On pénètre dans une salle qui sert d'introduction à la galerie publique et qui est désignée par l'inscription suivante

ATRIVM COLBERTINVM

gravée sur marbre noir 1.

On a alors en face de soi la porte de la grande galerie. Elle est formée d'un chambranle en marbre rouge, semé au pourtour de rosaces en marbre blanc et couronné par une corniche posée sur deux consoles entre lesquelles on lit

MAZARINAEA 2

De chaque côté de la porte, deux bustes en terre cuite, représentant B. Franklin par Caffieri et Daubenton par Félix Lecomte, sont placés sur des gaînes en marbre. Un peu plus loin se voient deux tables demi-circulaires en bois doré, style Louis XVI, à dessus de marbre blanc. Chacune d'elle supporte un buste de bronze.

Le milieu de la pièce est occupé par un globe céleste, œuvre de Coronelli en 1693. Ce globe, qui mesure 3m 40 de circonférence, est entouré d'un méridien en cuivre et monté sur un pied en chêne sculpté.

Quand, de cette pièce, on entre dans la galerie publique, on a derrière soi l'entablement de la porte de marbre. Il est surmonté des armoiries de Mazarin au-dessous desquelles on lit

SALLE GABRIEL NAUDÉ

sur une plaque de marbre noir 3.

Le plan de cette salle présente deux carrés longs réunis en équerre. Ils sont décorés de cinquante-quatre colonnes cannelées d'ordre corinthien, qui supportent un balcon 4, dont le plancher inférieur est orné de faisceaux et d'autres emblèmes héraldiques tirés des armoiries du cardinal Mazarin.

1. Voy. ci-dessus, p. 178 et 279.

2. Voy. ci-dessus, p. 292.

3. Voy. ci-dessus, p. 279.

4. Voy. ci-dessus, p. 221.

La salle, éclairée par dix-huit fenêtres, a une longueur totale de 64m 40 1, sur une largeur de 8m 102 et 7m 58 de hauteur.

Les volumes sont disposés en trente-deux corps de tablettes recouvertes de peau et bordées de drap avec franges de soie. Un corps avancé formant pupitre règne tout autour de la salle. Dans le sens de la hauteur, les livres sont répartis sur onze rayons, six d'in-folio, trois d'in-4o et deux d'in-8°. Les sept rayons qui garnissent le balcon ne contiennent que des volumes de petit format 3.

Au plafond pendent six lustres en bronze doré. Deux d'entre eux sont de merveilleux spécimens du genre rocaille; les quatre autres, de style Louis XIV, ont été faits par Boule.

Chacun des trente-deux corps de tablettes est encadré par deux bustes reposant sur des gaines en marbre 4. D'autres objets d'art, très nombreux, concourent à la décoration de cette galerie. Parmi les bustes regardés comme antiques, en tout ou en partie, je citerai:

Quelques bustes modernes méritent aussi une mention :

MINERVE, bronze, provenant de l'abbaye Saint-Germain-desPrés 5.

MAZARIN, marbre, xvIe siècle, auteur inconnu.

1. Qui se divisent ainsi : 17" 80 pour la pièce en retour sur le quai, et 46m 60 pour la galerie proprement dite. Voy. ci-dessus, p. 214.

2. La pièce en retour sur le quai a 8m 55 de largeur.

3. D'abord au nombre de huit, ce qui ne donnait même plus accès aux in-octavo modernes, ils ont été récemment réduits à sept.

4. Voy. ci-dessus, p. 317.

5. Voy. Archives du musée des monuments français, t. II,

RICHELIEU, bronze, provenant de l'ancienne Sorbonne '.
GABRIEL NAUDÉ, marbre, par Raymond Gayrard.

PEIRESC, terre cuite, par Caffieri.

BUFFON, terre cuite, xvme siècle, auteur inconnu.

L'ABBÉ HOOKE, terre cuite, XIXe siècle, auteur inconnu.

PALISSOT, terre cuite, par Houdon.

PETIT-RADEL, marbre, par Elshoect.

D. DE FÉLETZ, marbre, par Raymond Gayrard.

S. DE SACY, marbre, par Victor Vilain.

Autres objets :

Grande table de porphyre, provenant de Saint-Sulpice 2.

Grande table de marbre vert de mer, provenant du château de Saint-Maur 3.

Grande table en marbre brèche violette, provenant de Saint-Sulpice +

Grande table de marbre blanc.

Deux buffets en acajou, style Louis XVI, signés J.-H. Riesener. Longueur, 1m 60.

Deux commodes en marqueterie d'écaille et de cuivre, faites par Boule. Longueur, 1m 30 5.

Grande pendule régulateur, style Louis XV, en marqueterie de bois de rose; signée: Benoist Gérard, à Paris 6. Hauteur, 2m 20.

Grande pendule régulateur, style Louis XIV, ébène et marqueterie d'écaille sur cuivre. Le coffre et la gaîne sont de Boule, le mouvement est signé Louis Ourry à Paris. Hauteur 2m 30.

Un grand vase en marbre. Hauteur 1m 05.

Deux vases Médicis, en marbre blanc.

Arion, terre cuite, attribuée à Clodion.

Écritoire en marbre, aux armes de France et de Condé, et qui passe pour avoir appartenu au vainqueur de Rocroi. Longueur 0m 42.

Le catalogue de la bibliothèque et le bureau des conservateurs occupent l'angle formé par le quai et la petite place Conti. On embrasse de là les deux parties de la galerie, ce qui permet d'y

1. Voy. Archives du musée des monuments français, t. II, p. 247.
2. Ibid., t. II, p.
248.

3. Ibid., t. II, p. 64.

4. Ibid., t. II, p. 247.

5. Voy. ci-dessus, p. 266.

6. Voy. ci-dessus, p. 266.

HIST. DE LA BIBLIOTHÈQUE Mazarine,

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exercer une surveillance continuelle. Ce bureau consistait autrefois en une table revêtue d'un tapis vert et placée au milieu du mur qui longe le quai Conti. La nouvelle installation a été créée par M. F. Baudry. Elle a nécessité la suppression d'un immense globe terrestre, dont l'histoire est assez curieuse 1.

1. Il fut entrepris vers 1784, par ordre de Louis XVI. On connaît la prédilection de ce souverain pour l'étude de la géographie. Il voulut laisser un monument qui pût rendre témoignage des découvertes faites dans cette science jusqu'à l'époque de son règne. Je rappelle que le giobe de Coronelli, aujourd'hui à la Bibliothèque nationale, a été dressé d'après les cartes de Sanson, et résume l'état de la géographie sous Louis XIV.

M. de Vergennes, alors ministre des affaires étrangères, fut chargé de prendre les mesures nécessaires pour la réalisation de ce projet.

On convint que le nouveau globe serait formé de lames de cuivre polies au tour. La partie géographique fut confiée à MM. Leclerc père et fils, Robert de Vaugondy et Buache; le dessin à Leymonnerye, et l'exécution mécanique à dom Bergevin. Il fut aussi arrêté que l'on décrirait les procédés dont il serait fait usage dans la construction, soit relativement à la fonte des grands cercles qui devaient être d'une seule pièce, soit relativement à l'application des fuseaux, à la nature des vernis et des peintures, et surtout au choix des sources géographiques.

Ce dernier travail seul a été rédigé. C'est un manuscrit in-quarto d'une très belle écriture et qui appartenait à la bibliothèque Mazarine. Le titre général ne porte que ces mots : Globe exécuté par ordre du Roy. L'introduction, de douze pages seulement, commence au feuillet suivant, et a pour titre Introduction à la description du globe terrestre de huit pieds de diamètre, exécuté par ordre du Roy, d'après le plan proposé à feu M. le comte de Vergennes, par M. Le Clerc, chevalier de l'ordre du Roy, membre de plusieurs académies. Vient enfin l'Indication des sources où l'on a puisé les connoissances géographiques dont on a fait usage sur le globe terrestre exécuté par l'ordre du Roy. Il résulte de ce travail que MM. Le Clerc ont utilisé l'ensemble des découvertes faites dans les dix-neuf voyages autour du monde qui avaient été accomplis à cette époque.

Voici les mesures exactes du globe, la plus belle pièce de ce genre qui existât en Europe :

Surface: 21 mètres carrés, 24 centim. carrés.
Volume: 9 mètres cubes, 203 décim. cubes.

Diamètre de l'équateur: 1 mètre 60 centim.

Circonférence : 8 mètres 17 centim.

Les mers sont peintes en bleu clair et les terres en jaune, les montagnes sont ombrées, tous les noms géographiques sont gravés sur le cuivre et incrustés de noir.

L'horizon pèse 740 kilogrammes, le méridien un peu moins. Lors de la fonte de ces cercles, quelques artistes avaient engagé le comte de Vergennes à ne pas les faire couler d'un seul jet. Le ministre hésita, puis finit par envoyer un contre-ordre, mais celui-ci arriva au moment même où l'opéra

Deux grandes tables couvertes par des tapis de drap sont à la disposition des lecteurs. La première, de forme ovale, mesure 4m 70 de long sur 2m 70 de large. La seconde a 12m 70 de longueur.

Au fond de la salle s'étend un grand buffet de chêne 1 divisé en deux corps, qui ont chacun cinq mètres de longueur sur 1m 90 de largeur. Les rayons qu'ils renferment supportent les volumes de la réserve. Le dessus, disposé en vitrines, a reçu les ouvrages les plus dignes d'être exposés, et sur la large arête qui les couronne sont placés les modèles de construction pélasgique dont j'ai déjà dit un mot 2.

Petit-Radel était en 1791 aumônier de l'hôpital du Saint-Esprit ; il refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé, et la municipalité le révoqua de ses fonctions. Il partit pour Rome le 3 octobre. Sur une lettre du cardinal de Larochefoucauld, M. de Bernis, notre ambassadeur, lui fit le plus cordial accueil, et Pie VI lui accorda bientôt deux modestes emplois, il le fit sous-bibliothécaire dans une abbaye de chanoines réguliers et directeur d'un jardin botanique. Petit-Radel entreprit alors de planter, d'après les méthodes comparées de Linnée et de Jussieu, les jardins du cardinal de Bernis et du duc Caetani; il lui fallut au moins un palmier, afin d'en marquer la classe, et l'on n'en connaissait à Rome pas un seul. Le duc l'engagea à explorer le mont Circé, où croissaient en grand nombre les arbres de cette espèce, et PetitRadel partit, en quête d'un chamærops humilis.

C'est au cours de cette excursion qu'il remarqua un monument dont la construction lui parut fort antérieure à la domination romaine. Il fit part de sa découverte à quelques archéologues, qui encouragèrent ses recherches. Il parcourut alors l'Italie dans

tion avait parfaitement réussi. Les signes du zodiaque sont exécutés en relief et du plus beau travail; les balustres sont également en cuivre. M. Baudry n'hésita pas à proposer en 1886 l'aliénation de ce chef-d'œuvre qui est aujourd'hui à l'Observatoire.

1. Voy. ci-dessus, p. 317.

2. Voy. ci-dessus, p. 281 et 315.