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Voici son acte de naissance, qui avait jusqu'à ce jour échappé à toutes les recherches, et que M. Beffara, de qui nous le tenons, a découvert sur les registres de la paroisse Saint-Sauveur :

»Du 8 octobre 1653. Baptême de Michel, fils de » André Boyron, bourgeois de Paris, et de Jeanne » Ausou, sa femme; le parrain, Michel Bachelier, bourgeois de Paris, de la paroisse Saint-Eustache ; » la marraine, Catherine Jon, femme de Jacques >> Guillhamar, avocat au parlement, de la paroisse >> Saint-Eustache. >>

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Son acte de décès, inscrit aux registres de la paroisse Saint-Benoît, constate qu'il est mort le 22 décembre 1729. Il mourut par conséquent à plus de soixante-seize ans. Quelques historiens du théâtre se sont montrés plus généreux encore envers lui que la nature. Ils l'ont fait vivre quatre-vingts ans.

LIVRE TROISIÈME.

(1) « Si les deux Reines avaient été à la tête des >> ennemis de Molière, dit Bret, comme voulut l'insi» nuer l'auteur des Observations sur le Festin de Pierre, » pag. 22, Monsieur, frère du Roi, n'aurait pas eu >> l'imprudence de faire représenter devant elles les >> trois premiers actes du Tartuffe, à Villers-Cotterets, >> le 24 septembre de la même année... » (OEuvres de Molière, avec les remarques de Bret, 1773, tom. IV, p. 244.)

(2) La farce de Scaramouche hermite présentait entre autres situations indécentes celle d'un moine escaladant le balcon d'une femme mariée, et y reparaissant de temps en temps en disant que c'était ainsi qu'il fallait mortifier la chair : Questo e per mortificar

la carne.

(3) Molière, dans le Misanthrope, acte V, scène 1, fait allusion à la perfidie de ses ennemis qui composèrent et firent courir un libelle sous son nom :

Et, non content encor du tort que l'on me fait,

Il court parmi le monde un livre abominable,
Et de qui la lecture, est même condamnable;
Un livre à mériter la dernière rigueur;

Dont le fourbe a le front de me faire l'auteur.

Et là dessus on voit Oronte qui murmure,
Et tâche méchamment d'appuyer l'imposture;

Lui qui d'un honnête homme à la cour tient le rang.

(4) L'abbé Mervesin, au témoignage duquel il ne faut pas ajouter une pleine confiance, donne quelques détails sur les empêchemens apportés à la représentation du Tartuffe. Nous allons transcrire le passage de son Histoire de la Poésie française qui les renferme. Le récit que nous avons tracé, d'après les meilleures autorités, de ce grand événement de notre histoire littéraire mettra le lecteur à même de relever les inexactitudes de Mervesin, sans que nous ayons besoin de les signaler.

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Après qu'il (Molière) eut composé son Tartuffe, » il le fit voir à la cour. Le Roi, à qui une piété sin» cère a toujours fait haïr l'imposture, permit de >> jouer cette pièce; mais tant de gens représentèrent » à Sa Majesté que cela pouvait avoir de dangereuses conséquences, qu'elle révoqua la permission qu'elle >> avait donnée. Quelque temps après, comme elle » était sur son départ pour la Flandre, Molière revint » à la charge; il obtint ce qu'il souhaitait, et fit bientôt afficher sa pièce. M. de Lamoignon, premier >> président, crut qu'il voulait profiter de l'absence >> du Roi; il envoya des archers qui arrachèrent les >> affiches, et se saisirent des portes de la comédie » lorsque les comédiens se préparaient à paraître. >> Molière pria M. Despréaux de le présenter à cet >> illustre magistrat, qui le reçut agréablement. « Je

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sais, lui dit-il, après avoir écouté ses raisons, que » vous avez un mérite qui vous élève au-dessus de >> votre état; je ne me suis pas opposé à la représen» tation de votre pièce pour vous empêcher de jouer >>> des faux - dévots, mais seulement à cause que vous >> vous ingérez d'y mettre des moralités peu propres » à être débitées sur le théâtre. Molière se détermina » à retrancher beaucoup de choses de sa pièce, et ne >> put la donner que long-temps après. Tout Paris >> était cependant dans l'impatience de la voir; on priait souvent l'auteur d'aller la lire chez des gens » de qualité, et M. Despréaux, qui travaillait alors à >> la satire du Repas, fit dire à propos à celui qu'il >> introduit :

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(5) Le caractère de Molière rend bien cette anecdote invraisemblable à nos yeux; mais nous ne voyons pas, comme un de ses commentateurs, une impossibilité de fait dans le désappointement des spectateurs, ou du moins d'un certain nombre d'entre eux. On avait donné, le vendredi 5, la première représentation du Tartuffe. A la fin du spectacle de ce jour, l'orateur de la troupe dut, selon l'usage, annoncer la composition de celui du dimanche'. Il devait sans aucun doute se composer de la seconde représenta

1. La troupe de Molière ne jouait, comme nous l'avons déjà dit, que trois fois par semaine.

tion du chef-d'œuvre si bien accueilli. Le samedi 6, le premier président de Lamoignon fait signifier à la troupe défense de rejouer la pièce promise pour le lendemain. Cet ordre, dont la plus grande partie de Paris ne pouvait avoir connaissance dès le 7, ne fit donc renoncer que très-peu de spectateurs qui en étaient instruits, au projet de se rendre au théâtre du Palais-Royal; et ceux qui, comptant toujours sur la promesse faite par les acteurs le 5, ne s'étaient pas donné la peine de consulter les affiches, beaucoup plus rares alors dans Paris qu'elles ne le sont aujourd'hui, ne purent être détrompés qu'à leur arrivée au théâtre.

(6) Cette tradition a de nos jours été adoptée par l'auteur du quatrain suivant, Chénier :

De Roquette en son temps, T........ dans le nôtre

Furent tous deux prélats d'Autun.

Tartuffe est le portrait de l'un :

Si Molière eût connu l'autre!

(7) Lettre en vers sur la comédie du TARTUFFE, écrite à l'auteur de LA CRITIQUE.

J'ai lu, cher Dorilas, la galante manière

Dont tu veux critiquer et Tartuffe et Molière;

Et, sans t'importuner d'inutiles propos,
Je vais rimer aussi la critique en deux mots.
Dès le commencement, une vieille bigotte
Querelle les acteurs, et sans cesse radote,
Crie, et n'écoute rien, se tourmente sans fruit.
Ensuite une servante y fait autant de bruit,
A son maudit caquet donne libre carrière,

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