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étage. Un premier palier sert d'introduction à quatre pièces dont j'ai déjà parlé et qui furent réunies à la bibliothèque vers 1877 1. On y conserve les archives, les périodiques pendant l'année courante et les ouvrages publiés par livraisons. On remarque dans ces pièces neuf grandes aquarelles de Piranesi, et seize tableaux qui décoraient la salle de billard du roi à Versailles; ces derniers représentent des scènes militaires chinoises, et ont été exécutés sous la direction de C.-N. Cochin, le fils.

TROISIÈME ÉTAGE

La disposition de cet étage est fort compliquée. On y compte vingt et une pièces, outre la galerie Pierre Desmarais, qui renferme elle-même neuf divisions.

A l'extrémité de l'escalier, on rencontre à gauche un couloir sur lequel donnent quatre petites pièces consacrées seulement à des in-quarto et à des in-octavo.

De l'autre côté de l'escalier, on entre dans une antichambre. A droite est un petit cabinet où a pris place le Journal officiel depuis sa transformation en in-quarto (1871).

A gauche, quatre pièces abritent des volumes de tous les formats.

La porte qui fait face à l'entrée donne accès dans deux salles assez vastes, à la suite desquelles commence la galerie Pierre Desmarais.

J'ai déjà dit 2 que son exécution avait présenté de grandes difficultés. Le plafond de la galerie Naudé est soutenu par huit séries de tirants en fer qui, traversant la galerie Desmarais à des distances inégales, viennent s'attacher à la charpente du toit. L'architecte, forcé de subir ces divisions, dissimula les tirants entre deux rangées de tablettes qui, à droite et à gauche, laissent entre le mur et elles un espace d'un mètre environ. La galerie se trouva, dès lors, composée de neuf pièces, qui n'en forment réel

1. Voy. ci-dessus, p. 321. 2. Voy. ci-dessus, p. 277.

lement qu'une seule, car grâce aux baies ménagées aux côtés de chaque travée, on peut d'un coup d'œil embrasser l'ensemble.

Il fallut vaincre d'autres obstacles encore. La galerie, établie sous les toits, étant mansardée d'un bout à l'autre, on ne pouvait songer à placer des tablettes le long des murs. On les éleva sous l'aplomb de l'angle courant du plafond, et l'espace qui resta entre elles et la muraille étant assez grand pour permettre à une personne d'y entrer facilement, on calcula la largeur des tablettes de manière à pouvoir y déposer une autre rangée de livres, dont les dos se trouvèrent ainsi tournés du côté des fenêtres.

La galerie Pierre Desmarais est éclairée par neuf fenêtres et par autant de lucarnes percées sur le toit. Elle présente en largeur un développement de quarante-deux mètres et contient partout sept rangées de livres.

A la suite de cette galerie, et placées en retour se trouvent encore six salles assez vastes. La dernière a dix mètres de longueur. Sauf celle-ci, toutes prennent jour sur la grande cour de l'Institut, et elles communiquent entre elles par des baies sans portes.

APPENDICE

-

I. Fondation du collège (6 mars 1661). II. Lettres patentes portant règlement pour le collège (mars 1668). — III. Règlement intérieur du collège. IV. Local accordé à l'Institut dans les bâtiments du collège (20 mars 1805). V. Règlement de la bibliothèque (21 mars 1882).

I

FONDATION DU COLLÈGE 1

(6 mars 1661.)

PARDEVANT Nicolas le Vasseur et François le Fouïn, notaires gardenotes du Roy nostre sire au Chastelet de Paris, soussignez. Fut présent très Illustre et Éminentissime monseigneur Jules, cardinal Mazarini, duc de Nivernois et Donziois, Pair de France, estant de présent en son appartement, au chasteau de Vincennes.

1. Cette pièce a été publiée pour la première fois dans un volume qui est devenu à peu près introuvable et qui a pour titre : Recueil de la fondation du college Mazarini: Lettres patentes et arrests d'enregistrement; Concordat pour l'introduction des religieux réformez de la congrégation de Saint-Maur en l'abbaye de Saint-Michel en l'Herm; Bulles de cour de Rome de l'union de ladite abbaye audit collége Mazarini; Sentence de fulmination desdites bulles; acte d'aggrégation dudit collége à l'Université de Paris, et autres actes concernant ladite fondation. C'est, en effet, bien réellement un Recueil, car les différentes pièces qu'il contient ont été imprimées séparément, et ont chacune sa pagination distincte. Le texte que nous donnons ici est reproduit d'après l'exemplaire de la bibliothèque Mazarine. Cet exemplaire a appartenu autrefois à la bibliothèque de la Sorbonne, et est d'autant plus curieux que deux des pièces qu'il renferme portent des signatures autographes; celle de Simon Mariage, trésorier du collége des Quatre-Nations, et celle d'Égasse Duboulay, alors recteur de l'Université. On a enlevé le bas d'une page où figurait, selon toute apparence, une troisième signature.

Lequel a déclaré que depuis long-temps il avoit fait dessein d'employer en des œuvres de piété et de charité une somme considérable des grands biens qu'il a receûs de la divine bonté et de la magnificence du Roy, depuis qu'il a l'honneur d'estre employé aux plus importantes affaires de Sa Majesté.

Qu'afin de parvenir à l'exécution de ce dessein par une fondation qui pust estre à la gloire de Dieu et à l'avantage de l'Estat, il avoit fait de temps en temps un amas de deniers comptans, par des œconomies et des épargnes des effets à luy appartenans. Mais, qu'ayant connu par expérience qu'il estoit absolument nécessaire d'avoir un fonds assûré de réserve, pour subvenir aux incertitudes des événemens et aux occasions pressantes et inopinées, principalement durant une guerre trèsfâcheuse et contre de puissans ennemis; et son Éminence, sçachant que les finances du Roy n'estoient point en estat de donner un si prompt secours, a conservé ses épargnes pour en secourir le Roy, s'il en estoit besoin, et pour soûtenir et défendre la grandeur du Royaume, en cas de nécessité, les succès n'estant pas toûjours avantageux.

La guerre que Sa Majesté avoit trouvée ouverte lors de son avénement à la Couronne ayant esté terminée par une paix glorieuse, qui est entièrement deûë à la bonté divine, aux victoires des armes du Roy, à la piété de Sa Majesté et à la tendresse qu'Elle a pour ses peuples. Ayant plû à Sa Majesté de donner part de ce grand ouvrage à son Éminence, qui y a employé tout ce qui estoit en son pouvoir; mondit Seigneur, ne croyant plus que Sa Majesté puisse estre pressée d'aucuns mauvais accidens, et pouvant mesme soulager notablement ses peuples, à quoy elle a déjà travaillé par des retranchemens de dépense de son Estat, au moyen de cette paix générale qui produit un calme si heureux à toute la chrestienté, estime qu'il peut faire maintenant l'employ de ses deniers, suivant ses premiers desseins de piété et de charité.

Comme il a toûjours ses pensées attachées aux reconnoissances qu'il doit au Roy, et à ce qui peut produire un plus grand bien et un plus grand honneur au Royaume, il a proposé à Sa Majesté le dessein qu'il avoit d'établir de ses effets un collége et une académie pour l'instruction des enfans qui auroient pris naissance à Pignerolles, son territoire et aux vallées y jointes; aux provinces d'Alsace, et aux païs d'Allemagne contigus; en Flandres, en Artois, en Hainault et en Luxembourg; en Roussillon, en Conflans, et en Sardaigne, en ce qui en est réduit sous l'obeïssance du Roy par le traité fait à Munster le 24 octobre 1648 et par celuy de la paix générale, fait en l'isle appelée des Faisans, le 7 novembre 1659'.

1. Ils sont plus connus aujourd'hui sous les noms de Traité de Westphalie et Traité des Pyrénées.

Que comme toutes ces provinces sont nouvellement venues ou retournées sous la puissance du Roy, il estoit à propos de les y conserver par les moyens les plus convenables. Qu'on pouvoit les affermir et les lier au service de Sa Majesté, en établissant dans la ville de Paris, qui est la capitale du royaume et le séjour ordinaire des rois très-chrétiens, un collége et une académie, pour y nourrir, élever, et instruire gratuitement des gentilshommes et des enfans des principaux bourgeois des villes des nations cy-dessus. Qu'on pouvoit aussi leur apprendre les véritables sentimens du christianisme, la pureté de la religion, la conduite des mœurs et les règles de la discipline, n'y ayant point de lieu où toutes ces choses soient avec tant d'avantages que dans ce royaume. Que pendant ces instructions, ceux des nations cy-dessus connoistront ce qui est nécessaire à leur salut, aux sciences et à la police, et combien il est avantageux d'estre soûmis à un si grand roy. Que ceux qui auroient ainsi pris leur éducation en France porteroient ce qu'ils y auroient appris au païs de leur naissance, quand ils y retourneroient, et que par leurs exemples ils y en pourroient attirer d'autres, pour venir recevoir successivement les mesmes instructions et les pareils sentimens. Qu'enfin toutes ces provinces deviendroient françoises par leur propre inclination, aussi-bien qu'elles le sont maintenant par la domination de Sa Majesté. A quoy mondit seigneur le cardinal duc, par l'affection qu'il a eûë au lieu de sa naissance, vouloit joindre les Italiens de l'Estat ecclésiastique, pour les obliger de plus en plus à continuer leur zèle au service de la France.

Le Roy ayant fait paroistre qu'il agréoit fort ce dessein, et que les deniers des épargnes de son Éminence y fussent plûtost employez que non pas à toutes autres choses; ayant aussi Sa Majesté approuvé la résolution qu'a prise son Éminence de joindre audit college la bibliothèque des livres dont il a fait l'amas depuis plusieurs années, de tout ce qui a esté trouvé de plus rare et de plus curieux, tant en France qu'en tous les païs étrangers, où il a souvent envoyé des personnes très-capables pour en faire la recherche, afin d'en faire une bibliothèque publique, pour la commodité et pour la satisfaction des gens de lettres; son Éminence ayant mesme pris le dessein d'élire sa sépulture au collége des Nations cy-dessus: Mondit seigneur cardinal duc a fondé et fonde par ces présentes, sous le bon plaisir de Sa Majesté, un collége et une académie sous le nom et titre de Mazarini. C'est à sçavoir : Le collége de soixante écoliers, qui seront des enfans des gentilshommes ou des principaux bourgeois de Pignerolles, son territoire et les vallées y jointes, et de l'Estat ecclésiastique en Italie; des provinces d'Alsace,

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