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une ordonnance du 26 décembre 1821 abrogea celle du 16 décembre 1819, et rétablit entre les deux établissements une entente cordiale qui n'a plus été troublée.

En dehors de ces querelles intestines, on trouve peu de faits à signaler durant cette période.

A l'occasion de la Fête-Dieu de 1816, Vaudoyer reçut l'ordre de faire tendre la façade et même l'entier pourtour des pavillons; «< la procession, lui écrit-on, doit pourtourner le palais dans toutes ses parties, et il est essentiel qu'il n'y ait aucune lacune dans la tenture des tapisseries. » Au milieu des comptes de 1821, je relève encore cette mention : « Deux flambeaux pour la FêteDieu, 16 fr. 80 cent. 2 » Le reposoir était élevé aux frais de l'Institut; en 1824, il coûta 42 francs 3.

En 1822, l'on rétablit la grille qui avait jadis existé entre les deux cours, et vingt-cinq clefs de cette grille furent distribuées

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Charles, Feuillet et Boulanger représentent ici la bibliothèque de l'Institut. Charles (Jacques-Alexandre-César), célèbre physicien, membre de l'académie des sciences, mourut en 1823. Feuillet (Laurent-François), membre libre de l'académie des sciences morales, mourut bibliothécaire en 1843, et eut Landresse pour successeur.

1. Elle commence en ces termes : « D'après les représentations qui nous ont été adressées par les trois académies des Sciences, des Inscriptions, des Beaux-Arts, et par les conservateurs de la bibliothèque Mazarine sur les difficultés qui s'opposent à l'exécution de notre ordonnance du 16 décembre 1819, concernant la réunion de la bibliothèque de l'Institut royal à la bibliothèque Mazarine........... » Dans Aucoc, p. 121.

L'Annuaire de l'Institut pour 1822 indique ainsi le personnel de la bibliothèque :

Charles, bibliothécaire, membre de l'Institut.

Feuillet, adjoint au bibliothécaire.

Boulanger, sous-bibliothécaire.

2. Archives de la bibliothèque.

3. Archives de l'Institut. Séance du 20 mai 1824.

à des personnes désignées par la commission administrative. L'Institut venait, en effet, de décider que le passage par le palais serait interdit au public. L'entrée donnant sur la rue Mazarine était désormais réservée d'une manière absolue aux seuls membres de l'Institut, et la grille ne restait ouverte que de neuf heures du matin à cinq heures du soir 1.

Au mois de juin de cette même année, avaité té créée la place d'inspecteur général des bibliothèques. Un traitement de huit mille francs y était attaché. Le premier titulaire fut un sieur His, << ancien chef de division adjoint au ministère de l'Intérieur 2. » A quoi devait-il cette haute position? Le jour même de l'exécution de Louis XVI, racontant dans un journal, Le républicain français, la mort du roi, il prêta à l'abbé Edgeworth ces mots qui faillirent devenir vérité historique : « Fils de saint Louis, montez au ciel! » Il possédait un autre titre encore. Quittant la plume pour l'épée, il était devenu aide de camp des généraux Dupont et Oudinot; après Marengo, il avait quitté l'armée avec le grade de chef d'escadron.

M. His considéra sans doute sa place d'inspecteur général comme une sinécure bien due à son mérite, car, en dehors de sa nomination, son nom ne figure pas une seule fois dans les archives de la bibliothèque.

J'ai dit que l'Almanach royal attribuait à celle-ci 150,000 volumes en 1821. Les portes restaient ouvertes de dix heures du matin à deux heures, et les vacances duraient du 15 août au 15 septembre. Le public estimait que l'on eût pu faire un peu plus pour lui, témoin ce passage d'un livre devenu rare : « Diable! ces messieurs se reposent bien longtemps, et les sciences languissent! Que voulez-vous, mon oncle, quand on travaille quatre heures par jour, on fatigue à la longue 3! » Ce service peu

1. Archives de l'Institut. Séances du 18 mars 1820, des 13 septembre, 25 octobre et 28 octobre 1822.

2. Archives de la bibliothèque.

3. Collin de Plancy, Voyages de Paul Béranger dans Paris, après vingt ans d'absence, t. I, p. 212.

compliqué coûtait à l'État, personnel et matériel compris, 35,000

francs par an.

Je relève, parmi les dépenses annuelles, la somme de soixante francs payée, comme aujourd'hui, pour le remontage et l'entretien des pendules, dont les cordes furent changées en 1823.

Parmi les privilégiés autorisés à emprunter des livres je trouve les noms suivants 1:

Girod de l'Ain.

Alexandre Lenoir.

C.-B. Haze.

L. Visconti.
Villemain.
Amaury Duval.
Vaudoyer.
De Pastoret.

J.-A. Letronne.

Maine de Biran.

A.-A. Barbier.
N.-L. Achaintre.

A. Beuchot.

J.-F. Boissonnade.

Moreau de Jonnès.

De Gérando.

G. Michaud.
Capefigue.

Il paraît que ces savants emprunteurs couraient un véritable danger quand le besoin de livres les attirait à la bibliothèque. L'escalier par lequel on y accédait menaçait ruine depuis longtemps, et le 5 octobre 1822, Petit-Radel écrivait au ministre que « la sûreté du public serait compromise » si l'on n'y portait remède aussitôt 2. Cet appel fut entendu. Dès le mois suivant, ordre était donné « de commencer les travaux dans les vingt-quatre heures, et de les exécuter avec la plus grande activité 3. » La bibliothèque dut d'abord être fermée; puis l'Institut autorisa le passage par son escalier, et l'on pénétra dans la salle par la grande baie qui fait communiquer les deux collections.

Le joli escalier actuel, construit par l'architecte Léon Biet sous la direction de Vaudoyer, fut terminé en 1824. L'on se préoccupa alors de donner à la bibliothèque une entrée vraiment digne d'elle, et l'on transforma en une porte monumentale l'étroite

1. Je ne reproduis ici aucun des noms que j'ai cités p. 224.

2. Archives de la bibliothèque.

3. Archives de la bibliothèque.

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ouverture dont on s'était jusque là contenté 1. L'on prit pour type la porte du prytanée d'Ancyre 2, et la copie fut exécutée au moyen de marbres provenant du musée des monuments français. Elle revint à 13,014 francs 3.

Petit-Radel eut encore la satisfaction de réunir à la bibliothèque cinq pièces situées à la suite de la galerie Naudé et éclairées sur les deux premières cours. Le 9 décembre 1824, la commission administrative de l'Institut convoqua l'administrateur de la Mazarine, pour régler de concert le partage de tous les bâtiments du palais. Après une courtoise discussion, il fut décidé que l'on demanderait au ministre de sanctionner les résolutions suivantes. La Mazarine obtenait «< tous les locaux exposés sur le quai, l'église exceptée. >> Ils devaient lui être livrés au fur et à mesure des vacances qui s'y produiraient. L'Institut s'attribuait le reste du monument. Toutefois, « les combles du corps de logis qui sépare la première cour de la seconde » devaient être partagés par moitié 4. C'est là que Petit-Radel fit classer les manuscrits et les incunables. Il obtint aussi du gouvernement le buste en marbre de Gabriel Naudé. Le vrai fondateur de la bibliothèque, placé aujourd'hui dans la grande galerie publique, se retrouve au milieu de la collection réunie par lui avec tant d'amour.

Une innovation, qui prouve que les meilleures intentions ne sont pas toujours récompensées, occupa ensuite l'actif administrateur de la Mazarine. Pendant son séjour en Italie, il avait vu employer dans les couvents, pour la restauration des reliures, un procédé qu'il voulut utiliser en France. Mais ce ne fut qu'en 1824, à la suite de très longues démarches qu'il vit son plan agréé par le ministre, et qu'il obtint les fonds nécessaires. Il ouvrit alors, dans la bibliothèque même, un atelier où il n'employa que les gardiens de l'établissement, dressés et formés par lui à ce travail.

1. Voy. ci-dessus, p. 177 et suiv.

2. Voy. Pitton de Tournefort, Relation d'un voyage au Levant, édit. de 1717, t. II, p. 446.

3. Archives du musée des monuments français, t. II, p. 245.

4. Archives de la bibliothèque.

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