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fussent accessibles au public pendant une plus grande partie de la journée.

« D'un autre côté, les hommes laborieux qui sont chargés de veiller à la conservation de ces dépôts et d'en faciliter l'usage aux personnes qui les fréquentent, ont supplié instamment qu'on eût égard à la modicité de leurs traitemens, et qu'on ne les privât point de tout le temps qu'ils pourraient consacrer à leurs propres études.

« Ces réclamations sont justes, mais celles du public le sont encore davantage.

«En attendant donc que des règlemens nouveaux aient fixé plus convenablement le sort des conservateurs et employés attachés aux bibliothèques publiques, je n'hésite point à soumettre à la signature de Votre Majesté le projet d'ordonnance ci-joint.

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L'administration de la Bibliothèque royale crut devoir protester contre le passage relatif aux réclamations qu'auraient présentées au ministre les fonctionnaires des bibliothèques 1. Mais, d'autre part, dix-huit employés d'ordre inférieur écrivirent, le 6 décembre, au Moniteur, pour se plaindre du surcroît de travail que l'on allait exiger d'eux sans compensation. Le Moniteur n'inséra pas cette lettre, qui fut publiée par le Journal des Débats du 8 décembre.

Au reste, l'opinion publique et la presse, alors toutes deux fort écoutées, ne se montraient pas favorables aux plaintes de ce genre. C'est même vers cette époque que paraît avoir été créée la jolie expression de canonicats littéraires appliquée aux places. de conservateurs et de bibliothécaires. Un journal influent, La tribune, critiquant le budget de 1833 qui accordait un crédit de 111,000 francs pour les trois bibliothèques Mazarine, de l'Arsenal et Sainte-Geneviève, se faisait en ces termes l'écho de revendications devenues générales: « Les vingt employés ou garçons

1. Moniteur du 4 décembre 1830, p. 1611.

de ces établissements gagneraient leur argent, ou à peu près, s'ils étaient astreints à un service plus sérieux, c'est-à-dire qu'il n'y eût pas de vacances et que le public y fût reçu durant un temps suffisant. Quant aux vingt-trois bibliothécaires de toutes sortes1, il y en a quatre ou cinq qui font leur service, et on pense bien que ce sont les inférieurs. Si quelques-uns des autres paraissent de temps en temps dans les salles, c'est pour lire des journaux ou corriger des épreuves. Leurs éditions de classiques, souvent imprimées à l'Imprimerie royale, sont toujours facilement vendues. La presque totalité du budget des trois bibliothèques étant dévorée par ces honnêtes chanoines, il reste bien peu de chose pour acheter les livres utiles dont on devrait les pourvoir, aussi offrent-elles peu de ressources 2. »

Au mois d'avril 1831, les bibliothèques, depuis si longtemps dépendantes du ministère de l'Intérieur, avaient été rattachées à celui du Commerce et des Travaux publics, une ordonnance du 11 octobre 1832 les attribua définitivement au ministère de l'Instruction publique.

M. de Salvandy, qui occupait ce poste en 1839, tenta de donner satisfaction au public en même temps qu'au personnel des quatre grandes bibliothèques de Paris, et l'ordonnance du 22 février 1839 leur servit de charte pendant un demi-siècle.

Pour ce qui touche la Mazarine, la composition et le traitement du personnel étaient ainsi réglés 3.

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1. Bibliothécaires, bibliothécaires adjoints, sous-bibliothécaires.

2. No du 17 janvier 1833.

3. Articles 21 et 33.

La bibliothèque pouvait s'adjoindre encore deux surnuméraires non rétribués.

Le conservateur était chargé de l'administration 1.

L'ancien économe prenait le titre de secrétaire-trésorier 2.

Le conservateur et le conservateur adjoint étaient nommés par décret, les autres employés par arrêté 3.

La place de conservateur était toujours donnée au choix. Mais on réservait, sur deux vacances, une place de conservateur adjoint aux bibliothécaires, et une place de sous-bibliothécaire aux employés. Les surnuméraires, après trois ans de service, avaient droit à la moitié des places d'employés. Ces nominations étaient faites sur la présentation du conservateur.

Le conservateur, le conservateur adjoint et les trois bibliothécaires formaient un « conseil d'administration, » qui délibérait sur le règlement intérieur, la confection des catalogues, le service du prêt, les achats, échanges, etc. 5

Les bibliothécaires, sous-bibliothécaires et employés devaient être choisis « parmi les membres de l'Université, les littérateurs et savants connus par leurs travaux, et les élèves de l'école des chartes 6. >>

Il était «< institué, sous la présidence d'un délégué du ministère de l'Instruction publique, pour les trois bibliothèques Mazarine, Sainte-Geneviève et de l'Arsenal, afin de mettre dans les acquisitions de l'ensemble, un comité des achats de livres, composé des conservateurs et secrétaires-trésoriers des trois bibliothèques; l'inspecteur général des bibliothèques tenant la plume 7. »

1. Article 25. 2. Article 23. 3. Article 24.

4. Article 24.

5. Article 25.

6. Article 26. 7. Article 27.

Les bibliothèques devaient rester ouvertes tous les jours, de neuf heures du matin à quatre heures du soir, durant l'été au moins 1.

Les vacances de la bibliothèque Mazarine duraient du 1er août au 15 septembre; celles de l'Arsenal, du 15 septembre au 1er novembre; celles de Sainte-Geneviève, du 1er septembre au 15 octobre 2.

Le conservateur et le trésorier étaient seuls logés par l'État. L'inspecteur général devait s'en assurer 3.

L'expérience prouva que certaines dispositions de cette ordonnance étaient inapplicables. Tel fut, par exemple, le fonctionnement du comité d'achat, auquel on ne tarda pas à renoncer 4. Quant au conseil d'administration, il ne tint des séances régulières qu'à dater de 1850 et sur l'ordre réitéré du ministre. Enfin, la bibliothèque Mazarine continua à ouvrir ses portes de dix heures à trois heures seulement.

Pourtant, dès 1840, notre budget, qui était de 35,000 francs depuis 1833, avait été porté à 36,000 francs, et M. Guizot, ministre de l'Instruction publique, écrivait à Petit-Radel: « Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour que ce crédit soit maintenu tel qu'il est pour les années ultérieures 5. » Il resta, en effet, sans changement jusqu'en 1849, année où il fut réduit à 31,000 francs.

C'est de cette époque, je crois, que date l'adoption de la nouvelle estampille destinée à timbrer les volumes. Ils n'avaient commencé à en recevoir qu'après leur translation au collège. On

1. Article 31. 2. Article 32.

3. Article 35.

4. Une ordonnance du 27 mars 1828 avait centralisé à la bibliothèque Sainte-Geneviève tous les ouvrages provenant du dépôt légal. Le ministre de l'Intérieur devait, chaque année, les répartir entre les bibliothèques publiques (Bulletin des lois, année 1828, no 224). Je crois bien que jamais cette ordonnance ne reçut même un commencement d'exécution.

5. Archives de la bibliothèque.

fit alors graver quatre matrices en bois, qui existent encore, et dont les épreuves ne diffèrent guère que par la dimension attribuée à chaque format :

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Deux nouveaux modèles, gravés sur cuivre et destinés à tous les formats, les remplacèrent :

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Le premier fut fort peu employé. Le second a été, depuis quelques années, remplacé par un autre timbre, d'une exécution plus soignée, et qui reproduit comme les précédents les prin

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cipales pièces des armoiries de Mazarin : les faisceaux et la fasce chargée de trois étoiles sur fond d'azur.

Les estampilles primitives étaient toujours frappées en noir, les nouvelles l'ont été tantôt en bleu, tantôt en rouge.

Petit-Radel était mort en 1836 et avait été remplacé par l'abbé Dorimond de Féletz, à qui M. Silvestre de Sacy fut donné comme adjoint en 1840. Deux conservateurs qui ont laissé un nom estimé

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