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Le plan du vaisseau se prêtait fort peu à cette modification. Des piliers énormes rompaient le point de vue à chaque angle, et la voix d'un orateur se serait perdue dans la profondeur des

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chapelles et l'élévation de la voûte. Vaudoyer se décida à changer en amphithéâtre le rez-de-chaussée des chapelles, et à établir de vastes tribunes dans leur partie supérieure. Enfin, il réduisit de moitié la coupole du dôme, en construisant une coupole intermédiaire percée de huit lunettes correspondant avec les huit croisées ouvertes dans l'ancien dôme. Au-dessus de cette cou

pole se trouve donc une seconde salle aussi vaste que celle du bas 1.

L'installation définitive de l'Institut dans le palais qu'il devait arriver à conquérir presque tout entier, eut lieu au mois d'août 1806. L'inauguration de la salle des séances publiques fut faite. le 4 octobre de la même année, par la classe des beaux-arts.

Les séances particulières de chaque académie se tinrent dans l'ancienne salle des actes du collège. Elle était située au rez-dechaussée des constructions élevées à droite de la seconde cour et en bordure de la rue Mazarine 2.

Naturellement, l'Institut voulut posséder une bibliothèque. Comme on l'a vu, le bâtiment qui sépare les deux premières cours venait d'être concédé à la Mazarine; l'Institut le trouvant tout disposé pour recevoir une bibliothèque, y établit bravement la sienne 3.

Bientôt, il demanda plus encore, et il fallut que la Mazarine lui fournît une salle pour ses séances particulières. On fut alors obligé de couper en deux par une cloison la grande galerie publique. Aucune modification n'eut lieu d'ailleurs dans l'arrangement des livres, le ministre ayant spécifié qu'une décision. ultérieure ne pourrait jamais causer ni leur déplacement, ni la cession absolue du local.

En somme, les cinquante mille volumes recueillis par l'abbé Leblond n'avaient pas encore changé de place. De nouvelles réclamations s'élevèrent. Elles furent assez pressantes pour enga ger M. de Champagny, alors ministre de l'Intérieur, à venir s'assurer par lui-même et du désordre causé par l'exiguïté du local,

1. Voy. A.-L.-T. Vaudoyer, Plan, coupe et élévation de l'Institut impérial de France, suivant la nouvelle restauration, p. 3.

2. Voy. ci-dessus, p. 177.

3. Sur tout ceci, voy. Léon Aucoc, Lois, statuts et règlements concernant les anciennes académies et l'Institut, 1889, in-8°. Comte de Franqueville, Le premier siècle de l'Institut, 1893, in-4o Comte H. Delaborde, L'académie des beaux-arts depuis la fondation de l'Institut, 1891, in-8°.

4. La cloison fut établie au milieu du corps de tablettes situé entre la quatrième et la cinquième fenêtre. Elle subsista jusqu'en 1860.

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et de l'urgence des travaux qui lui étaient demandés. A la suite de cette visite, il autorisa, sur un devis de 23,000 francs, la création de la galerie qui existe aujourd'hui dans les combles.

L'exécution de ce projet présentait de grandes difficultés. Les combles de la bibliothèque sont formés d'une ogive coupée par

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un plafond qui suit les inclinaisons de la charpente du toit. A l'angle de réunion s'attachent les tirants de fer qui supportent le plafond de la salle publique 1. L'architecte ne pouvait songer dès lors à établir une galerie non interrompue par des séparations transversales; il profita des divisions indiquées par la distribution même des tirants, et les masqua par autant de corps de tablettes. Enfin, il renonça à dresser des tablettes le long des murs, à cause du peu d'espace laissé par l'inclinaison du mur, et il les plaça sous l'aplomb de l'angle courant du plafond.

La bibliothèque Mazarine doit la création de cette galerie aux

1. Voy. ci-dessus, p. 221.

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instances et à l'activité de l'abbé Leblond; son grand âge le décida alors à abandonner ses fonctions 1. Le titre de conservateur honoraire lui fut accordé, et l'auteur de La dunciade, Charles Palissot de Montenoy 3, qui le suppléait depuis quelques années déjà, lui fut donné pour successeur.

Dès 1800, Leblond avait fait nommer conservateur Henri Coquille des Longchamps, ancien syndic général de l'Université, et, comme lui, originaire de Caen. A.-A. Barbier prétend que Coquille mourut administrateur de la Mazarine. C'est une erreur. Il décéda en janvier 1808, sans avoir eu jamais d'autre titre que celui de conservateur. Il est vrai qu'à ce moment, et encore six ans plus tard, il n'en existait pas d'autre. De 1800 à 1806, Leblond, Coquille et Palissot, placés dans cet ordre et tous trois qualifiés de conservateurs, formaient tout le personnel de la bibliothèque.

Le nom de Coquille ne figure ni dans le Moniteur, ni dans nos archives, où sont relatés des faits de moindre importance. J'y lis, qu'à la date du 4 messidor an XI, le caissier du ministère de l'Intérieur reçut de Palissot une somme de cent dix francs, « montant de la souscription faite par les personnes attachées à la bibliothèque, pour la construction d'un bateau plat destiné à la guerre contre l'Angleterre 3.

La salle établie par Lambert et Dorbay avait pris le nom de Colbert; ses fonctions d'exécuteur testamentaire, et plus encore l'influence dont il disposait, lui avaient valu cet honneur. Un hommage bien tardif fut enfin rendu à la mémoire de Naudé, véritable créateur de la bibliothèque, et le nouveau local fut appelé GALERIE NAUDÉ, nom qu'il conserva jusqu'en 1887 6.

1. En 1805.

2. Il mourut à Laigle, le 17 juin 1809.

3. « Palissot, vieillard souriant, revenu de la satire, se consola dans le voisinage de l'Institut, de ne pouvoir en être. » Sainte-Beuve, Portraits liltéraires, t. II, p. 468.

4. Examen critique et complément des dictionnaires historiques, p. 213. 5. Voy. A. Thiers, Histoire du consulat et de l'Empire, t. IV, p. 350. 6. Au cours de cette année, l'administrateur crut devoir modifier les dénominations existantes, qui n'étaient pas en harmonie avec les services rendus à la bibliothèque. Le nom de COLBERT, peut-être conservé à tort,

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