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Rapp s'est retiré sur Strasbourg, et vraisemblablement il se jetera dans cette forteresse. On somma ce jour-là le commandant de Toul; mais il donna une réponse peu satisfaisante.

Le 30, l'armée ne fit point de mouvement. On reçut la confirmation que le général Rapp s'étoit jeté avec son corps sur Strasbourg. Le F. M. donna au L. G. de Raglowich l'ordre de bombarder le fort Marsal dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, et de le forcer, s'il étoit possible, à se rendre. S. A R. le prince Charles reçut l'ordre d'entreprendre une forte reconnoissance sur Sarbourg, et de bombarder également cette ville, si elle ne se rendoit pas.

Le F. M. reçut l'ordre de former avec son armée l'avant-garde de la grande armée autrichienne et russe, de se rapprocher de l'armée angloise et prussienne, et de commencer ses opérations sur la Marne dans la direction de Paris. En conséquence, toute son armée se met le 1er juillet en mouvement pour se porter au-delà de Toul.

Le L.G. comte Tchernitscheff a mandé, en date du 1er juillet au matin, qu'un détachement de son corps avoit intercepté, entre Metz et Verdun, un courrier françois chargé de dépêches importantes, qui sont déjà arrivées au

quartier-général de l'armée bavaroise. On a amené en même temps un officier ennemi avec six chasseurs. D'après tous les rapports qu'on reçoit de ce corps, les routes de Paris sont couvertes de fuyards, et Laon, ainsi que Rheims, ne sont occupés que par des troupes de cette espèce. Les villes n'ont, pour la plus grande partie, que de foibles garnisons de gardes nationales.

Le L. G. comte Tchernitscheff a passé dans la matinée du 29 la Moselle à la vue de la garnison de Metz. Il a continué le 30 juin et le 1 juillet sa marche sur Estein, afin de rétablir nos communications avec l'armée du Nord et de rompre celles de l'ennemi avec Paris. Il a reçu du F. M. l'ordre de se diriger sur SainteMenehould.

No XC.

Proclamation du général baron de Frimont, adressée aux François, le premier juillet 1815.

De grands évènemens ont eu lieu. L'homme qui, foulant aux pieds les traités, s'étoit ressaisí de l'autorité souveraine, vient encore une fois d'en abandonner les rênes. Il livre, au moment

du danger, la France à l'Europe, qu'il a provoquée; mais l'Europe n'est point l'ennemie de la France. Elle ne veut, pour sa propre sûreté, qu'y voir établir un gouvernement dont les maximes soient de nature à garantir la foi des traités. Nous arrivons comme des protecteurs pour comprimer les troubles intérieurs qui vous menacent, et pour appuyer les vœux que manifestera la nation.

Je n'userai de mes forces que là où je trouverai de la résistance. Vos armées ne doivent pas en opposer. Elles ont eu trop de gloire pour le bonheur de la France et pour le repos de l'Europe; elles peuvent, sans y porter atteinte, céder aujourd'hui à la supériorité des forces que la politique a coalisées contre la France; mais quel que soit le parti que suivra l'armée, je somme les habitans de rester sourds à la voix de ceux qui voudroient les mener à des combats inutiles.

Afin de fixer leur règle de conduite, je fais la déclaration suivante :

1o Je n'exigerai du pays que les objets nécessaires à l'entretien de mon armée. Toutes les réquisitions ou contributions arbitraires sont sévèrement interdites.

2o Les autorités administratives continueront l'exercice de leurs fonctions, et chacune, d'après ces attributions, contribuera au maintien de l'ordre et à régulariser le service nécessaire au passage et au séjour de mes troupes.

3° Si des fonctionnaires publics s'éloignoient de leur poste, ils seront remplacés par ceux qui leur succèdent dans la hiérarchie des emplois, ou, à leur défaut, par le choix des com

munes.

4° Toutes les propriétés et les personnes seront respectées, et aucune atteinte ne sera portée aux droits d'une nation libre et indépendante.

5o Telle est ma déclaration pour les lieux et les individus qui recevront mon armée comme

amie.

6o Je ne garantis pas les propriétés des fonctionnaires publics ou de tout autre habitant qui abandonneront leurs emplois et leurs domiciles; elles seront frappées de fortes contributions de guerre, ou livrées au pillage.

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7o Les communes qui feront de la résistance à main armée, seront livrées au droit de la guerre, pillées et incendiées.

8 Tous les individus qui seront pris les

armes à la main sans être revêtus de l'uniforme qui caractérise un soldat, seront fusillés.

François ! Votre situation est grave. Réfléchissez-y. Ne vous laissez pas entraîner à un sentiment généreux dans son principe, mais inutile, puisque l'indépendance de votre patrie n'est pas menacée. L'Europe en a fait la déclaration; elle est fidèle à ses promesses.

Recevez-nous comme des amis, et vous trouverez en moi le protecteur de vos droits. Donné à mon quartier-général le premier juillet 1815.

Le baron DE FRIMONT.

N° XCI.

Réponse du prince de Blucher à la lettre par laquelle le maréchal Davoust l'avoit engagé à arrêter les hostilités (1).

De mon quartier-général, le premier juillet 1815.

Il est faux que toutes les causes de guerre,

(1) Nous n'avons pas sous les yeux l'original françois de cette lettre, si toutefois elle a été écrite en cette langue. Nous la donnons d'après une traduction faite sur l'allemand. Cette lettre a été insérée dans le correspondant impartial de Hambourg, du 18 juillet,

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