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entre les Puissances alliées et la France, cessent, parce que Napoléon a renoncé au trône : il n'a abdiqué que conditionnellement, c'est-à-dire, en faveur de son fils, et le décret des Puissances alliées n'exclut pas du trône Napoléon seul, mais aussi tous les membres de sa famille. Si le général Frimont s'est cru autorisé à conclure un armistice avec le général ennemi qui lui est opposé, ce n'est pas pour nous un motif de faire la même chose. Nous poursuivons notre victoire, et Dieu nous en a donné les moyens et la volonté. Prenez garde, M. le maréchal, à ce que vous allez faire, et ne précipitez pas encore une ville dans la misère; car vous savez ce que le soldat exaspéré se permettroit si votre capitale étoit prise d'assaut. Voulez-vous vous charger des malédictions de Paris, comme de celles de Hambourg ? Nous entrerons à Paris pour protéger les honnêtes gens contre le pillage dont le menace la populace. A Paris seul un armistice peut être conclu avec sûreté. Vous ne voulez pas, M. le maréchal, méconnoître le rapport dans lequel nous nous trouvons à cet égard avec votre nation. Je vous fais observer au reste, M. le maréchal, que si vous voulez traiter avec nous, il est surprenant que vous reteniez, contre le droit des gens, nos officiers,

porteurs de lettres et de commissions. Dans la formule usitée d'une politesse de convention, j'ai l'honneur de me dire,

M. le maréchal,

Votre dévoué

No XCII.

BLUCHER.

Proclamation du maréchal comte Barclay de Tolly, du 2 juillet 1815.

Quartier-général de Sarguemines, le 2 juillet.

PAR une proclamation datée d'Oppenheim le 22 juin, j'ai suffisamment fait connoître les intentions où je suis, d'après les ordres de l'Empereur, mon auguste maître, d'adoucir, autant que faire se peut, les calamités de la guerre à l'égard de ceux des habitans de la France qui restent paisibles dans leurs demeures. La guerre ne sera pour eux, je le répète, qu'un inconvénient passager leurs personnes et leurs biens seront respectés, même protégés.

Dans la vue de rendre ces assurances d'autant plus efficaces, et afin de m'épargner la pénible nécessité d'user de rigueur envers ceux qui, par des motifs personnels et coupables, se

permettroient contre les troupes que j'ai l'honneur de commander et celles des alliés, des actes d'hostilité désavoués par les lois de la guerre, entre les nations civilisées, j'ordonne :

1° Tout individu qui, sans appartenir à aucun corps régulier de troupes françoises, sera pris les armes à la main, doit être livré à une commission militaire, et la sentence exé-. cutée dans l'espace de vingt-quatre heures.

2o Les maires, ou, à leur défaut, les nota bles des villes et des communes dans l'arrondissement desquelles un acte quelconque d'hostilité aura été commis, seront arrêtés et jugés par la commission militaire, s'ils se refusent à remettre les coupables.

3° En cas de récidive, les villes et communes précitées s'exposeront à toute la rigueur des lois militaires.

Le maréchal commandant en chef des armées russes, comte BARCLAY DE TOLLY.

N° XCIII.

Réflexions de l'Observateur Autrichien sur les derniers événemens, du 3 juillet 1815.

On a vu rarement un vaste plan politique

exécuté avec autant de concert, d'activité et de succès par tous ceux qui l'ont formé, que celui dont les évènemens militaires et politiques des trois derniers mois présentent le développement. On n'a pas attaché un seul instant à l'entreprise de Buonaparte plus d'importance qu'elle n'en méritoit. Les déclarations du 13 mars et du 12 mai expriment aussi bien les dispositions invariables des souverains alliés, qu'une juste appréciation des ressources du perturbateur du repos du monde à son retour de l'île d'Elbe. Personne n'a imaginé de croire que son apparition auroit une influence durable. La paix de l'Europe étoit établie; l'invasion de Buonaparte étoit plutôt un désordre de, police, qu'un bouleversement politique de la tranquillité générale; c'étoit la première occasion solennelle où tous les états de l'Europe étoient à même de montrer qu'ils formoient de nouveau un même corps bien uni. Leur ennemi commun, trop foible pour renverser un ouvrage appuyé sur des bases aussi solides, étoit encore assez fort pour causer quelque temps des maux incalculables. C'étoit donc le moment de prouver, par l'énergie des moyens employés par l'Europe contre la dernière tentative de la mettre en feu par une

trame indigne, que l'alliance de ses souverains seroit durable, et qu'au milieu de discussions épineuses sur le mien et le tien, et sur les prétentions particulières de chaque individu, l'esprit public des années 1813 et 1814 se conserveroit inaltérable.

Toute espèce de doute à cet égard a été réfuté pour toujours par les évènemens eux

mêmes.

La politique et la tactique militaire de Napoléon étoient connues; elles consistoient à diviser pour régner, à séparer politiquement ses adversaires par des négociations avec chacun d'eux en particulier, et militairement par des attaques partielles exécutées avec toutes ses forces. Il a été d'autant plus fidèle à ce plan dans sa dernière entreprise, qu'il pouvoit compter sur le concert des siens pour commettre le crime et agir en désespérés, et que celui des princes qui lui étoient opposés, paroissoit plus difficile à conserver parmi tant d'intérêts particuliers, et vu le nombre des nouveaux intéressés.

Ses premières attaques politiques s'adresserent, comme on l'avoit bien prévu, d'abord à l'Autriche. Dans une situation aussi critique que la sienne, il ne falloit pas moins que la

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