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05-11-36 MM

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SUR LES ÉVÈNEMENS QUI SE SONT PASSÉS DEPUIS
QUELQUES ANNÉES.

SUITE DES PIÈCES RELATIVES AUX
ÉVÈNEMENS DE 1815.

No LXXXVIII.

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Récit de ce qui s'est passé à Strasbourg, depuis le 8 mars 1815, jusqu'au 23 du même` mois (1).

La nouvelle du débarquement de Buonaparte arriva à Strasbourg, le 8 mars, par la voie du commerce. L'opinion publique considéroit cette

(1) Ce récit est tiré des rapports officiels de deux personnes, dont l'une occupoit une place à Strasbourg au mois de mars dernier, et dont l'autre a fait, à la même époque, un séjour dans cette ville et dans ses

TOME VI.

I

démarche comme le dernier acte de démence de ce trop fameux aventurier: mais le retour inopiné du maréchal Suchet, gouverneur de la province, qui eut lieu dans la soirée du 11 mars, lui fit changer de direction. Toutes les autorités civiles et militaires s'empressèrent de se rendre chez ce commandant, dans l'espoir de connoître par sa bouche la vérité sur ce qui se passoit. Le maréchal reçut tout le monde avec un froidsilence, se bornant à répéter, à chaque question qu'on lui faisoit, ces mots: Lisez le Moniteur; il vous mettra au courant! C'étoit celui du 9 mars, dont il étoit porteur, et qu'il avoit placé sur une table de son salon: ce même numéro arriva le lendemain 12 à Strasbourg par le courrier de Paris.

Cette conduite du gouverneur de l'Alsace commença à donner des soupçons à ceux qui observoient dans le silence ses démarches, ses paroles et jusqu'aux gestes qui lui échappoient. Soit qu'il se fût aperçu de l'impression qu'elle avoit produite, soit que ses projets ne fussent pas encore mûris, il ordonna le 12 une grande

environs. Il pourra servir à éclairer l'opinion publique sur un pays dévoué à la France et habité par un peuple bon, industrieux et attaché à ses devoirs.

parade; et, pour ranimer la confiance, il fit défiler les troupes, en ordonnant aux musiques des régimens de la garnison de jouer l'air de Vive Henri IV. Le soir, au spectacle, il fit crier Vive le Roi! Ces démonstrations suffirent pour gagner au maréchal l'affection du bon peuple de Strasbourg, naturellement confiant et crédule. Toutes les inquiétudes se calmèrent, et l'on se crut au milieu de la paix.

Cependant l'esprit de parti se développa à mesure que Buonaparte avançoit. Le 13, pendant qu'on étoit au spectacle, on reçut la nouvelle de son entrée à Grenoble. Alors les cafés et tous les lieux publics devinrent les arènes où les passions se montrèrent à découvert. Les autorités, foibles ou corrompues, fermèrent les yeux sur tous les excès, et ne prirent aucune mesure pour les faire cesser.

La soumission de Lyon ayant été connue le 14, les Jacobins, restes impurs des brigands de 1793, ne purent contenir plus long-temps leur joie. Ils tinrent des conciliabules dans les tavernes, tandis que les militaires parjures, leurs complices, en formoient dans les ca

sernes.

Les autorités civiles, composées en majeure partie d'hommes honnêtes sans courage, ne

surent pas renouveler l'exemple de dévouement que le département du Bas-Rhin avoit donné en 1792 (1), lorsqu'au péril de leur vie douze

(1) Aucune histoire de la révolution, et aucun journal n'ayant parlé des évènemens qui, à cette époque, se passèrent à Strasbourg, nous croyons devoir insérer ici une pièce intéressante.

Extrait du procès-verbal des séances du conseilgénéral du département du Bas-Rhin, du 15 août 1792, au matin.

Furent présent MM. Braun, président; Buchholtz, Ostermann, Sidel, Ammel, Mathieu, Ulrich, Bertrand, Stober, Gloutier, Neumann, Louis, Roederer, Burger, Saltzmann, Scholl, Schertz, Albert, administrateurs ; Xavier Levrault, procureur-général-syndic, et Hoffmann, secrétaire-général.

M. le président met sur le bureau quatre pièces parvenues au directoire, cejourd'hui à sept heures du matin, par un courrier extraordinaire, envoyé par le comité des décrets de l'assemblée nationale.

La première intitulée : Loi relative à la suspension du pouvoir exécutif, contenant quatre pages d'impression. Ladite pièce, signée. Au nom de la nation Dejoly; au bas se trouve apposé le sceau de l'état.

La seconde pièce, intitulée: Adresse de l'assemblée nationale aux François, en placard, sans signature.

La troisième, intitulée : Acte du corps législatif, du 10 août 1792, est un in-8°, sous les signatures imprimées

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