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CHAPITRE IV

LE DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

I

DE 1800 A 1814

Le collège est transformé en école centrale supérieure, puis devien palais des beaux-arts. - On concède à la bibliothèque le bâtiment situé entre les deux premières cours du palais. On y fait des aménagements intérieurs pour le mettre en harmonie avec la grande galerie Mazarine. Le palais devient maison d'arrêt, puis abrite le comité général du département. Il devient école centrale supérieure, puis école des beaux-arts.

Suppression des anciennes académies.- Création de l'Institut. - II est installé au Louvre. On lui accorde une partie du palais des beaux-arts. Suppression des boutiques. Passage ouvert sous chaque pavillon. -Transformation de la chapelle; son inauguration. - Salle pour les séances particulières de chaque académie. — L'Institut s'empare de la galerie transversale appartenant à la Mazarine. - Il lui emprunte une partie de sa galerie publique.

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Création de la galerie établie sous les combles. L'entresol de la grande galerie. Jours et heures d'ouverture de la bibliothèque. Nombre des volumes et des lecteurs. - Serment prêté à la République par les fonctionnaires. Costume des gardiens. - Crédit pour les dépenses. Modifications dans le personnel. L'abbé Leblond remplacé par Palissot. - Coquille des Longchamps. - Palissot remplacé par Petit-Radel. Le chevalier de Bouflers.

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Différents noms donnés au palais. Souscription de l'Institut pour le rétablissement de la statue de Henri IV en 1814, pour l'équipement de tirailleurs en 1815. Formules finales adoptées par les ministres en écrivant à l'administrateur de la Mazarine. Celui-ci demande la remise en place de la grille qui entourait la chapelle et la suppression du passage public par les cours. Le pont des Arts.

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Une loi du 29 frimaire an II proclama la liberté absolue de l'enseignement, et l'année suivante l'instruction publique fut réorganisée dans toute la France. Chaque canton devait posséder une école primaire, et chaque agglomération de trois cent mille habitants une école centrale supérieure 1. On en ouvrit quatre à Paris, et l'une d'elles fut installée dans les bâtiments du collège des Quatre-Nations. Nous avons peu de détails sur cette création éphémère, à laquelle bien peu de noms connus peuvent, sans doute, se rattacher. J'en ai seulement retrouvé deux, celui de l'ingénieur Guépratte, qui vivait encore en 18592, puis celui du poète Millevoye, qui y entra en 1795 et y remporta le premier prix de littérature 3.

Un décret du 11 octobre 1801 affecta ensuite le palais Mazarin aux écoles des beaux-arts.

Le service de la bibliothèque continuait régulièrement, mais les cinquante mille volumes choisis par l'abbé Leblond dans les dépôts littéraires n'avaient pu encore être pourvus d'une place définitive. Ils étaient restés entassés dans les greniers et sur le plancher de la grande galerie, où un sentier très étroit permettait seul la circulation. Cette fois, l'agrandissement du local était facile. Par décision en date du 9 germinal an V (29 mars 1797), le ministre de l'Intérieur accorda à la bibliothèque tout le bâtiment qui s'étend entre les deux premières cours du palais 3.

1. Merlin, Questions de droit, t. XVIII, p. 231.
2. Nouvelle biographie générale, t. XXII, p. 389.

3. Pongerville, dans la Nouvelle biographie générale, t. XXXV, p. 231. 4. A. Kotzebue, Souvenirs de Paris en 1804, t. II, p. 119.

5. « L'augmentation d'un grand nombre d'ouvrages nécessaires à la bibliothèque qui vous est confiée, citoyen, nécessitant une augmentation d'emplacement, je vous autorise à joindre à l'ancien local de la bibliothèque la partie transversale du bâtiment qui sépare la cour des classes de celle d'entrée. Si les circonstances ne permettent pas encore de faire les dépenses propres à préparer le nouvel emplacement à recevoir des livres, je vous autorise cependant à dresser, de concert avec l'architecte des écoles centrales, l'aperçu de ce qu'il en coûterait pour placer la boiserie.

Salut et fraternité,
BÉNÉZECH.

Archives de la bibliothèque. Bénézech était alors ministre de l'Intérieur.

Faute d'argent, on ne put commencer aussitôt les travaux d'appropriation, mais une ordonnance du 16 janvier 1800 en autorisa l'exécution, et le devis, montant à 16,845 francs 10 centimes', fut porté au budget des dépenses de la même année.

Le corps de logis qui venait d'être attribué à la Mazarine était divisé en deux étages; c'est là qu'avait toujours demeuré le bibliothécaire 2. En supprimant le plancher de division, on transforma les deux étages en un seul, et l'on obtint une galerie de cent vingt pieds de long, éclairée par deux rangs de fenêtres placées l'une au-dessus de l'autre 3.

Afin d'harmoniser, autant que possible, l'ornementation des deux galeries, on disposa dans la nouvelle les boiseries et les quarante-deux pilastres d'ordre corinthien qui décoraient auparavant le réfectoire des religieux de Saint-Denis. Cette salle se trouva donc partagée, comme la précédente, en deux ordonnances de tablettes, séparées par un balcon correspondant de plain-pied avec celui de la galerie Mazarine. Le nouveau local était, en outre, flanqué vers le milieu de deux cabinets, et l'on avait l'intention de consacrer l'un aux manuscrits, l'autre aux éditions du XVe siècle.

Les travaux étaient terminés, les tablettes posées, les peintures finies, et l'on allait procéder au transport des volumes, quand le ministre arrêta (3 août 1804) que la galerie serait occupée par une collection d'ornements d'architecture moulés sur l'antique et destinés aux écoles des beaux-arts.

Cette décision fut modifiée deux ans après. Le collège Mazarin qui successivement avait été transformé en maison d'arrêt, avait abrité le comité général du département et était devenu école centrale supérieure puis école des beaux-arts, reçut encore une destination nouvelle.

Un décret du 8 août 1793 avait supprimé les anciennes acadé

1. Archives de la bibliothèque.

2. Voy. ci-dessus, p. 176 à 179.

3. Voy., aux archives nationales, la liasse cotée F13 1176.

mies, et le 12 les scellés étaient apposés sur le local qu'elles occupaient au Louvre. Elles furent rétablies en principe par la constitution de l'an III, votée le 22 août 1795, et dont l'article 298 est ainsi conçu : « Il y a, pour toute la république, un Institut national chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences. » Le 4 avril suivant, l'Institut était doté d'un règlement très complet, et tenait au Louvre, dans la salle des cariatides, une solennelle séance d'inauguration sous la présidence de Daunou. Une estampe de l'époque nous a conservé la physionomie de cette scène. On accordait, en outre, à l'Institut pour les séances particulières de chaque classe, des locaux situés au rez-de-chaussée et au premier étage. Ces derniers sont représentés aujourd'hui par la salle Lacaze, celle qui la précède et la salle dite des sept cheminées.

Ces académies furent réorganisées en 1803 par le premier consul. En même temps, on dut songer à lui faire abandonner le Louvre, dont la restauration et l'achèvement venaient d'être décidés. On chercha longtemps un lieu convenable, et le choix se fixa enfin sur le palais des beaux-arts. Un décret du 20 mars 1805 affecta « à l'Institut national le pavillon de droite, une partie de la façade circulaire et la rotonde 1. » Les autres bâtiments restaient partagés entre la bibliothèque Mazarine et les écoles spéciales de peinture, de sculpture et d'architecture.

Vaudoyer fut chargé d'approprier à leur nouvelle destination l'emplacement dont l'Institut allait prendre possession. Il supprima les boutiques de la façade, et eut la singulière idée d'établir sous chaque pavillon un passage couvert où les piétons trouvaient, en cas de pluie, un abri que les rafales ne respectaient guère. Ils y trouvaient aussi de modestes étalages, auxquels les courants d'air, soufflant sans cesse en ce lieu, faisaient une existence agitée et précaire. L'aristocratie de ces

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commerçants en plein vent était représentée par des marchands d'estampes qu'attirait le voisinage de l'école des beaux-arts. Quand ces deux passages furent supprimés, vers 1860, ils avaient fini par constituer une des curiosités du quartier. D'il

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lustres maîtres ne dédaignaient pas d'explorer les vastes cartons aux flancs rebondis, et Karl Girardet a publié le portrait et raconté la vie du brave père Mathurin, le doyen de ces humbles locataires de l'État.

A l'intérieur du palais, Vaudoyer innova fort peu. Son œuvre la plus importante fut la transformation de la chapelle en salle publique d'assemblée pour l'Institut.

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