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en littérature que pour exprimer ce sentiment vif, l'amour et le goût des bonnes et vieilles œuvres . » Et M. de Sacy écrit de son côté «< Assurément, je ne suis ni un grand critique ni un grand érudit; mais j'aime les lettres, je les aime avec passion; c'est un sentiment qui est né, pour ainsi dire, avec moi. Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je ne trouve pas un jour où la vue seule d'un bon livre, à plus forte raison sa lecture, ne m'ait ravi et transporté. Je ne pourrai jamais dire tout ce que ce goût des livres et des lettres a répandu de charme sur ma vie, quelle force j'y ai puisée contre le découragement et l'ennui. Dans les premières années de la monarchie de Juillet, dans ces années d'émeutes qui jetaient déjà une lueur si sombre sur l'avenir, je me rappelle encore avec quel plaisir le soir, enfermé dans mon humble chambre, j'ouvrais un volume des lettres de madame de Sévigné. C'est la première fois que je les ai lues tout entières. Peu à peu mon esprit se calmait; je ne sais quel sentiment de fraîcheur délicieuse s'insinuait jusqu'au fond de mon âme. Et vingt ans plus tard, dans les premiers mois qui suivirent la révolution de 1848, à la fin de ces longues soirées pendant lesquelles Paris semblait transformé en un immense forum, lorsque le dernier des trois clubs de l'Institut avait enfin fermé sa tribune, que j'étais heureux de me retrouver avec Horace ou Montaigne, et de passer une heure paisible avec eux 2! »

Placé à la tête d'une bibliothèque publique, l'homme qui écrivait ces lignes pouvait-il ne pas être le plus indulgent des administrateurs? On va en juger.

Au début de l'année 1875, chacun des fonctionnaires de la Mazarine avait été astreint à deux jours de service par semaine. Décision grave, prise par le conseil d'administration, et qui resta purement théorique; un tableau indiquant deux noms destinés à chaque séance fut bien dressé, mais c'est à cela que se borna la réforme. Le ministre l'apprit sans doute, car au mois d'avril 1877, il

1. Causeries du lundi, t. XIV, p. 181. 2. Variétés littéraires, préface, p. xvII.

exigea que chaque fonctionnaire fournît chaque semaine au moins trois jours de service, et un arrêté détermina même les jours attribués à chacun d'eux. Comme la vérité doit passer avant tout, je suis forcé de déclarer que, grâce à la complicité d'un administrateur débonnaire et attaché aux vieilles coutumes, celles-ci ne furent modifiées qu'en apparence. La réorganisation sérieuse et complète de l'établissement date seulement du décret rendu le 16 avril 1887. Toutefois, dès 1880, un arrêté avait prolongé jusqu'à cinq heures la durée des séances.

En 1872, les vacances furent fixées, d'une manière définitive, du 15 juillet au 1er septembre 1.

On peut encore citer, parmi les faits qui se rattachent à cette période, la création de la salle des périodiques et de l'escalier qui y conduit (1872).

La bibliothèque disposait en 1879 d'un crédit de 43,000 francs, ainsi réparti :

Personnel..

Matériel.

26,100 francs.
16,900

2

Un rapport officiel 3 adressé au ministre résumait ainsi le ser

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1. L'Arsenal devait fermer ses portes du 15 août au 1er octobre, SainteGeneviève du 1er septembre au 15 octobre.

2. Ce crédit fut porté à 45,000 francs en 1882 et à 46,600 francs en 1884. Il descendit à 42,600 francs en 1885 et à 41,600 francs en 1886. Il est aujourd'hui (1900) de 47,600 francs.

3. Je ne voudrais pas garantir la vérité absolue des chiffres qui y sont portés. Je crois cependant qu'on l'obtiendrait à peu près en divisant chacun d'eux par trois.

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M. de Sacy fut remplacé par M. Frédéric Baudry, éminent philologue qui mourut le 2 janvier 1885, après un règne paisible et court. L'auteur de ce volume lui succéda; entré à la bibliothèque en 1856 comme troisième surnuméraire, il avait passé par tous les grades et était devenu administrateur adjoint en 1879.

Les successeurs de l'abbé Hooke, démissionnaire en 1791, ont donc été :

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CHAPITRE V

DESCRIPTION DE LA BIBLIOTHÈQUE

La cour et l'entrée. Statistique. Les dix salles du rez-de-chausée. Premier étage. L'antichambre. Globe de Coronelli et bustes. -La salle Gabriel Naudé lustres, horloges, bustes, vases, meubles, etc. Le bureau et le catalogue. Le globe terrestre exécuté par ordre de Louis XVI. Les modèles de construction pélasgique. - Le cabinet de l'administrateur : cheminée, bustes, tableaux, vases, inscription ancienne. Deuxième étage. - Tableaux provenant de Versailles et aquarelles de Piranesi. - Troisième étage. La galerie Pierre Desmarais.

L'entrée de la bibliothèque Mazarine est située dans la première cour du palais de l'Institut, et son portail sert de pendant à celui de l'ancienne chapelle. Au-dessus d'un large perron de pierre, quatre pilastres cannelés, d'ordre corinthien, supportent un fronton où sont représentées les armes du cardinal Mazarin. Audessous, on lit cette inscription:

BIBLIOTHECA. A. FVNDATORE. MAZARINEA

En haut du perron s'ouvre un vestibule orné d'un buste de Lucius Verus en marbre blanc. A gauche, on aperçoit l'escalier qui conduit au premier. Vingt-trois bustes en marbre décorent son couronnement et garnissent les niches qui sont disposées sur chaque face.

Les amateurs de statistique me sauront gré de leur apprendre que, d'après les calculs faits en 1850 par M. Goujon, le doyen des bibliothécaires de la Mazarine, l'établissement comprenait alors:

62 pièces.
66 portes.

85 fenêtres.

1180 carreaux de vitres.

1325 mètres carrés de parquets, planchers ou carreaux.

Ces chiffres ont cessé d'être rigoureusement exacts, mais il ne m'a pas paru indispensable de procéder sur ce point à une nouvelle enquête.

REZ-DE-CHAUSSÉE

Il se compose de dix grandes salles, toutes consacrées aux imprimés, et qui se succèdent dans l'ordre suivant :

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Cette dernière salle est destinée aux périodiques, qui ne prennent place dans les rangs que lorsqu'ils ont cessé de paraître.

PREMIER ÉTAGE

A l'extrémité supérieure de l'escalier qui commence dans le vestibule du rez-de-chaussée, l'entrée de la bibliothèque est indiquée par le mot

BIBLIOTHECA

gravé sur marbre noir au-dessus de la première porte.

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