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C'est ainsi que, de 1824 à 1835, sans le secours d'ouvriers du dehors, il a été restauré, outre les ouvrages de formats ordinaires, quinze cent quarante-deux volumes in-folio qui, << servant depuis l'origine de la bibliothèque, ne pouvaient plus être consultés, parce que les nervures étant rompues, les feuilles et les cartons se détachaient 1. » C'était parfait. Mais, quand l'ouvrage commença à manquer, l'on s'aperçut que les gardiens brisaient le dos des volumes, afin d'avoir à les réparer.

Jetons maintenant un coup d'œil sur le personnel. Une lettre de M. de Vaublanc, en date du 13 mars 1816, nous fournit l'état suivant:

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Quelques additions sont ici nécessaires.

M. Amar-Durivier 2 (Jean-Augustin), fécond et médiocre littérateur, avait fait ses études au collège de Montaigu, et était entré de bonne heure dans la congrégation de la Doctrine chrétienne. Il conserva la place de conservateur jusqu'à sa mort, arrivée en 1837.

Nous avons déjà rencontré 3 aussi M. l'abbé Dorimond de Féletz. Nous le retrouverons membre de l'Académie française et administrateur de la Mazarine.

1. Recherches sur les monuments cyclopéens, p. xij.

2. Voy. ci-dessus, p. 238 et 282..

3. Voy. ci-dessus, p. 282 et 284.

M. Osmond appartenait, je crois, à une ancienne famille, qui avait fourni à la France des généraux et des diplomates. Il était encore conservateur en 1827.

M. Montjoye ou Montjoie, ardent défenseur de la monarchie, avait fondé dès 1790 L'ami du roi; plus tard, il publia une foule d'ouvrages favorables à la même cause, entre autres une histoire de Marie-Antoinette, panégyrique dont les passions du moment assurèrent le succès. Le 27 janvier 1816, Vaublanc, ministre de l'Intérieur, écrivait à l'auteur: « J'ai appris que vous étiez à Paris dans une situation malheureuse. J'ai décidé qu'une somme de quatre cents francs vous serait payée sur les fonds de mon ministère. Je vous envoye cette gratification, et je vous prie de la recevoir comme un gage de mon estime et de l'intérêt que le gouvernement prend à votre sort 1. » Louis XVIII accorda, diton, à ce vieil apôtre du droit divin une pension de trois mille francs sur sa cassette particulière. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, le 5 mars 1816, il fut nommé conservateur à la Mazarine, avec un traitement de deux mille francs. Comme il n'y avait pas alors de place vacante, notre crédit fut augmenté de cette somme ?.

M. Montjoie n'en jouit pas longtemps. Il mourut le 4 avril, et eut pour successeur 3 l'abbé Roger-Henri de Dillon, qui, pendu en effigie durant la Révolution, puis disgracié sous l'Empire, semblait bien avoir mérité ce dédommagement.

L'abbé Dillon donna sa démission en 1824, et fut remplacé 4 par l'abbé Pignolet.

M. Thiébaut de Berneaud 5, d'abord militaire, puis employé au ministère de l'Intérieur, a publié de nombreux ouvrages relatifs à l'agriculture.

Le 5 avril 1816, l'abbé Aimé Guillon de Montléon avait été attaché à la bibliothèque. Il décéda au commencement de 1842,

1. Archives de la bibliothèque. 2. Archives de la bibliothèque.

3. Dès le 8.

4. Le 21 mai.

5. Voy. ci-dessus, p. 282 et 284.

avec le titre de conservateur et un traitement de trois mille francs dont il jouissait depuis 1839.

En ce qui concerne le sous-bibliothécaire de Tredern, nous

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M L'ABBÉ GUILLON, Conservateur de la Bibliothèque Mazarme, à Cares.

savons seulement qu'en 1817 il obtint un congé d'un an pour aller régler des affaires de famille à la Guadeloupe.

Il fut remplacé, en 1820, par le sieur Goujon, qui eut le titre de sous-bibliothécaire-économe. Ce brave homme, que j'ai encore connu, était sorti de l'école polytechnique. Il avait épousé la fille de Palissot et était neveu de Petit-Radel.

Enfin, vers 1824, la Mazarine obtint de prendre un copiste

destiné à activer le catalogue des ouvrages acquis par la bibliothèque depuis la Révolution. L'emploi fut confié à un jeune archiviste-paléographe nommé Landresse, qui touchait une indemnité de cent francs par mois. Il entra en 1833 comme auxiliaire à la bibliothèque de l'Institut, dont il mourut le bibliothécaire en 1863.

L'abbé Pignolet, devenu doyen des fonctionnaires de la bibliothèque, fut mis à la retraite en 1848.

Le gardien Poulain est celui qui exécuta, sous la direction de Petit-Radel la collection des monuments cyclopéens dont je parlerai plus loin. Il est mort en 1854.

Le portier Maslon avait un fils qui, en avril 1822, fut nommé <«< aide provisoire des gardiens-frotteurs. » Ce dernier appartenait encore à la bibliothèque, en 1856, quand j'y suis entré.

Disons à ce propos que la Restauration avait gratifié nos portiers et nos gardiens d'une livrée fort riche. Elle était constituée par une longue capote en drap bleu de roi, avec parements et collet de velours cramoisi', galons d'argent fin, boutons argentés. Il s'y ajoutait un gilet de drap cramoisi, et un chapeau «< à trois cornes à la Française, garni de ganses d'argent fin. » Chacun de ces chapeaux coûtait vingt-quatre francs 2.

III

DE 1830 A 1847

Serment prêté au nouveau régime. Les séances de la bibliothèque prolongées jusqu'à trois heures. - Protestation des employés de la Bibliothèque royale. Les canonicats littéraires. - Critiques de La

1. En soie pour les portiers.
2. Archives de la bibliothèque.

tribune contre l'organisation des bibliothèques publiques. — Les bibliothèques sont rattachées au ministère du Commerce, puis à celui de l'Instruction publique. - Réorganisation des bibliothèques. L'ordonnance de février 1839. Augmentation du personnel. - L'économe devient trésorier. Les fonctionnaires seront nommés par décret, les employés par arrêté. Nominations au choix et à l'ancienneté. Création d'un conseil d'administration et d'un comité d'achat. - Les ouvrages provenant du dépôt légal seront centralisés à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Les séances prolongées jusqu'à quatre heures. Vacances. Logements. - Budget. Estampilles des volumes depuis la fondation de la bibliothèque. — Modifications dans le personnel : MM. S. de Sacy, Naudet, Ph. Chasles, Sainte-Beuve. — Le logement et la cheminée de ce dernier. - État du personnel en 1847. - Nombre de volumes. Qu'était le public de la Mazarine.-L'Institut. Construction de deux salles destinées à ses séances particulières.

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Au mois de novembre 1830, tous les employés de la bibliothèque prêtèrent serment au nouveau régime entre les mains de l'administrateur, et le procès-verbal de cette formalité dut être transmis à M. de Montalivet, ministre de l'Intérieur.

Quelques jours plus tard, les quatre bibliothèques publiques de Paris furent invitées à prolonger la durée de leurs séances jusqu'à trois heures. Le rapport au roi 1 qui précède cette ordonnance (22 novembre 1830) mérite d'être tiré de l'oubli.

1

« Au moment, y est-il dit, où le gouvernement s'applique de toutes parts à répandre dans la société les inappréciables bienfaits de l'instruction, il est de mon devoir de vous proposer l'adoption d'une mesure éminemment propre à seconder ces généreuses intentions.

« Les bibliothèques publiques ne sont ouvertes que pendant un petit nombre d'heures. Il en résulte nécessairement pour ceux qui veulent y puiser des renseignements un défaut de suite dans leurs études, une interruption brusque dans leur travail. Depuis longtemps, on a demandé que ces bibliothèques

1. Il ne figure pas dans le Bulletin des lois, mais on le trouve dans le Moniteur du 24 novembre, p. 1537.

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