de n'en pas connaître, ou d'en connaître mal l'objet.

On accuse Louis Racine d'avoir altéré le texte de son père en plusieurs endroits de sa Correspondance, et l'on a apporté à l'appui de ce reproche des autographes de ce grand écrivain qui offrent en effet quelques différences. Louis Racine a pu se permettre des

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